Elle s’observait dans la glace, apitoyée. Pas parce qu’elle se sentait laide, non. Elle se sentait sale, souillure immonde lancée sur le miroir. Une abomination qui, à cette instant, prenait pleinement conscience de sa nature. Les gouttes d’eau qui ruisselaient encore sur sa peau diaphane n’avait pas suffit à nettoyer cet être larmoyant. Comme une myriade de diamants, ils attiraient le regard sur ce corps captif, faisant de lui une scène sur laquelle dansaient les rayons pourtant timide du soleil. Boule à facettes humaines, elle sentait toujours ces regards là sur elle. Ceux dont elle se serait bien passée. Son fléaux, son mal. D’aucun la trouverait hautaine, prétentieuse et bien chanceuse. Pourtant ce matin, une fois encore, ce fût ce qui brisa son âme.
Hier, elle avait encore fauté. Encore perdu la bataille. Venue en son domaine, sainte de blanc vêtue, virginale, elle était repartie démone ici-bas. Elle avait encore été le noyau dur d’une soirée volubile, teintée de non-dit hurlés aux visages d’ivresse des danseurs. Elle sentait encore la chaleur de leurs bouches lorsqu’elle tentait de déchiffrer leurs babillages d’enfants. Elle avait encore fait graviter autour d’elle toute une population guidée par une sombre curiosité. Des êtres dont pour la plupart, elle était incapable de ce souvenir le visage, englué dans la masse floue qu’était désormais cette soirée. Des poussières d’astres en perpétuelle mouvement, prête pour l’insolation.
Elle ne l’avait pas touché. Ses lèvres ce matin abîmées n’avait pas touché les siennes mais pourtant, elle s’en sentait d’autant plus salie. Il avait captivé son attention, son regard brillait d’une netteté
sereine au milieu de ce brouillard. Elle lui avait offert une vague de mot, une poignée de sourires. Elle avait rit, trinqué, dansé. Elle avait louvoyer en mer hostile, guidée d’un phare au chatoiement de bougie.
Mais aujourd’hui, elle voulait se couper les cheveux, se casser les dents, se crever les yeux, s’arracher les seins. Peut-être alors, ne la verrait-on plus. Elle se dégouttait de ne pas écœurer les autres. Elle haïssait les jalousie qu’elle engendrait. D’autant plus la sienne. Il était là, guide et bourreau. Toujours.
Pute, fille facile, qui jamais ne pouvait s’empêcher de danser. Maladie humaine, de l’âme comme du corps. Instinct futile qui mène nos pas sur des rythmes artificiels. Elle n’avait pas pu s’empêcher de danser. Elle ne pourrait pas s’empêcher de danser. Jamais.
Malgré ses mains encore tremblante de la cuite de la veille, elle enfila un pull et alla se servir un verre.
« A la bien pensance le mal vivre. Qui êtes vous pour oser me dire qui je suis ? Je refuse de sentir sur ma peau la moiteur de vos regards, d’entendre au creux de mon oreille le chuchotis de vos règles.
D’avis sur tout, responsables de rien.
Étourdis par votre incompréhension, vous ne laissez a personne le droit à l’erreur. Sauf a vous.
Salope, voilà qui je suis !
Celle qui, au creux de ses bras, à porter le fardeau de tant d’autre avant moi. Je ne vous en veux pas, non. Qui serai-je pour juger ceux dont je refuse les avis ?
Vos âmes sont lustrées à la javel par le cri mécanique de vos chaînes d’infos, blanchies à la soude amère qui inonde les fils de vos réseaux et colore les gazouillis de vos #mensonges. Vous ne parvenez plus à affronter vos pairs en face, vos voisins sur le pallier. Vous ne parvenez plus à parler à vos supposées moitiés, à vos haïs collègues, à papy largué à l’EHPAD.
Comme les chiens enragés, vos défenses ne sont qu’attaques.
Sachez que la poésie dont peut-être faite vos mots sort d’une bouche qui, le matin, sent aussi mauvais que celle de n’importe qui d’autre. Vous pourrez toujours décaper vos peaux à coup de gels douches Ushuaïa, vous ne pourrait jamais cacher l’odeur de souffre dégagée par vos crasseuses pensées et vos idées reçues en fermentations continue dans vos cerveaux étriqués.
Vous n’êtes qu’humains.
Douloureux à lire ça, non ?
Vos jalousies vous font si grincer des dents que je ne parvient plus à discerner vos mots. Votre hypocrisie nourrit votre inconscience.
Vos salades de pois-chiches au yuzu vous dégouttent et pourtant, c’est ce que vous vous forcez à ingurgiter alors que vos mains se balade sur le clavier de votre téléphone, commentant la photo d’une mannequin grande taille. Adulant une mannequin grande taille. Capable de s’affamer pour n’avoir jamais à lire ce genre de commentaire sous l’une de vos propre photos.
Déviants, mes amours, mes frères, sont ceux qui se fondent dans vos idéaux.
Vous même n’y parviendrait jamais. »
Elle tachait d’encre ses doigts, tachait de larmes le papier. Elle était seule sans jamais l’être. Hurler ses démons, cracher sa haine au grès du vent, à quoi bon ?
Parole d’orage tombe souvent dans l’oreille d’un sourd. Un sourd qui, bien attentif, en fera son affaire.
Qu’il en soit ainsi.
Hier, elle avait encore fauté. Encore perdu la bataille. Venue en son domaine, sainte de blanc vêtue, virginale, elle était repartie démone ici-bas. Elle avait encore été le noyau dur d’une soirée volubile, teintée de non-dit hurlés aux visages d’ivresse des danseurs. Elle sentait encore la chaleur de leurs bouches lorsqu’elle tentait de déchiffrer leurs babillages d’enfants. Elle avait encore fait graviter autour d’elle toute une population guidée par une sombre curiosité. Des êtres dont pour la plupart, elle était incapable de ce souvenir le visage, englué dans la masse floue qu’était désormais cette soirée. Des poussières d’astres en perpétuelle mouvement, prête pour l’insolation.
Elle ne l’avait pas touché. Ses lèvres ce matin abîmées n’avait pas touché les siennes mais pourtant, elle s’en sentait d’autant plus salie. Il avait captivé son attention, son regard brillait d’une netteté
sereine au milieu de ce brouillard. Elle lui avait offert une vague de mot, une poignée de sourires. Elle avait rit, trinqué, dansé. Elle avait louvoyer en mer hostile, guidée d’un phare au chatoiement de bougie.
Mais aujourd’hui, elle voulait se couper les cheveux, se casser les dents, se crever les yeux, s’arracher les seins. Peut-être alors, ne la verrait-on plus. Elle se dégouttait de ne pas écœurer les autres. Elle haïssait les jalousie qu’elle engendrait. D’autant plus la sienne. Il était là, guide et bourreau. Toujours.
Pute, fille facile, qui jamais ne pouvait s’empêcher de danser. Maladie humaine, de l’âme comme du corps. Instinct futile qui mène nos pas sur des rythmes artificiels. Elle n’avait pas pu s’empêcher de danser. Elle ne pourrait pas s’empêcher de danser. Jamais.
Malgré ses mains encore tremblante de la cuite de la veille, elle enfila un pull et alla se servir un verre.
« A la bien pensance le mal vivre. Qui êtes vous pour oser me dire qui je suis ? Je refuse de sentir sur ma peau la moiteur de vos regards, d’entendre au creux de mon oreille le chuchotis de vos règles.
D’avis sur tout, responsables de rien.
Étourdis par votre incompréhension, vous ne laissez a personne le droit à l’erreur. Sauf a vous.
Salope, voilà qui je suis !
Celle qui, au creux de ses bras, à porter le fardeau de tant d’autre avant moi. Je ne vous en veux pas, non. Qui serai-je pour juger ceux dont je refuse les avis ?
Vos âmes sont lustrées à la javel par le cri mécanique de vos chaînes d’infos, blanchies à la soude amère qui inonde les fils de vos réseaux et colore les gazouillis de vos #mensonges. Vous ne parvenez plus à affronter vos pairs en face, vos voisins sur le pallier. Vous ne parvenez plus à parler à vos supposées moitiés, à vos haïs collègues, à papy largué à l’EHPAD.
Comme les chiens enragés, vos défenses ne sont qu’attaques.
Sachez que la poésie dont peut-être faite vos mots sort d’une bouche qui, le matin, sent aussi mauvais que celle de n’importe qui d’autre. Vous pourrez toujours décaper vos peaux à coup de gels douches Ushuaïa, vous ne pourrait jamais cacher l’odeur de souffre dégagée par vos crasseuses pensées et vos idées reçues en fermentations continue dans vos cerveaux étriqués.
Vous n’êtes qu’humains.
Douloureux à lire ça, non ?
Vos jalousies vous font si grincer des dents que je ne parvient plus à discerner vos mots. Votre hypocrisie nourrit votre inconscience.
Vos salades de pois-chiches au yuzu vous dégouttent et pourtant, c’est ce que vous vous forcez à ingurgiter alors que vos mains se balade sur le clavier de votre téléphone, commentant la photo d’une mannequin grande taille. Adulant une mannequin grande taille. Capable de s’affamer pour n’avoir jamais à lire ce genre de commentaire sous l’une de vos propre photos.
Déviants, mes amours, mes frères, sont ceux qui se fondent dans vos idéaux.
Vous même n’y parviendrait jamais. »
Elle tachait d’encre ses doigts, tachait de larmes le papier. Elle était seule sans jamais l’être. Hurler ses démons, cracher sa haine au grès du vent, à quoi bon ?
Parole d’orage tombe souvent dans l’oreille d’un sourd. Un sourd qui, bien attentif, en fera son affaire.
Qu’il en soit ainsi.