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Histoires Jeunesse - 11-14 Ans (Cycle 4)
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L'éclat de la lune étirait l'ombre de Lyssa sur les pierres pâles de la cathédrale en ruine. Elle s'accroupit dans l'obscurité des arches et des gargouilles, afin de ne pas attirer l'attention. Il suffisait qu'un badaud l'aperçoive et sonne l'alerte pour que sa mission tombe à l'eau. Sans bruit, elle se glissa le long d'une étroite corniche pour atteindre la tour voisine. Elle s'élança contre la paroi et entreprit son ascension. Heureusement, la cathédrale offrait tout un tas de fioritures architecturales sur lesquelles prendre appui : des fleurs sculptées en passant par les statues des Dieux Tempêtes dont elle agrippa un pied, puis un nez. Bientôt, elle atteignit son objectif : un immense vitrail en partie brisé. Elle s'y adossa un instant pour reprendre son souffle.
— Tu es sûr que quelqu'un de fortuné vit ici, Lyssa ?
Faviollo avait collé son œil au verre coloré, afin de regarder à l'intérieur. Une partie de son visage avait disparu à travers la surface. Rien de bien étonnant pour un fantôme !
— D'après les informations de la guilde, le type aurait amassé un bon gros trésor et, aujourd'hui, nous allons le soulager de quelques pièces, dit Lyssa. C'est la dernière épreuve pour atteindre le rang de voleur d'élite. Fini les bourses percées et les petits truandages... Cette fois-ci, on passe aux choses sérieuses !
Une moue dubitative apparut sur le visage translucide de son ami.
— Mouais... cet endroit a l'air quand même vachement décrépit pour abriter un riche bourgeois.
— Ce n'est sans doute qu'une façade. Pas de risque de se faire voler, si on donne l'impression de ne rien avoir.
Sans plus discuter, Lyssa se faufila dans l'espace cassé du vitrail. Faviollo la suivit par le même chemin. Il oubliait souvent sa nature immatérielle, prenant ainsi des détours compliqués au lieu de simplement traverser les murs.
Aussi agile qu'un écureuil, Lyssa se laissa glisser jusqu'au sol. Des éclats de verre crissèrent sous ses semelles. Le silence était très pesant, comme si quelque chose de sacré imprégnait encore les ruines de la cathédrale.
Son cœur sauta un battement lorsqu'elle aperçut l'immense silhouette qui se dressait au fond de l'abside. Son sursaut ne passa pas inaperçu aux yeux de Faviollo qui éclata de rire.
— Alors, Lyssa ? On a peur du Dieu Monde ?
La statue colossale étirait ses neuf bras dans toutes les directions, celui du milieu soutenant un cœur.
— Je trouve cette cathédrale beaucoup trop extravagante, fit la jeune fille pour se redonner un peu de contenance. J'espère que ce n'est pas ça, le trésor qu'il nous faut ramener, lança Lyssa en pointant la statue du doigt, parce que ça ne tiendra jamais dans mon sac.
Sa frayeur passée, elle prit le temps d'examiner un peu plus les lieux. Le bâtiment était désert, abandonné depuis longtemps. Elle en fit rapidement le tour, mais elle dut rapidement se rendre à l'évidence. Il n'y avait rien de précieux à voler ici.
— Tu ne penses pas que la guilde aurait pu t'envoyer sur une fausse piste ? hasarda Faviollo en flottant auprès d'elle. Le titre de voleur d'élite est le plus prestigieux qu'il soit. La compétition pour l'obtenir est rude. Je n'ai moi-même jamais réussi à l'atteindre de mon vivant. Peut-être est-ce une ruse pour éliminer la concurrence.
Lyssa grimaça.
— Peut-être, soupira-t-elle. Attends ! Tu as remarqué ?
Elle posa sa main sur le sol dallé.
— C'est chaud ! dit-elle. Je suis sûr qu'il y a quelque chose en dessous !
Elle observa autour d'elle.
— Si j'étais un riche mégalo, où est-ce que je cacherais l'entrée d'un passage secret ?
Son regard s'arrêta sur l'immense statue. Oui. Évidemment. Elle accourut au pied de celle-ci et entreprit de tâtonner chaque renflement de pierre. Elle sentit sa main s'enfoncer, et l'écho d'un clac sonore retentit dans la cathédrale. Lentement, une dalle coulissa, révélant une volée de marches. Faviollo siffla, impressionné.
— Bravo ! Tu m'épates, Lyssa. Une vraie voleuse d'élite !
Lyssa ne put retenir un sourire.
Elle s'engouffra dans l'escalier, son ami sur les talons. À mesure de la descente, elle sentit l'air s'alourdir et se charger d'un parfum de soufre. Bientôt, elle suait à grosses gouttes.
— C'est moi ou on étouffe ici ? dit Faviollo. Et puis – pardonnez vos chastes oreilles, ma chère Lyssa – mais ça sent sacrément le vieux prout...
— Chut ! lui intima Lyssa. J'entends quelque chose...
C'était comme le grondement lointain du tonnerre, ou le ressac de l'océan. Alors qu'elle posait le pied sur les pavés qui succédaient à l'escalier, un tintement se fit entendre. Elle venait de faire rouler sous son pied une pièce au bel éclat doré. Elle releva la tête. L'escalier débouchait sur une large crypte, remplie de trésors. À nouveau, elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Mais sa joie fut de courte durée. Un énorme dragon se tenait devant elle.
Les paupières de la bête s'ouvrirent sur d'immenses yeux verts, et ses pupilles fendues se braquèrent sur les deux intrus. Un grondement sortit de sa gorge.
— Je l'avais bien dit, fit Faviollo en se cachant inutilement derrière elle. Il s'agissait bien d'un piège.
Lyssa sentit la colère monter en elle. Elle détestait quand il avait raison.
Le dragon ouvrit la gueule. Des étincelles crépitaient sur sa langue. Lyssa écarta les bras. :
— Dragon ! Toi qui aimes les trésors, je connais un endroit qui en regorge ! Épargne-nous et je te guiderai jusque-là.
Le dragon pencha la tête. Réfléchit.
— Ton offre m'intéresse. Parle, petite, gronda-t-il.
Lyssa sourit.
— La guilde des voleurs, tu connais ?
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Illustration : Mathilde Ernst