Tu es dureté
D'un soleil brûlant qui darde ses rayons
Du pierrier ingrat qui résiste à la houe
De ce regard de haine trempé dans la misère

Tu es beauté
Comme le rouge et le rose des hibiscus et des lauriers
Comme ces rires qui éclatent à l'orée des colères
Comme le chant des paysans qui luttent avec leur terre
Comme les mornes lorsque l'aube les peint en bleu
Beauté encore que ces marchés chatoyants
Où la rumeur et les cris s'assemblent aux couleurs

Tu es douleur
Des voix des femmes qui bercent leur tristesse
De la terre arrachée aux flancs des mornes
Et qui s'en va à jamais perdue pour les hommes
Douleur d'un peuple pour qui la faim et l'injustice
Sont le pain quotidien

Tu es douceur
Des ciels cuivrés qui se mirent dans les rizières endormies
Douceur des plages qui s'étendent alanguies
Et rêvent à l'ombre des cocoyers
Douceur des nuits étoilées où la mélodie flûtée des anolis
Anoblit l'accordement sonore des grillons
Douceur infinie des fruits sucrés qui éteignent l'amertume.

Haïti, abattue, vibrante, arc-en-ciel des espérances.