« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. »
Telles sont les primitives pensées que mon petit cerveau avait réussi à élaborer. Je ne sais pas si c'est le cas pour les autres fœtus mais moi juste après que mon cerveau se soit formé, les kyrielles d'événements antérieurs au développement de mon système nerveux envahirent ma tête.
Instantanément les réminiscences des multiples pérégrinations que j'eus subies jusqu'à ce stade se pointèrent; Notamment le jour où j'ai largué mes autres copains spermatozoïdes en leur promettant d'aller vérifier si notre moitié éventuelle à tous, l'ovule, était présente pour ensuite leur faire le compte rendu. Mais je ne suis jamais revenu. Ingénieux, n'est-ce pas ? Eh oui j'aurais fait un bon politicien.
Après avoir fusionné avec mon âme sœur, les nombreuses scissions subies m'amenèrent à m'accoler à une partie de ma maman. Les jours passèrent, puis un jour je sentis des pulsations juste en dessous de ma tête. Mon coeur commença à battre. Un effarement me percuta aussi impétueusement que confortablement. Sur mon horloge biologique c'était marqué 21e jour.
Quelques temps après ce fût au tour de mes membres de faire leurs apparitions. Mes yeux, mes oreilles et ma bouche avec un peu de réserve emboitèrent le pas. Je n'avais jamais vu le visage de maman mais je sentais au fond de moi que je lui ressemblais.
Vu que la plupart de mes organes s'étaient mis en place, je décidai de signaler à ma maman que l'être magnifique que j'étais, grandissais dans son ventre. Comme un hobereau dans son univers bucolique, j'étendis mes petits bras pour toucher la paroi de son ventre. Il s'en suivit une longue série de vomissements. Après quelques tests, maman fût consciente qu'elle me portât en son sein. Ce jour-là, elle pleura beaucoup. Je ne saurais dire si c'était de joie ou de tristesse. Mon cerveau encore immature était incapable de faire ce genre de discernement.
L'horloge fœtale marquait 90e jour. La circulation materno-fœtale, reliant maman et moi, ne tarda pas à se mettre en place faisant ainsi vibrer l'orchestre philharmonique de mon cœur. Maman et moi avions déjà commencé à partager des moments mémorables qui sont emprisonnés dans les geôles spirituelles de mon âme. Tout ce qui lui donnait du sourire, me procurait aussi de la joie. Son amertume était mienne. Ma faim était sienne. Elle aimait beaucoup écouter de la musique Gospel. Je m'en délectais également. Nous étions tellement connectés que j'entendais tout ce qu'elle disait et qu'on lui disait. Et ses sourires immaculement lumineux me positionnaient dans une telle rectitude démesurée qu'ils dissipaient l'écheveau de ma petite vie, bien qu'ils étaient rares.
Un jour alors que j'étais endormi et recroquevillé dans mon sac amniotique, de violents bruits vinrent perturber mon sommeil. Maman se disputait avec quelqu'un. Elle le rabroua affirmant qu'elle ne voulait pas de lui ce soir-là parce qu'elle était enceinte. L'interlocuteur lascif de maman sembla ne pas considérer l'information. Il s'approcha d'elle. Une forte odeur s'immisca dans mon placenta puis dans mes petites narines. Des relents d'alcool. Maman avait dit: « Tu pues l'alcool. Va prendre un bain, il faut qu'on parle de la grossesse». Avec l'insistance de maman, l'individu se rendit compte du sérieux de l'information. Les discussions continuèrent jusqu'à ce que l'individu lâche subitement : « Je ne suis pas prêt pour être parent et toi non plus. Renonce à la grossesse, sinon je ne la reconnaîtrai pas. Si tu t'entètes, c'est à tes risques et périls. Avorte!»
Je n'avais pas compris véritablement le sens de ce qu'il venait de dire mais le ton avec lequel il l'avait énoncé et l'effet ineffablement désagréable, que déclenchèrent ces propos en maman puis en moi, me permirent de cerner la vilenie de l'interlocuteur de maman. Ses paroles provoquèrent en mon jeune cerveau des troubles impétueux et une pléthore de dysfonctionnements psychologiques.
Après sa dispute, maman pleura beaucoup. Elle soliloqua pendant de longues heures. En vrai elle ne parla pas seule puisque j'écoutais ce qu'elle disait: «Mon bébé, je ne sais pas si tu m'entends. Toi l'être commensal qui grandit en moi en ce moment, rien qu'à imaginer l' intelligence que tu as sûrement héritée de ta défunte grand-mère, je tressaillis tant tu pourrais nous blêmir ton père et moi tellement nous sommes de gros inconscients. Pardonne-moi mais je ne te mérite pas.»
Ses propos d'une mélancolie inénarrable bercèrent mon âme et je m'en dormis.
Il fit nuit et je dormis. Mais, pourtant je pensai, comment se fût-il ?
Soudain de violentes secousses pertubèrent mon sommeil, mon amnios changea de couleur. Je douillai terriblement. Une substance étrangère tentait de me décoller de maman. Je résistai. Je m'agrippai à maman. Mon cœur battit à tout rompre. Je me débattis durant de longues minutes. J'avais réussi à résister à la substance incongrue.
Le temps de reprendre mes forces, un objet métallique s'empara de mes jambes frêles. La peur m'envahit de nouveau. Je criai à maman qu'un quidam voulait m'éloigner d'elle mais elle ne réagissait pas. L'objet métallique continua à détruire mon havre de douceur. Je ressentais les pleurs de maman mais elle ne faisait rien pour empêcher l'objet métallique. Continuellement le métal déversa son venin scélérat, m'extirpant de la paroi utérine de maman pour que je tombasse en pâmoison et trucidé.
Ce jour-là maman n'a rien fait pour me sauver des abysses de la mort. Ainsi donc je ne verrai jamais la lumière qui se trouve de l'autre côté de son ventre.
Si un jour vous croisez ma maman dites-lui qu'elle est la seule personne qui s'est rangée avec méticulosité dans le panthéon de mon esprit. J'aurais aimé vivre à ses côtés mais hélas ! Signé son fœtus qui ne naîtra jamais.
Telles sont les primitives pensées que mon petit cerveau avait réussi à élaborer. Je ne sais pas si c'est le cas pour les autres fœtus mais moi juste après que mon cerveau se soit formé, les kyrielles d'événements antérieurs au développement de mon système nerveux envahirent ma tête.
Instantanément les réminiscences des multiples pérégrinations que j'eus subies jusqu'à ce stade se pointèrent; Notamment le jour où j'ai largué mes autres copains spermatozoïdes en leur promettant d'aller vérifier si notre moitié éventuelle à tous, l'ovule, était présente pour ensuite leur faire le compte rendu. Mais je ne suis jamais revenu. Ingénieux, n'est-ce pas ? Eh oui j'aurais fait un bon politicien.
Après avoir fusionné avec mon âme sœur, les nombreuses scissions subies m'amenèrent à m'accoler à une partie de ma maman. Les jours passèrent, puis un jour je sentis des pulsations juste en dessous de ma tête. Mon coeur commença à battre. Un effarement me percuta aussi impétueusement que confortablement. Sur mon horloge biologique c'était marqué 21e jour.
Quelques temps après ce fût au tour de mes membres de faire leurs apparitions. Mes yeux, mes oreilles et ma bouche avec un peu de réserve emboitèrent le pas. Je n'avais jamais vu le visage de maman mais je sentais au fond de moi que je lui ressemblais.
Vu que la plupart de mes organes s'étaient mis en place, je décidai de signaler à ma maman que l'être magnifique que j'étais, grandissais dans son ventre. Comme un hobereau dans son univers bucolique, j'étendis mes petits bras pour toucher la paroi de son ventre. Il s'en suivit une longue série de vomissements. Après quelques tests, maman fût consciente qu'elle me portât en son sein. Ce jour-là, elle pleura beaucoup. Je ne saurais dire si c'était de joie ou de tristesse. Mon cerveau encore immature était incapable de faire ce genre de discernement.
L'horloge fœtale marquait 90e jour. La circulation materno-fœtale, reliant maman et moi, ne tarda pas à se mettre en place faisant ainsi vibrer l'orchestre philharmonique de mon cœur. Maman et moi avions déjà commencé à partager des moments mémorables qui sont emprisonnés dans les geôles spirituelles de mon âme. Tout ce qui lui donnait du sourire, me procurait aussi de la joie. Son amertume était mienne. Ma faim était sienne. Elle aimait beaucoup écouter de la musique Gospel. Je m'en délectais également. Nous étions tellement connectés que j'entendais tout ce qu'elle disait et qu'on lui disait. Et ses sourires immaculement lumineux me positionnaient dans une telle rectitude démesurée qu'ils dissipaient l'écheveau de ma petite vie, bien qu'ils étaient rares.
Un jour alors que j'étais endormi et recroquevillé dans mon sac amniotique, de violents bruits vinrent perturber mon sommeil. Maman se disputait avec quelqu'un. Elle le rabroua affirmant qu'elle ne voulait pas de lui ce soir-là parce qu'elle était enceinte. L'interlocuteur lascif de maman sembla ne pas considérer l'information. Il s'approcha d'elle. Une forte odeur s'immisca dans mon placenta puis dans mes petites narines. Des relents d'alcool. Maman avait dit: « Tu pues l'alcool. Va prendre un bain, il faut qu'on parle de la grossesse». Avec l'insistance de maman, l'individu se rendit compte du sérieux de l'information. Les discussions continuèrent jusqu'à ce que l'individu lâche subitement : « Je ne suis pas prêt pour être parent et toi non plus. Renonce à la grossesse, sinon je ne la reconnaîtrai pas. Si tu t'entètes, c'est à tes risques et périls. Avorte!»
Je n'avais pas compris véritablement le sens de ce qu'il venait de dire mais le ton avec lequel il l'avait énoncé et l'effet ineffablement désagréable, que déclenchèrent ces propos en maman puis en moi, me permirent de cerner la vilenie de l'interlocuteur de maman. Ses paroles provoquèrent en mon jeune cerveau des troubles impétueux et une pléthore de dysfonctionnements psychologiques.
Après sa dispute, maman pleura beaucoup. Elle soliloqua pendant de longues heures. En vrai elle ne parla pas seule puisque j'écoutais ce qu'elle disait: «Mon bébé, je ne sais pas si tu m'entends. Toi l'être commensal qui grandit en moi en ce moment, rien qu'à imaginer l' intelligence que tu as sûrement héritée de ta défunte grand-mère, je tressaillis tant tu pourrais nous blêmir ton père et moi tellement nous sommes de gros inconscients. Pardonne-moi mais je ne te mérite pas.»
Ses propos d'une mélancolie inénarrable bercèrent mon âme et je m'en dormis.
Il fit nuit et je dormis. Mais, pourtant je pensai, comment se fût-il ?
Soudain de violentes secousses pertubèrent mon sommeil, mon amnios changea de couleur. Je douillai terriblement. Une substance étrangère tentait de me décoller de maman. Je résistai. Je m'agrippai à maman. Mon cœur battit à tout rompre. Je me débattis durant de longues minutes. J'avais réussi à résister à la substance incongrue.
Le temps de reprendre mes forces, un objet métallique s'empara de mes jambes frêles. La peur m'envahit de nouveau. Je criai à maman qu'un quidam voulait m'éloigner d'elle mais elle ne réagissait pas. L'objet métallique continua à détruire mon havre de douceur. Je ressentais les pleurs de maman mais elle ne faisait rien pour empêcher l'objet métallique. Continuellement le métal déversa son venin scélérat, m'extirpant de la paroi utérine de maman pour que je tombasse en pâmoison et trucidé.
Ce jour-là maman n'a rien fait pour me sauver des abysses de la mort. Ainsi donc je ne verrai jamais la lumière qui se trouve de l'autre côté de son ventre.
Si un jour vous croisez ma maman dites-lui qu'elle est la seule personne qui s'est rangée avec méticulosité dans le panthéon de mon esprit. J'aurais aimé vivre à ses côtés mais hélas ! Signé son fœtus qui ne naîtra jamais.