Dans ma petite ville de banlieue, il n'y avait rien ! Pas de piscine l'été pour se rafraîchir avec les copines, pas de jolis magasins de vêtements, de chaussures ou de parfums pour faire du lèche-vitrine avec des amies des heures durant. Et de toute façon, je n'avais pas d'amies !
Timide et introvertie, à seize ans, je me trouvais moche et manquais d'assurance . Je pensais alors que jamais un garçon ne me regarderait et que ma vie était foutue !
Un matin, le directeur du centre équestre voisin se présenta au lycée de filles de la ville. Il s'appelait Monsieur Gautier et il proposa une heure d'équitation par semaine pour un prix minime à un petit groupe d'élèves.
Nos parents n'étaient pas très riches et pour certaines d'entre nous, ce fut une véritable aubaine !
Emballées par cette proposition nous nous sommes retrouvées, quinze filles surexcitées, dans les écuries du centre hippique. A partir de là, ma vie a changé.
Nos instructeurs d'équitation étaient rudes, exigeants et l'apprentissage viril ! Il faut dire que nous étions formées par des militaires ! Chaque erreur était sanctionnée par des remarques sèches et sans concession. Aussi, petit à petit, le groupe s'est délité et à la fin de l'année nous n'étions plus que trois dans le manège.
A la rentrée suivante, nous nous sommes retrouvées, et nous avons décidé de former un nouveau groupe. Nous étions seulement huit mais Monsieur Gautier nous a acceptées sans augmenter les prix. Sous son air rugueux il avait un cœur d'or !
Très motivées, nous avons appris sous sa férule, à tenir correctement nos rênes dans nos mains et nos pieds dans les étriers. Chacun de nos doigts sur les rênes avait son propre rôle à jouer pour communiquer avec notre monture afin d'avancer, accélérer, tourner à droite ou à gauche. « Tout est un jeu des doigts, des jambes et de l'ensemble du corps. »
Nous avons été initiées à l'art du trot assis comme les cow-boys et du trot enlevé comme le réussissent si bien les Anglais. Notre instructeur était intransigeant sur la posture : « Dos droit, tête haute et regard loin ! » Le lendemain tous nos muscles étaient douloureux et le simple fait de s'asseoir sur le banc de bois de la classe nous arrachait une grimace. Mais nous n'y attachions pas d'importance, c'était le prix à payer !
Nous avons appris également le galop. Cela a été l'occasion de chutes mémorables dans le manège sous l'œil sévère et attentif de l'instructeur ! Il nous expliquait froidement que « c'est en tombant qu'on apprend à monter et il faut tomber soixante dix sept fois avant de savoir monter » ! Autant dire que nous n'étions pas au bout de nos peines !
C'est au prix de chutes spectaculaires que nous avons acquis de la souplesse et de la dextérité. Un cheval évalue rapidement les capacités de son cavalier et s'il décèle sur son dos un novice craintif et peu sûr de lui, alors taquin et espiègle, il est capable de petites ruades suivies d'un démarrage foudroyant et d'un arrêt intempestif qui enverra son partenaire finir lourdement sa promenade dans le sable du manège. Sitôt sur le sol, le nez dans le sable mêlé de copeaux de bois, il fallait se remettre en selle tout de suite et repartir sans rechigner aussi dignement que possible ! Pour toute consolation notre instructeur nous expliquait qu'après une chute il fallait remonter immédiatement sinon nous ne le ferions jamais ! Ainsi avons-nous développé de la persévérance, appris à serrer les dents après un échec sans se décourager.
Mais nous avons aussi découvert qu'un cheval fait tout pour éviter de blesser avec un de ses sabots son cavalier au sol. Nous avons souvent vécu de près cette expérience lors d' entraînements à franchir des obstacles lorsque mécontent ou apeuré par la hauteur de la barre en bois notre monture refusait de sauter. Il s'en suivait, pour le cavalier, un beau vol plané et la promesse de quelques ecchymoses le lendemain.
Avec mon petit groupe d'amis, nous avons pratiqué ce sport pendant sept ans et l'amour des chevaux et de l'équitation s'est transformé avec le temps en passion. Cela occupait toutes nos pensées et notre temps libre. Chaque dimanche, nous allions encourager nos amis qui participaient à des concours de sauts d'obstacles. Dans la semaine, au centre équestre, nous traînions devant les stalles pour caresser le doux museau des chevaux ou flatter leur encolure de la main. Parfois nous participions à la distribution de la nourriture ou aidions à bouchonner un dos et brosser une crinière.
Ayant pris de l'expérience et de l'assurance nous avons pu partir par groupes de deux ou trois dans le parc naturel attenant au centre hippique. Nous étions aptes à maîtriser notre cheval, nos corps s' étaient tonifiés, aguerris et nous sortions, qu'il pleuve, neige ou vente. Et c'est en toute liberté que nous avons trotté sous les frondaisons, galopé follement dans les chemins creux mais aussi marché tranquillement au rythme du pas de notre cheval, profitant de la nature et de l'air pur.
Après le baccalauréat, notre petit groupe s'est séparé. Certains quittaient la région pour continuer leurs études ailleurs, d'autres se mettaient en couple et n'avaient que peu de temps à consacrer aux loisirs mais cette période a ensoleillé notre jeunesse avec des souvenirs d'amitié, de rires et d'instants de vrai bonheur. Quant au nom du cheval avec lequel nous avons pu établir une belle relation de confiance, aucun de nous l'a oublié. Ma jument s'appelait « Flicka » !
Timide et introvertie, à seize ans, je me trouvais moche et manquais d'assurance . Je pensais alors que jamais un garçon ne me regarderait et que ma vie était foutue !
Un matin, le directeur du centre équestre voisin se présenta au lycée de filles de la ville. Il s'appelait Monsieur Gautier et il proposa une heure d'équitation par semaine pour un prix minime à un petit groupe d'élèves.
Nos parents n'étaient pas très riches et pour certaines d'entre nous, ce fut une véritable aubaine !
Emballées par cette proposition nous nous sommes retrouvées, quinze filles surexcitées, dans les écuries du centre hippique. A partir de là, ma vie a changé.
Nos instructeurs d'équitation étaient rudes, exigeants et l'apprentissage viril ! Il faut dire que nous étions formées par des militaires ! Chaque erreur était sanctionnée par des remarques sèches et sans concession. Aussi, petit à petit, le groupe s'est délité et à la fin de l'année nous n'étions plus que trois dans le manège.
A la rentrée suivante, nous nous sommes retrouvées, et nous avons décidé de former un nouveau groupe. Nous étions seulement huit mais Monsieur Gautier nous a acceptées sans augmenter les prix. Sous son air rugueux il avait un cœur d'or !
Très motivées, nous avons appris sous sa férule, à tenir correctement nos rênes dans nos mains et nos pieds dans les étriers. Chacun de nos doigts sur les rênes avait son propre rôle à jouer pour communiquer avec notre monture afin d'avancer, accélérer, tourner à droite ou à gauche. « Tout est un jeu des doigts, des jambes et de l'ensemble du corps. »
Nous avons été initiées à l'art du trot assis comme les cow-boys et du trot enlevé comme le réussissent si bien les Anglais. Notre instructeur était intransigeant sur la posture : « Dos droit, tête haute et regard loin ! » Le lendemain tous nos muscles étaient douloureux et le simple fait de s'asseoir sur le banc de bois de la classe nous arrachait une grimace. Mais nous n'y attachions pas d'importance, c'était le prix à payer !
Nous avons appris également le galop. Cela a été l'occasion de chutes mémorables dans le manège sous l'œil sévère et attentif de l'instructeur ! Il nous expliquait froidement que « c'est en tombant qu'on apprend à monter et il faut tomber soixante dix sept fois avant de savoir monter » ! Autant dire que nous n'étions pas au bout de nos peines !
C'est au prix de chutes spectaculaires que nous avons acquis de la souplesse et de la dextérité. Un cheval évalue rapidement les capacités de son cavalier et s'il décèle sur son dos un novice craintif et peu sûr de lui, alors taquin et espiègle, il est capable de petites ruades suivies d'un démarrage foudroyant et d'un arrêt intempestif qui enverra son partenaire finir lourdement sa promenade dans le sable du manège. Sitôt sur le sol, le nez dans le sable mêlé de copeaux de bois, il fallait se remettre en selle tout de suite et repartir sans rechigner aussi dignement que possible ! Pour toute consolation notre instructeur nous expliquait qu'après une chute il fallait remonter immédiatement sinon nous ne le ferions jamais ! Ainsi avons-nous développé de la persévérance, appris à serrer les dents après un échec sans se décourager.
Mais nous avons aussi découvert qu'un cheval fait tout pour éviter de blesser avec un de ses sabots son cavalier au sol. Nous avons souvent vécu de près cette expérience lors d' entraînements à franchir des obstacles lorsque mécontent ou apeuré par la hauteur de la barre en bois notre monture refusait de sauter. Il s'en suivait, pour le cavalier, un beau vol plané et la promesse de quelques ecchymoses le lendemain.
Avec mon petit groupe d'amis, nous avons pratiqué ce sport pendant sept ans et l'amour des chevaux et de l'équitation s'est transformé avec le temps en passion. Cela occupait toutes nos pensées et notre temps libre. Chaque dimanche, nous allions encourager nos amis qui participaient à des concours de sauts d'obstacles. Dans la semaine, au centre équestre, nous traînions devant les stalles pour caresser le doux museau des chevaux ou flatter leur encolure de la main. Parfois nous participions à la distribution de la nourriture ou aidions à bouchonner un dos et brosser une crinière.
Ayant pris de l'expérience et de l'assurance nous avons pu partir par groupes de deux ou trois dans le parc naturel attenant au centre hippique. Nous étions aptes à maîtriser notre cheval, nos corps s' étaient tonifiés, aguerris et nous sortions, qu'il pleuve, neige ou vente. Et c'est en toute liberté que nous avons trotté sous les frondaisons, galopé follement dans les chemins creux mais aussi marché tranquillement au rythme du pas de notre cheval, profitant de la nature et de l'air pur.
Après le baccalauréat, notre petit groupe s'est séparé. Certains quittaient la région pour continuer leurs études ailleurs, d'autres se mettaient en couple et n'avaient que peu de temps à consacrer aux loisirs mais cette période a ensoleillé notre jeunesse avec des souvenirs d'amitié, de rires et d'instants de vrai bonheur. Quant au nom du cheval avec lequel nous avons pu établir une belle relation de confiance, aucun de nous l'a oublié. Ma jument s'appelait « Flicka » !