Fauve destin

Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité que des journaux écrivirent des articles sur ce drame inespéré qui survint, il eut de cela un mois à Bissau après la découverte de ces corps noirs près des côtes de l'Archipel des Bijagos. Leurs corps raides et sans vie planaient sur l'océan et tournoyaient avec les vagues qui houlaient continûment. Ils avaient déploré cet incident supposant que cet évènement était dû à un naufrage. Le plus triste ce jour-là était l'affliction et la déception de ces mères tenant entre les bras le cadavre de leur fils. A Caheu, les activités les moins rentables se résumaient aux travaux champêtres. Vingt euros la semaine, pas de quoi payer le nécessaire pour subsister. Après nos études secondaires, nous entreprîmes de prendre par l'océan pour mieux décider de nos avenirs. Les terres de nos aïeuls devenaient de moins en moins généreuses. C'est du moins ce qu'on pensait. Plusieurs parmi nous voulait soit rejoindre l'Espagne ; soit l'Italie. J'avais fait le champ deux années successivement. Je devais rassembler un peu d'argent pour survivre en métropole au moins pendant six mois. Je servis d'intermédiaire entre notre passeur et mes autres camarades en raison de mon niveau d'instruction. Mes parents nourrissaient tellement l'espoir qu'après ma licence, je pourrais assurer le bien-être de la famille. Mais ils se trompaient. Quand je ressasse tous ces souvenirs aussi triste et épuisant depuis le noir de ma cellule, je me sens harassé. Cahier d'un retour au pays natal, Dans le ventre de l'atlantique ; je n'étais évertué à lire ces œuvres des heures durant mon parcours académiques. Je voulais me cultiver, oui savoir si ces grands auteurs savaient vraiment à quel point, leurs écrits pouvaient altérer le point de vue du peuple noir sur ces pays d'immigration. N'est-ce pas le propre de ces œuvres ? Ma mère était contre cette idée ; je me souvins l'avoir rassuré. Mes confrères et moi anxieux et très impatients s'entendirent pour poursuivre nos rêves au périple de nos vies.
Jeudi 17 juin, nous nous rendîmes dans un vieux bungalow prêt de la côte vers le littoral pour un dernier briefing avec nos passeurs. Notre peur était tout simplement distinct. C'était le moment et le lieu de toutes les décisions, après quoi, il ne restait que la porte du non-retour.  L'intérieur de la pièce baignait dans une  infirme clarté.il y avait six visages ce soir-là. Six autres devraient nous rejoindre plus tard en pleine mer ; des inconnus sans doute. Assis sur les planches disposées au sol, nous entamâmes une jeune discussion qu'il nous tenait d'avoir.
-Vous ne pensez pas qu'ils tardent à venir ?
-Tu devrais apprendre à cultiver la patience Antoine, ils seront là d'une minute à l'autre répondit Yacoub 
-Je vois que tu es bien éduqué mon frère, je suis persuadé que tu seras très vite riche en France. Dit le plus vieux de la bande 
-Écoute le vieux, tu devrais arrêter de rêver, nous savons tous ce qui nous attend là-bas. Je ne suis pas venir ici pour me faire un film. Fulminait Serge d'un ton hautain   
-HA fit-il en ricanant 
-Alors qu'est-ce que tu fais ici, si rêver ne fais pas partir de ton vocabulaire.
-Vous oubliez une chose les amis ! Reprit serge
-Quoi d'après toi répondit l'homme à l'hystérie démesuré
-Vous oubliez que ici nous n'avons aucune chance de nous en sortir, tenez moi par exemple je me suis fait renvoyé de mon travail parceque j'avais surpris mon patron et sa secrétaire en plein acte. Je savais que c'était cuit pour moi. Ensuite je me suis fait arrêter parceque je réclamais un bien qui m'appartenait d'une manière un peu extra
-Tu veux dire impolie répondit Calèl se moquant  
-Absolument pas, à l'évidence cette terre ne veux pas de moi, voilà pourquoi il faut que je parte
-Ta situation n'est pas plus pire que la nôtre inh. Je suis ingénieur mécanique affirma Calèl d'un air convaincu
-Tu veux dire que tu répares les vieilles motos gâtées. C'est bien ça ? Questionna Antoine 
-Ça c'est être mécanicien pas ingénieur en méca je ne sais quoi, ne viens pas nous mentir ici. T'as au moins un diplôme d'ingénierie ? fit remarquer Calèl  
-Non.... Répliqua-t-il éhonté 
-Tu vois t'es qu'un imposteur HA AA disait –il tout en se moquant 
-Et toi le silencieux tu ne dis rien, peut être que tu ne veux pas partir finalement. Reprit-il autrement 
-Fiche lui la paix, on n'est pas tous obligé de dire ce qui nous faire fuir le pays. Répondit le vieux 
-Visiblement vous ignorez ce qui nous attend, nous devons nous soutenir, vous comprenez...une fois dans ce foutu bateaux on devra compter les uns sur les autres. Il faut que vous compreniez ça
-Arrêtes donc de dramatiser le vieux, nous avons bien revu le plan avec les passeurs rien de mal ne va arriver 
-Je vous aurai prévenu...
La lune était montée très haut dans le ciel. On adulait la beauté des astres et la multitude halos qui parachevait le décor de ce beau tableau suspendu au-dessus de nos têtes. Un vent froid et parfumé  dispersait çà et là sa fragrance que j'eu un fou plaisir à humer. La pièce vit entrer de nouveau arrivant ; quatre en tout et une jeune femme. Ce n'était plus anodin de voir une femme allé vers son périple, personnellement je trouvais cela outre mesure. Leur entré fit réveillé ceux qui s'étaient assoupi en raison du froid et de la fatigue. Les yeux rougis, les paupières alourdies, la chemisette débraillée, ils eurent du mal à reconnaitre les nouveaux venus. Moi en revanche je les connaissais tous, seulement de nom et de profession. C'était nos passeurs. Je me levai, marchant à leur rencontre mais ils s'installaient déjà. Alors je fis incontinent :
-A salamaleykoum dis-je les mains joints et en abaissant légèrement la tête 
-Maleykoumsalah fit-il en cœur 
-Vous êtes prêt ? Il est l'heure de partir. Mais avant ça, je veux voir le reste de l'argent que vous me devez.
Chacun de nous s'empressa de fouiller son sac pour y prendre le reste des sous que l'on devait débourser pour assurer la liaison entre les passeurs. En tous ils étaient quatre à le faire. Nous avions donc payé chacun soixante euros soit près de quarante mille franc pour avoir le droit de participer à ce périple. Je remis le reste de l'argent avec hésitation.
-Bien vous connaissez déjà les règles, donc vous devez bien vous tenir sinon c'est la mort assuré. Compris ? demanda t'il
Nous répondîmes chacun à nos manières avec un air quelques peu certain.
-Oui j'oubliais, la dame que vous voyez là va vous accompagnez et ces trois autres frères. 
-je m'appelle Anaïs. fit la jeune dame.
-Quoi qu'est-ce que tu racontes le vieux ; s'adressant au passeur 
-je te rappelle qu'on a payé pour que six personnes montent dans la pirogue et que fais-tu ? Tu ramènes tous ce monde-là, t'a perdu la tête ou quoi ? Criai Antoine l'ai crispé 
-Petit apprends à parler à tes ainés, m'as-tu compris fit le sage 
-Toi tu viens plus, et plus d'argent à reprendre, trop impoli. Disait le passeur le pointant du doigt.
-ça va mal se terminer pour toi le vieillard, si je n'entre pas dans cette pirogue, je reprends mon argent cash sinon c'est ton corps sans vie qui va quitter la berge. Menaça-t-il sans retenu
-Toi crois que je suis faible, toi mal me connaitre, allons y 
Il nous fit dos puis marcha en direction de la sortir avec hardiesse. J'eu remarqué qu'il avait mis la main dans son sacoche y sortant quelque chose. Il se retourna ardemment vers nous et nous pointa une arme au nez.
-J'ai dit que toi tu ne viens pas, donc tu restes ici, fit il en agitant son arme.
-arrête-moi si tu peux. Dit-il en s'avançant vers lui
En un seul instant, un son bruyant et terrifiant résonna et tous se mirent à fuir. Antoine et moi avions été touchés. Il agonisait et criait de douleur. Tous les autres s'étaient évaporés. L'idée de m'enfuir me traversait aussi l'esprit mais le voyant pleuré de douleur et implorant mon aide, je posai ma main sur son torse afin de contenir son sang jusqu'à l'arrivée des secours.   
 
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