-Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux.
Jusqu'à présent je continue de faire le deuil du décès de ta chère mère, et toi tu te confines dans ta chambre pour me faire un coup bas aussi atroce?
C'est injuste Sèlômè! Rassure-moi que cette tonne de pillules dans tes mains n'est pas destinée à ce à quoi je pense.
Dis-moi, qu'est-ce qui te tourmente autant et tu ne peux te confier à moi ton père pour que je puisse t'épauler?
Ah ne dis rien je vois déjà!
Dis-moi, t'a-t-il obligé à faire cela?
-Non papa, j'avais juste peur.
-Peur de quoi ou de qui? Je vais te raconter une anecdote, quand j'aurai fini tu me diras si c'est ton ultime recours:
«C'était un jeune homme fils aîné de ses parents. Habillé fraîchement de 17 ans d'âge, il perdit sa chère mère un mercredi matin dans les locaux d'un cabinet pédiatrique où elle emmenait Homèvônon le fils benjamin de la famille pour des soins alors que ce dernier n'avait que 2 ans. Les analyses médicales furent révélatrices d'un AVC orchestré par une hypertension de dernier degré. La pauvre dame épuisait toute son énergie pour panser les blessures que lui laissa un infâme divorce. Noukpo le jeune aîné avait dès lors entamé le rôle de frère baby-sitteur quelques fois encouragé par des visites de leur père, un homme d'affaire résidant à Dakar depuis 7 ans plus tôt.
À 22 ans, il devint majeur et plus mature. Étudiant en Maintenance Réseaux, il arrivait à jumeler son rôle d'apprenant et celui de jeune parent. Garçon charmant et sympathique capable de s'entendre avec n'importe qui, il était apprécié de tous grâce à sa simplicité.
Un certain soir, pendant que l'ascenseur du soleil perdait son altitude vers l'occident, les deux frères en compagnie de Hontongnon, la meilleure amie de l'aîné, revenèrent d'une randonnée pédestre qui s'échoua dans la rue de leur maison. Y étaient installés de jeunes gens assis sur des tabourets. Ce sont des amis du quartier ayant pour habitude de se la raconter certains soirs. En ce moment là, s'avançait de l'autre côté de la périphérique une silhouette qu'on pouvait à peine portraire. C'était l'une des plus belles filles du quartier. Plus elle s'avançait, plus la troupe attisait un feu de commentaires à son sujet. Naturellement de teint claire et d'une taille moyenne elle présentait une posture debout de miss couronnée d'une beauté divine. Alors Gbêdan le chef de la bande mi ironiquement Noukpo en défi d'aborder la jeune demoiselle qui n'arrêtait pas sa course en leur direction. Remarquant que son interlocuteur ne réagissait guère à sa provocation, Gbêdan amplifia cette sale vanne. Son insistance incita ses autres acolytes à s'y impliquer; c'était ainsi Noukpo, pour les faire taire une fois pour toute, promit de relever le défi. Il conjugua l'admiration et tous ces mots sordides et rejoignit Akoba la passante qui venait juste de les saluer. Il prit une vingtaine de minutes à s'entretenir avec cette dernière loin des regards du groupe.
Comme le dit un Dahoméen: «c'est au bout de l'ancienne corde qu'on tisse la nouvelle.» Noukpo et Akoba ne se contentèrent pas uniquement de cette petite discussion d'un soir; les visites de Akoba s'égrainèrent et plus ils devenaient amoureux l'un de l'autre. Un week-end les deux tourtereaux planifiaient de marcher sur la plage dans la soirée. Hélas le programme ne tint plus car Hontongnon ne pouvait plus répondre de sa présence afin de tenir compagnie à Homèvônon en l'absence de son frère. Sur ce ils s'achetèrent des friands pour ponctuer le long file de conversation qu'ils embrassèrent dans le pieu de Noukpo.
-Koko penses-tu que ça pourra marcher entre nous? Ça fait déjà 3 mois que nous nous fréquentons. Questionna Noukpo.
-Pourquoi ne m'appelles-tu pas chérie ou...?
-C'est un peu gênant pour moi de dire certains mots...
-Tu es un homme bien et pour que ça marche entre nous tu devras lutter contre ta timidité un peu comme tu le fais quand tu es avec Hontongnon. Je sais que le sentiment c'est pas ton fort mais s'il te plait fais un effort.
-D'accord. Tu sais Hontongnon est une soeur que m'a offerte la vie et je me sens bien mieux avec elle qu'avec mon père.
-Tu penses à quoi? Et ta mère, elle te manque?
Il prit un moment avant de commencer son discours mais au cours de son exposé il mâchait ses mots d'un ton pâle et des gouttes de larmes se mirent à ruisseler sur ses joues qu'il essaya de retenir en vain.
Il ne pouvait vraiment pas résister à la douleur perverse engendrée par son passé qu'il enfouit pour ne pas trop en souffrir. Ne trouvant qu'une astuce d'étouffer ses larmes récidivistes, Akoba esquissa un geste lent et doux et lui laissa les empreintes de ses lèvres sur les siennes. Ils étaient nez-à-nez, ils ne disaient plus mot mais en disaient assez ces regards figés l'un sur l'autre. Les hormones réagissaient; tout était allé si vite, ils se lancèrent dans une tournée de sensation et de passion. Suite à cette scène obsène par laquelle ils pétrissèrent le partage de leur amour, ils ne se revirent qu'un mois plus tard.
Ding Dong!
Ding Donnnng!
Noukpo s'engagea dans une marche nonchalante pour ouvrir le portail et à sa grande surprise ce fut sa chérie.
Quand il la fit entrer il enclencha un tas de questions à son vis-à-vis lui demandant la raison de cette visite noctune. Il fut moins indigné après que cette dernière lui expliqua que ses parents étaient en voyage et ne rentreraient que des jours après alors elle avait voulu passer la nuit en sa compagnie et qu'elle avait aussi quelque d'une grande importance à lui dire. Mais lui n'avait pas la tête à poursuivre une discussion à cause du poids du sommeil qui lui pesait dessus. Il décida alors qu'ils en parlent le lendemain.
À 6h du matin son petit frère se rapprocha de lui dans le noir et le reveilla en lui confiant qu'il avait faim. De là Noupko se leva et fit un tic sur l'interrupteur. Rêve ou réalité!?
Homèvônon ne pouvant supporter cette horreur qu'ils venaient de constater tomba dans les pommes. Akoba gisait dans une flaque de sang. Noukpo se précipita d'appeler les secours d'une main tremblante. Seul, entre deux corps, il appela aussi les voisins pour les premiers constats. Après une demi-heure ils se retrouvaient aux urgences de l'hôpital le plus proche. Adossé aux murs des couloirs, la première nouvelle lui parvint: Akoba n'est plus. Selon les explications du docteur elle aurait succombé à un avortement qui avait mal tourné. Attristé, il se rendit devant la salle où était hospitalisé son frère. Visage contre la vitre, il se mit à adresser des mots à son frère qui ne reviendra probablement pas à la vie: «frérot, si seulement tu pouvais faire l'effort d'ouvrir tes paupières, je retrouverai toute mon envie de vivre. Tata Akoba a rejoint maman, ne la suis pas je t'en prie. Je devrais te protéger contre tout danger mais ce fut moi qui te livrai entre les griffes de la mort. Te rappelles-tu, aujourd'hui c'est ton anniversaire et ton gâteau je l'avais déjà commandé; je t'ai même acheté la console GTA que tu contemplais sur les spots...»
Il se plongea dans une vague de pleure sourde puis une voie masculine l'interpela, mais il ne l'entendait presque pas. Touché de l'épaule, quand il se retourna il n'y croyait pas et pourtant c'était vrai. Il se mit à regarder son frère allongé de l'autre côté de la vitre et tendit ses poignets; il fut emmené sous l'escorte de l'officier de police.»
-Donc...
-Oui tu as tout compris ma fille je suis le protagoniste de ce récit. L'interrompit-il.
-Penses-tu toujours que attenter à ta vie arrangera les choses? Certainement pas car quelqu'un en ramassera la peau cassée comme ce fut mon cas. N'accepte pas de jouer le mauvais rôle dans ta propre histoire. Ma feue Hontongnon n'est plus parmi nous mais tout ce qu'elle m'a laissé c'est toi. Certe je vais me fâcher pour cette grossesse que tu portes, mais je suis et resterai ton père. À aucun moment je ne deviendrai ton bourreau et te jeter dans l'arène des désarrois Sèlômè. Aller viens dans mes bras!
Jusqu'à présent je continue de faire le deuil du décès de ta chère mère, et toi tu te confines dans ta chambre pour me faire un coup bas aussi atroce?
C'est injuste Sèlômè! Rassure-moi que cette tonne de pillules dans tes mains n'est pas destinée à ce à quoi je pense.
Dis-moi, qu'est-ce qui te tourmente autant et tu ne peux te confier à moi ton père pour que je puisse t'épauler?
Ah ne dis rien je vois déjà!
Dis-moi, t'a-t-il obligé à faire cela?
-Non papa, j'avais juste peur.
-Peur de quoi ou de qui? Je vais te raconter une anecdote, quand j'aurai fini tu me diras si c'est ton ultime recours:
«C'était un jeune homme fils aîné de ses parents. Habillé fraîchement de 17 ans d'âge, il perdit sa chère mère un mercredi matin dans les locaux d'un cabinet pédiatrique où elle emmenait Homèvônon le fils benjamin de la famille pour des soins alors que ce dernier n'avait que 2 ans. Les analyses médicales furent révélatrices d'un AVC orchestré par une hypertension de dernier degré. La pauvre dame épuisait toute son énergie pour panser les blessures que lui laissa un infâme divorce. Noukpo le jeune aîné avait dès lors entamé le rôle de frère baby-sitteur quelques fois encouragé par des visites de leur père, un homme d'affaire résidant à Dakar depuis 7 ans plus tôt.
À 22 ans, il devint majeur et plus mature. Étudiant en Maintenance Réseaux, il arrivait à jumeler son rôle d'apprenant et celui de jeune parent. Garçon charmant et sympathique capable de s'entendre avec n'importe qui, il était apprécié de tous grâce à sa simplicité.
Un certain soir, pendant que l'ascenseur du soleil perdait son altitude vers l'occident, les deux frères en compagnie de Hontongnon, la meilleure amie de l'aîné, revenèrent d'une randonnée pédestre qui s'échoua dans la rue de leur maison. Y étaient installés de jeunes gens assis sur des tabourets. Ce sont des amis du quartier ayant pour habitude de se la raconter certains soirs. En ce moment là, s'avançait de l'autre côté de la périphérique une silhouette qu'on pouvait à peine portraire. C'était l'une des plus belles filles du quartier. Plus elle s'avançait, plus la troupe attisait un feu de commentaires à son sujet. Naturellement de teint claire et d'une taille moyenne elle présentait une posture debout de miss couronnée d'une beauté divine. Alors Gbêdan le chef de la bande mi ironiquement Noukpo en défi d'aborder la jeune demoiselle qui n'arrêtait pas sa course en leur direction. Remarquant que son interlocuteur ne réagissait guère à sa provocation, Gbêdan amplifia cette sale vanne. Son insistance incita ses autres acolytes à s'y impliquer; c'était ainsi Noukpo, pour les faire taire une fois pour toute, promit de relever le défi. Il conjugua l'admiration et tous ces mots sordides et rejoignit Akoba la passante qui venait juste de les saluer. Il prit une vingtaine de minutes à s'entretenir avec cette dernière loin des regards du groupe.
Comme le dit un Dahoméen: «c'est au bout de l'ancienne corde qu'on tisse la nouvelle.» Noukpo et Akoba ne se contentèrent pas uniquement de cette petite discussion d'un soir; les visites de Akoba s'égrainèrent et plus ils devenaient amoureux l'un de l'autre. Un week-end les deux tourtereaux planifiaient de marcher sur la plage dans la soirée. Hélas le programme ne tint plus car Hontongnon ne pouvait plus répondre de sa présence afin de tenir compagnie à Homèvônon en l'absence de son frère. Sur ce ils s'achetèrent des friands pour ponctuer le long file de conversation qu'ils embrassèrent dans le pieu de Noukpo.
-Koko penses-tu que ça pourra marcher entre nous? Ça fait déjà 3 mois que nous nous fréquentons. Questionna Noukpo.
-Pourquoi ne m'appelles-tu pas chérie ou...?
-C'est un peu gênant pour moi de dire certains mots...
-Tu es un homme bien et pour que ça marche entre nous tu devras lutter contre ta timidité un peu comme tu le fais quand tu es avec Hontongnon. Je sais que le sentiment c'est pas ton fort mais s'il te plait fais un effort.
-D'accord. Tu sais Hontongnon est une soeur que m'a offerte la vie et je me sens bien mieux avec elle qu'avec mon père.
-Tu penses à quoi? Et ta mère, elle te manque?
Il prit un moment avant de commencer son discours mais au cours de son exposé il mâchait ses mots d'un ton pâle et des gouttes de larmes se mirent à ruisseler sur ses joues qu'il essaya de retenir en vain.
Il ne pouvait vraiment pas résister à la douleur perverse engendrée par son passé qu'il enfouit pour ne pas trop en souffrir. Ne trouvant qu'une astuce d'étouffer ses larmes récidivistes, Akoba esquissa un geste lent et doux et lui laissa les empreintes de ses lèvres sur les siennes. Ils étaient nez-à-nez, ils ne disaient plus mot mais en disaient assez ces regards figés l'un sur l'autre. Les hormones réagissaient; tout était allé si vite, ils se lancèrent dans une tournée de sensation et de passion. Suite à cette scène obsène par laquelle ils pétrissèrent le partage de leur amour, ils ne se revirent qu'un mois plus tard.
Ding Dong!
Ding Donnnng!
Noukpo s'engagea dans une marche nonchalante pour ouvrir le portail et à sa grande surprise ce fut sa chérie.
Quand il la fit entrer il enclencha un tas de questions à son vis-à-vis lui demandant la raison de cette visite noctune. Il fut moins indigné après que cette dernière lui expliqua que ses parents étaient en voyage et ne rentreraient que des jours après alors elle avait voulu passer la nuit en sa compagnie et qu'elle avait aussi quelque d'une grande importance à lui dire. Mais lui n'avait pas la tête à poursuivre une discussion à cause du poids du sommeil qui lui pesait dessus. Il décida alors qu'ils en parlent le lendemain.
À 6h du matin son petit frère se rapprocha de lui dans le noir et le reveilla en lui confiant qu'il avait faim. De là Noupko se leva et fit un tic sur l'interrupteur. Rêve ou réalité!?
Homèvônon ne pouvant supporter cette horreur qu'ils venaient de constater tomba dans les pommes. Akoba gisait dans une flaque de sang. Noukpo se précipita d'appeler les secours d'une main tremblante. Seul, entre deux corps, il appela aussi les voisins pour les premiers constats. Après une demi-heure ils se retrouvaient aux urgences de l'hôpital le plus proche. Adossé aux murs des couloirs, la première nouvelle lui parvint: Akoba n'est plus. Selon les explications du docteur elle aurait succombé à un avortement qui avait mal tourné. Attristé, il se rendit devant la salle où était hospitalisé son frère. Visage contre la vitre, il se mit à adresser des mots à son frère qui ne reviendra probablement pas à la vie: «frérot, si seulement tu pouvais faire l'effort d'ouvrir tes paupières, je retrouverai toute mon envie de vivre. Tata Akoba a rejoint maman, ne la suis pas je t'en prie. Je devrais te protéger contre tout danger mais ce fut moi qui te livrai entre les griffes de la mort. Te rappelles-tu, aujourd'hui c'est ton anniversaire et ton gâteau je l'avais déjà commandé; je t'ai même acheté la console GTA que tu contemplais sur les spots...»
Il se plongea dans une vague de pleure sourde puis une voie masculine l'interpela, mais il ne l'entendait presque pas. Touché de l'épaule, quand il se retourna il n'y croyait pas et pourtant c'était vrai. Il se mit à regarder son frère allongé de l'autre côté de la vitre et tendit ses poignets; il fut emmené sous l'escorte de l'officier de police.»
-Donc...
-Oui tu as tout compris ma fille je suis le protagoniste de ce récit. L'interrompit-il.
-Penses-tu toujours que attenter à ta vie arrangera les choses? Certainement pas car quelqu'un en ramassera la peau cassée comme ce fut mon cas. N'accepte pas de jouer le mauvais rôle dans ta propre histoire. Ma feue Hontongnon n'est plus parmi nous mais tout ce qu'elle m'a laissé c'est toi. Certe je vais me fâcher pour cette grossesse que tu portes, mais je suis et resterai ton père. À aucun moment je ne deviendrai ton bourreau et te jeter dans l'arène des désarrois Sèlômè. Aller viens dans mes bras!