Toute histoire commence un jour, quelque part. Je suis enceinte. Oui, je suis enceinte de 8 mois et aujourd’hui je me rends compte que j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie, j’aurais dû l’épouser. Il m’aimait plus que tout et d’ailleurs c’était tout à fait réciproque mais je ne pouvais pas fuir et tout lâcher pour lui.
Un homme de foi, un homme bon c’est ce qu’on m’a toujours dit mais je crois qu’il vaut mieux être avec un homme de cœur. Je ne remets pas en cause l’importance de la piété dans la recherche du mari, cela est très important dans ma société. Cependant, je suis tombée sur un homme pieux qui avait tout pour lui et j’ai remplacé l’homme de cœur par l’homme de foi. Devinez quoi ? Je suis enceinte de l’homme de foi.
Ces deux organes sont si proches l’un de l’autre mais c’est lorsque le cœur lâche que la personne arrête de vivre, d’exister, d’être.
J’ai rencontré Jean Louis à la foire de l’église, il avait tout pour plaire et c’est sur moi qu’il a dû tomber. J’ai eu de la chance, j’ai eu la chance de vivre un amour sans aucune commune mesure mais lui, je lui ai porté malheur.
La vie peut parfois être injuste. Lorsque j’ai rencontré Jean Louis, il avait 22 ans, il était jeune plein de virilité. Il avait cette barbichette aguicheuse que chaque femme désire en cachette. Ce corps sculpté comme un Apollon. Cet homme était un Zeus, il avait ce regard ténébreux, ce nez aquilin d’arabe et ces lèvres ; Ah ! Ses lèvres avaient l’air délicieusement exquises. Retenez donc mes envies esprit de la retenue.
Il est venu cet après midi de saison des pluies me parler de l’église, du christianisme et de toutes ces choses. Je ne l’ai point écouté, j’étais bien trop occupée à regarder la carrure majestueuse de cet homme. Il parla longtemps et se rendit compte au dernier moment bien trop tard d’ailleurs car j’avais déjà fait le tour de chaque parcelle de cette œuvre divine que je ne l’écoutais pas. Il eut un air perplexe et me sourit avant de me demander s’il m’ennuyait. Ah ! S’il savait... Cette question me fit sourire, je lui répondis par la négative et lui expliquais que j’avais un petit mal de crâne. Il me proposa d’entrer à l’intérieur, ce que je fis volontiers et m’aida à m’asseoir.
Qu’est ce que j’aurais pu tomber amoureuse tous les jours pour avoir droit à autant d’attention ! La meilleure kermesse de ma vie à n’en douter aucunement. Le soir venu, je fis ma sainte nitouche et lui dis avec la plus grande timidité qui soit que je devais rentrer d’urgence car il se faisait tard. En parfait gentleman, il se proposa de m’accompagner. Nos mains se balançaient et chacun faisait très attention à ne pas toucher l’autre. L’électricité dans l’air était grisante et nos regards complices. Nous venions de nous rencontrer mais nous nous aimions déjà. Une fois chez moi, je lui proposais de rentrer ce qu’il fit avec plaisir et nos regards qui ne pouvaient pas se lâcher ne serait-ce qu’un instant s’accrochèrent pour s’éterniser dans une bataille de désirs. La flamme était palpable. Et un, et deux et plusieurs fois et encore et encore et sans y croire nous étions dans les bras l’un de l’autre. Ma toute première fois. Ce fut magique, chaque touché était maladresse et chaque regard questionnement, introspection, recherche de soi. On n’avait peur d’aller trop vite, d’heurter le vide qui voulait s’installer. On avait envie l’un de l’autre mais nous venions de commettre une grave erreur. Que la vie savait être morose. Nous savions après cette nuit de délivrance, cette nuit de renaissance, nuit de réminiscence que c’était fini. Nous n’avions pas le droit de nous mettre ensemble. Cultures, religions, toute une frontière nous séparait et pourtant nous avions besoin l’un de l’autre. Il était devenu vital et essentiel. La vie valait enfin la peine d’être vécue. Tornades de sentiments, aucune pluie n’avait le droit d’inonder la terre de notre amour, cet amour était interdit. Je devais m’abreuver de larmes pour compenser la sécheresse que mon cœur allait subir. Guerres sur guerres, nous ne gagnions aucune bataille. Nous avions essayé de franchir les frontières de la société et les nôtres ceux qui sont censés nous soutenir n’ont fait que nous détruire. 10 ans plus tard, des jours, des mois, des heures et même quand l’ordre ne s’y prête plus n’ont pas suffi pour me faire oublier la souffrance d’un amour perdu. Je devais me tenir aux règles alors je me suis mise avec un homme de foi, soit disant car tout ce qu’il a su faire c’est me mettre dans son lit et partir. Alors oui je suis enceinte mais s’il fallait choisir, s’il était possible de renaître je voudrais que ce soit dans les bras de Jean Louis, mon bien aimé. J’aurais dû l’épouser, j’aurais dû accepter de le suivre, de fuir mais je suis restée pour les convenances, pour ma famille. On dit que la famille est plus forte que tout mais je devrais élever seule mon enfant. Jean Louis, mon bien aimée, si seulement je t’avais épousée, si seulement je t’avais écoutée. J’aurais dû, je n’ai pas pu, un jour peut-être, un jour qui sait, mon bien aimé, je te retrouverais...