Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux.
Allongée sur la table, étroit et froid, pour la chirurgie. Une fille de 20 ans. Les yeux grands ouverts mais enfoncés dans l'obscurité. Juste quelques gouttes de lumière à travers lesquelles je vois des séquences dans ma vie: mon anniversaire 18 ans, un câlin chaleureux d'une fillette de deux ans, les surprises romantiques de mon copain, la joie sur le visage de mes parents quand je suis rentré à la maison. On dit que lorsque vous êtes au bord de la mort, la vie se déroule devant vos yeux.
Mon cher oncle. Il est aussi dans mes souvenirs. Je lui parle. Oh!.. Ça me manque. Je me manque. Un enfant innocent qui s'est réjoui de recevoir un bonbon, qui jouait pendant des heures, qui a eu le privilège de l'embrasser. Où sont passés tous ces moments? Quand m'ont-ils quitté? Ou qui me les a volés? Je pense qu'ils sont partis avec toi. Mais ce n'est pas de ta faute, je sais que ce n'est pas ce que tu en voulais. Où es-tu? Tu m'entends? S'il te plait, ne m'en veux pas, je suis juste égoïste, je te voulais toujours à côté de moi. Est-ce que tu es dans un beau rêve? Est-ce que tu te souviens des moments avec nous, avec ta famille, ou es-tu enfermé dans un sommeil sans rêves, dans un silence oppressant?
J'entends aussi mon père, qui me disait: "quand ça fait mal, tu sens que tu es vivant". Mais cette douleur est-elle un signe que je suis encore en vie ou l'annonce d'une obscurité éternelle?
J'ai vu cette douleur dans les yeux de mon oncle, il y a 7 ans. Il a essayé de la cacher avec de doux sourires et de belles histoires de sa jeunesse et l'a combattue seul jusqu'à la fin. Mais il était épuisé et il s`est retrait sous l'aile des ténèbres. Nous sommes nés dans l'obscurité et accueillis avec des sourires et de l'amour, et une fois virés du casting de cette pièce, intitulée `La Vie`, notre chemin vers les ténèbres est parsemé des larmes et de la douleur de ceux qui nous ont aimés. Ces jours noirs étaient douloureux , je ne voulais plus voir les autres. Mais nous étions tous en deuil, pas seulement moi. Les ténèbres apaisaient sa douleur et ils nous ont condamnés à une autre. Celle qui t`étouffe et laisse des blessures profondes sur l`âme. Avouée par des larmes chaudes et des cris douloureux.
Et maintenant, l'histoire se répète-t-elle? Ce noir, qui obscurcit mes souvernir, petit à petit, est-il le même que celui qui a volé mes proches?
Nous sommes nés dans l'obscurité et accueillis avec des sourires et de l'amour, et une fois virés du casting de cette pièce, intitulée « La Vie », notre chemin vers les ténèbres est parsemé des larmes et de la douleur de ceux qui nous ont aimés.
J'entends ma mère, noyée de larmes, dire: «Je ne te quitterai pas! Nous nous battrons jusqu'à ce que tout va bien! »
Mais j'avais déjà fait un pacte avec le noir...