Entre les lignes d’une petite fille

Maitre ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres mais je ne vous appellerai pas maitre.
Est-ce que moi on m'a considérée comme l'enfant innocente pour que je vous considère comme maître ? J'étais souvent ignorée à tel point que je commençais à douter de ma propre existence.
Les larmes ne coulent plus et quand les larmes auront séché que restera-t-il ?
L'espoir n'y est plus et quand celui-ci aura disparu que deviendrai-je ? L'espoir fait vivre m'ont-ils dit. Où est-il alors ? Pourquoi ne le ressens-je plus? Pourquoi ne me fait-il pas vivre ? Serais je morte alors ? Une morte vivante .
Oui je le suis .
L'air m'étouffe , je me sens étranglée . Mes pensées font trop de bruit . bon sang laissez-moi dormir . Je crie mais personne ne m'écoute, je doute que mes cris soient silencieux .
Comme mes pas dans cette vie.
Tout est silencieux autour de moi sauf mon fond . Il a beaucoup de choses à dire. Mais qui m'écouterait ? Qui me considérerait ? Qui prendrai la peine de lire entre mes lignes ?
Car c'est la que se cachent mes tourments .
Depuis petite je vivais à travers les autres. On m'a souvent répété de ressembler à ma cousine, la fille de la voisine et même mon amie. Mais jamais de ressembler à ma vraie personne.
Ils m'ont tellement imposé de copier les autres que j'en ai oublié qui j'étais. A tel point que lorsqu'on m'appelait par mon prénom je ne me retournais plus. Tout simplement parce que je n'existais plus.
Je suis venu dans ce monde pour vivre sous l'ombre des autres.
Je me rappelle quand j'avais tout juste dix ans.C'était un après-midi d'été, le soleil tapé fort sur les maisons, les rues et les mers étaient un éclat de bonheur lumineux.
Tout ce que je ne suis pas.
J'étais assise devant ma petite maison aux couleurs bleues et aux bois qui menaçaient l'effondrement. Entre mes petites mains d'une fille de dix ans se trouver un morceau de chocolat que je goûtais pour la première fois. Je ne sais si c'était par manque des moyens ou tout simplement par manque d'attention. Je savourais mon chocolat comme si c'était la dernière fois que je goûtais à ce petit bonheur.
Et c'était le cas.
Car ma petite bulle de bonheur qui n'a pas eu le temps de naître a été éclatée sous la gifle que ma mère venait de m'asséner. Par un regard hésitant j'ai demandé à ma mère pourquoi. A cet instant j'ai regrettée d'avoir demandée à ma mère la raison de cette gifle comme j'ai regrettée mon existence. Car sans se soucier de mon innocence qui ne cesse de diminuer depuis ma naissance elle me tue de ces mots en disant :
« Tu n'as donc pas honte ? Tu ne vas donc jamais changer ? Mais qu'ai-je fait au bon Dieu pour avoir une fille comme ça ? Tu es un animal pour manger comme ça ? Tu t'en mets partout et tu salis tes vêtements. Pourquoi tu n'es pas comme warda la fille de la voisine ? Toujours propre et soignée. ».
Mais je ne l'écoutais plus car mon cerveau commença lui aussi la torture, à remettre en question mes habitudes et ma différence des autres. De warda.
Quelle honte je suis censée ressentir à l'âge de dix ans maman  ? Comment puis-je changer alors que je ne suis rien devenu encore ? A quel animal m'as-tu fait ressembler ? Le chien de la voisine peut-être ? Je ne pense pas. Il est beaucoup trop propre pour moi.
Je ne suis pas warda par ce que je suis moi, maman. Tu le sais ça ?
Après ce jour, je n'ai plus jamais mangé de chocolat. Par peur de faire honte, de ressembler à un animal et de ne pas être comme warda. Et ainsi a continué mon cauchemar entre des personnes que je ne suis pas mais qui m'ont été imposées et entre des critères qui raréfient ma vraie nature. Je suis donc devenue plusieurs personnes en une et trop de choses dans un seul corps.
Jusqu'à mes dix-huit ans. J'ai atteint la majorité et pour fêter ça j'ai commis mon premier acte majeur. Aussi simple que cela puisse paraître, j'ai noyée Warda.
Warda vous devez la connaître, la fille de la voisine, la fille modèle. Vous devez la ressembler si vous voulez être magnifique Et c'est peut-être pour ça que j'ai commencée par elle. Elle était beaucoup trop parfaite pour mériter cette vie.
Elle est partie comme une fleure emportée par les vagues.
Car c'était un beau jour d'un dimanche ensoleillé. Je lui ai proposée d'aller à la mer pour passer du temps ensemble. Naïve était-elle ou innocente elle n'a pas hésité à me faire confiance et m'accompagner. A mon plus grand bonheur. Un manque d'attention a suffi de sa part pourque je la noie après que je lui ai demandée de nous enfoncer un peu plus dans la mer ‘'pour savourer le vide ‘' je lui ai dit.
Mais en réalité le plus grand vide se trouvé au fond de moi. Donc je ne sais si je l'ai noyée dans la mer ou en moi.
Une larme solitaire a coulé sur ma joue. Comme l'âme qui venait de couler dans la mer. Je ne sais si c'était une larme de regret et de soulagement.
Mais encore une fois quand les larmes auront séché que restera-t-il ? J'ai courue jusqu'à chez moi tétanisée d'avoir perdue warda. Bonne actrice j'étais ou mauvaise je ne savais point. Car tout le monde s'est affolés pour la chercher ne suspectant rien. Mais une fois que le corps a été trouvé et que le calme a régné. Tous les doutes étaient retournés vers moi. En effet je n'ai jamais caché ma haine envers warda ni ma présumée jalousie de la perfection qu'elle incarnait. Mais cela n'était pas suffisant de me pousser à commettre un tel acte disaient-ils.
Sauf qu'une mes cousines à qui je devais aussi ressembler était là sur le moment où j'ai commis l'acte de majorité. Les doutes firent confirmés et meurtrière je suis officiellement devenue. Peut-être aurais je dû commencer par ma cousine ? Je ne sais pas tout se mélangeait dans ma tête.
Les jours passent et les nuits s'envolèrent. Comme l'espoir.
Me voilà devant un homme respecté par ses semblables et par la société hypocrite de nos jours. Il me jugeait avec ses yeux et me rabaissait avec son air hautain de maître digne de ce nom.
"Appelez-moi maître", m'a-t-il dit. Comme si, si je ne le faisais pas, il allait être blessé et battu dans son esprit d'humain sain. Comme s'il n'allait jamais gouter au sommeil juste par ce qu'une vulgaire fille assassine a refusée de l'appeler « maître » Comme la société a fait de lui, lui donner un nom qui va à sa juste valeur.
Exactement comme elle ne l'a jamais faite pour moi.
Depuis mes cinq ans on m'appelait « ma grande » mais quelle grandesse voyez-vous en moi ? En une fille de cinq ans.Pourquoi je n'ai pas eu le droit de me faire appeler par d'autres mots ? Digne d'une petite fille ? Ah je sais. C'est par ce que je ne suis pas comme les autres non ? Comme ma cousine, mon amie ou la... fille de la voisine.
Warda.
Tu te sens mal non ? Dit moi te rappelles tu de comment sourire ? Où sont tes larmes ? Pourquoi aucune émotion te traverse ? Tu es donc devenu un vide ? Comme tu le craignais ? Eh pourquoi tu respire fort ? Calme-toi et Essaye d'oublier.
Inspire le bonheur et expire le malheur.
Crée le mal à tes côtés. Comme ça tu te sentiras mieux.Exactement comme tu t'es sentie quand ta noyée warda. Eh ..eh ? Tu m'entends ? Je crois que tu donnes aucun signe vie . Eh petite fille accroche toi à la vie.
Sème le mal et la terreur à tes cotés pour que tu puisses vivre.Pour qu'on te remarque.
Je suis qui moi ? Je suis ton mauvais côté. Celui qui t'empêche de dormir celui qui fait beaucoup de bruit et qui efface tes rires.
Je suis warda petite fille.
Tu m'écoute ? Je suis warda. Tu ne m'as pas noyée dans la mer petite fille. Tu m'as noyée en toi. Je suis en toi donc je suis toi.
Sois enfin heureuse car tu es enfin devenue warda.
Petit fille.
Dites-moi donc, ceci était une histoire d'une fille ou d'une erreur déguisée en personne ? ceci était une histoire d'une vie ou d'une malédiction qui étonne ? ceci était censée conté le bonheur ou la terreur ?
C'est ainsi que j'ai appris que le plus long voyage qu'on puisse faire c'est le voyage vers soi. C'est donc le plus long voyage vers le plus proche endroit.