a écrit le recruteur de mon ancêtre dans son livret militaire .
De sa plus belle plume avec des pleins et des déliés , il a poursuivi :
« pour la durée de la guerre , le 22 Août 1914 , au titre de la légion étrangère , a demandé la naturalisation française ( loi du 8 Août 1914 ) , affecté au groupe du 2 ème Régiment étranger à Orléans , né à Montreux canton de Suisse «
( Pour le recruteur il y a des cantons en Suisse , la Suisse est donc un canton, en fait il n'y a que deux cases possibles à remplir , canton et département . L'inventeur du livret militaire n'avait pas imaginé qu'un militaire soit né en dehors de la France . Le recruteur pour un Suisse s'en est bien sorti , il s'en est bien sorti aussi pour un Chinois né à Canton ) , signalement : cheveux châtains , yeux centrés,
( la couleur n'est pas mentionnée ) , nez rectiligne bombé , visage ovale, taille 1 mètre 67 centimètres , marques particulières cicatrice au menton ( était-ce un accident de rasage qui explique la raison pour laquelle sa femme l'a rasé tous les jours avec le coupe-choux ? )
Il n'y avait pas de photo ( on aurait aimé voir les recrues aux yeux décentrés ..)
Quelles étaient les motivations de son engagement ?
Lisait il les poètes suisses contemporains ou simplement les journaux ?
Le 29 juillet 1914 son compatriote , l'écrivain , né à la Chaux de Fonds , canton suisse , Blaise Cendrars , lance un appel aux étrangers vivant en France , qui sera repris par tous les journaux français , le 2 Août 1914, le jour de la mobilisation.
« Toute hésitation serait un crime . Point de paroles , des actes . Des étrangers amis de la France , qui , pendant leur séjour en France , ont appris à l'aimer et à la chérir comme une seconde patrie , sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras . »
Phrase prémonitoire puisque le poète perdra son bras d'écriture , le 28 juillet 1915 , à l'assaut de la ferme de Navarin . Il écrira plus tard :
« ...planté dans l'herbe comme une grande fleur épanouie ,un lys rouge , un bras humain tout ruisselant de sang , un bras droit sectionné au dessus du coude et dont la main encore vivante , fouissait le sol des doigts comme pour y prendre racine....«
J'ai compris pourquoi personne n'a jamais osé toucher à la baïonnette que mon ancêtre , après la fin de la guerre ,après avoir été blessé , trépané , gazé , sauvé de la gangrène par les asticots ( était-ce parce que son coude droit blessé était enraidi que sa femme , qui avait beaucoup de compassion , le rasait de près tous les jours , à l'aide du coupe-choux ? ) avait posé sur une étagère , qu'il souhaitait , inaccessible à jamais, quand j'ai lu la phrase de Blaise Cendrars :
« J'ai tué le boche . J'étais plus vif et rapide que lui . Plus direct . J'ai frappé le premier . J'ai le sens de la réalité, moi poète . J'ai agi . J'ai tué . Comme celui qui veut vivre . «
À l'aise Blaise , dans ta veste sans manche droite....
De sa plus belle plume avec des pleins et des déliés , il a poursuivi :
« pour la durée de la guerre , le 22 Août 1914 , au titre de la légion étrangère , a demandé la naturalisation française ( loi du 8 Août 1914 ) , affecté au groupe du 2 ème Régiment étranger à Orléans , né à Montreux canton de Suisse «
( Pour le recruteur il y a des cantons en Suisse , la Suisse est donc un canton, en fait il n'y a que deux cases possibles à remplir , canton et département . L'inventeur du livret militaire n'avait pas imaginé qu'un militaire soit né en dehors de la France . Le recruteur pour un Suisse s'en est bien sorti , il s'en est bien sorti aussi pour un Chinois né à Canton ) , signalement : cheveux châtains , yeux centrés,
( la couleur n'est pas mentionnée ) , nez rectiligne bombé , visage ovale, taille 1 mètre 67 centimètres , marques particulières cicatrice au menton ( était-ce un accident de rasage qui explique la raison pour laquelle sa femme l'a rasé tous les jours avec le coupe-choux ? )
Il n'y avait pas de photo ( on aurait aimé voir les recrues aux yeux décentrés ..)
Quelles étaient les motivations de son engagement ?
Lisait il les poètes suisses contemporains ou simplement les journaux ?
Le 29 juillet 1914 son compatriote , l'écrivain , né à la Chaux de Fonds , canton suisse , Blaise Cendrars , lance un appel aux étrangers vivant en France , qui sera repris par tous les journaux français , le 2 Août 1914, le jour de la mobilisation.
« Toute hésitation serait un crime . Point de paroles , des actes . Des étrangers amis de la France , qui , pendant leur séjour en France , ont appris à l'aimer et à la chérir comme une seconde patrie , sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras . »
Phrase prémonitoire puisque le poète perdra son bras d'écriture , le 28 juillet 1915 , à l'assaut de la ferme de Navarin . Il écrira plus tard :
« ...planté dans l'herbe comme une grande fleur épanouie ,un lys rouge , un bras humain tout ruisselant de sang , un bras droit sectionné au dessus du coude et dont la main encore vivante , fouissait le sol des doigts comme pour y prendre racine....«
J'ai compris pourquoi personne n'a jamais osé toucher à la baïonnette que mon ancêtre , après la fin de la guerre ,après avoir été blessé , trépané , gazé , sauvé de la gangrène par les asticots ( était-ce parce que son coude droit blessé était enraidi que sa femme , qui avait beaucoup de compassion , le rasait de près tous les jours , à l'aide du coupe-choux ? ) avait posé sur une étagère , qu'il souhaitait , inaccessible à jamais, quand j'ai lu la phrase de Blaise Cendrars :
« J'ai tué le boche . J'étais plus vif et rapide que lui . Plus direct . J'ai frappé le premier . J'ai le sens de la réalité, moi poète . J'ai agi . J'ai tué . Comme celui qui veut vivre . «
À l'aise Blaise , dans ta veste sans manche droite....