Enfance dorée

« Toute histoire commence un jour, quelque part. Un jour perdu dans l’immensité d’un temps éternel. Un quelque part illuminé par les rayons du soleil qui n’a plus besoin de se coucher. C’est un âge où tout le monde chante et personne ne pleure. C’est un âge où personne n’a froid et tout le monde transpire sans travailler. Mais la nature est toujours là pour donner quelque coin d’ombre et de l’eau à boire jusqu’à satiété. Elle représente la mère généreuse, donnant du lait à ses enfants de l’air, de la terre et de la mer. Elle enveloppe de son aura douce comme des nuages de lait, ses fils et filles, frères et sœurs, humains et animaux, plantes et insectes, qui se regardent sans haine et sans peur.»

Les enfants écoutent sans rien dire, bercés par ma voix. Ma voix emporte les mots vers les recoins d’un monde qu’ils imaginent. Leurs yeux naïfs et leurs bouches crédules s’agrandissent. J’aime ces petits nuages blancs à quatre pattes. J’aime leurs rêves de papier. J’aime quand ils font des dessins à longueur de journée. Oui, le temps, ils n’ont pas peur du temps quand ils jouent, dessinent, essaient tant bien que mal d’écouter la conteuse. Chacun vit en ce moment une enfance dorée, à l’abri du temps, de la pluie et des devoirs. Leurs bâillements et leurs gestes étourdis n’échappent pas à leurs parents qui leur demandent de rester sages.

La lumière s’allume pour laisser le temps reprendre son cours, pour laisser entrevoir la pluie battre contre les carreaux et laisser émerger les préoccupations scolaires des enfants mais dont les parents ont (surtout) en tête.