- Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Je ne me souviens de rien. Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qui s’est passé ? M’écriai-je, ou, du moins ce que j’avais l’intention de faire.
- Calme-toi Lalaina, chuchote quelqu’un. Tu dois encore te reposer. Docteur, pourriez-vous lui donner encore un calmant ? Demande-t-il, sûrement pas à moi.
- J’arrive tout de suite, rassure un autre homme un peu plus loin.
Quelques instants plus tard, je perds connaissance. Je ne sais pendant combien de temps je dormais. Oui, car même si je reviens à moi-même, mon esprit est encore ailleurs. Pour ainsi dire, mon cerveau n’arrive pas totalement à contrôler mes mouvements. Je veux parler, mais n’y parviens pas.
- N’essaie pas de trop bouger, intervient la même voix que tout à l’heure.
- Mais qui es-tu ?
- Quoi ? Ne te souviens-tu pas de moi ? Je suis Mahefa, ton amour. Comment te sens-tu maintenant ? répond-il.
- Un peu fatiguée. Mais d’abord, comment se fait-il que je n’arrive à percevoir aucune lumière ? Où sommes-nous ?
- T’as eu un accident.
- Suis-je devenue aveugle ? j’ai peur ! M’aimeras-tu toujours même si je ne recouvrais plus la vue ?
- Ressaisis-toi Lalaina ! Si j’ai voulu me débarrasser de toi, penses-tu que je reste là à tes côtés en ce moment ?
- Je ne sais pas. Peut-être par pitié ?
- Ah ! Tu te réveilles enfin ma grande ! Merci mon Dieu ! Pleurniche ma mère en ouvrant la porte. Exactement ! Contrairement à celle de Mahefa, la voix de ma mère m’est parue familière.
- Vous voilà madame ! Je vous laisse toutes les deux, rétorque Mahefa.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai peur de ne pas avoir encore vu le pire. Il faut que je tire au clair cette situation le plus vite possible.
- Maman, qu’est-ce qui m’est arrivé ? je ne comprends plus rien.
- Ma chérie, repose-toi. Tu n’es pas encore vraiment dans tous tes états. Tu étais dans le coma depuis sept jours. Ton père et moi étions fous d’inquiétude. Tu sais très bien que nous n’avons que toi.
- Mais, maman, qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne me rappelle rien du tout. S’il te plaît, explique-moi.
- Si tu insistes. Tu as eu un accident, je ne sais pourquoi ni comment. Je ne veux pas me traîner là-dessus, mais tu es vivante, c’est ce qui importe. Désormais, je crois que les médecins vont t’affecter dans une autre salle. J’en ai assez de cette salle d’urgence de l’HJRA !
- Merci beaucoup ! Maintenant je veux dormir un peu.
- Comme tu veux ma fille. Je serai toujours là.
Je vais désormais essayer de me rafraîchir la mémoire. Comme l’a dit ma mère, tout le monde ne connaît pas le mobile de mon accident. Et comme un flash, je me souviens que je ne suis qu’une lycéenne. Maintenant que j’y pense, que pourrai-je faire de mon examen du baccalauréat ? Si je reste aveugle pour toujours, cela revient à dire que je devrai rater cet examen. Je n’ai que trois mois environ et me voilà clouée à ce lit, sans pourvoir réviser, ni moins voir quoi que ce soit. Bon ! J’arrête de faire semblant de dormir. Il faut que je parle à maman.
- Maman, quand aura lieu le bac ?
- Arrête Lalaina ! N’y pense pas encore, pas pour l’instant du moins. Est-ce que tu veux manger quelque chose ?
- Réponds-moi s’il te plaît. C’est vraiment important pour moi.
- Ce sera dans deux moi et demi
- Quoi ? je dois vite guérir...
- Mais comment te sens-tu maintenant ?
- C’est comme si mon corps m’abandonnait. Et le pire, c’est que je ne vois rien.
- Le docteur a dit que c’était l’effet du choc. Mais ne t’inquiète pas, ce n’est que passager. Bon, je te laisse te reposer maintenant. Tu ne dois pas encore parler beaucoup.
Oui, je sais. Je n’arrive même pas à y répondre mais tombe directement de sommeil. Et voilà mon rêve... ou souvenir ? Manoa et moi (mais pourquoi Manoa ?) marchions dans le trottoir. Soudain, une voiture surgissait de nulle part et a foncé droit sur nous. Je regardais le conducteur avant de perdre définitivement connaissance et j’ai vu... Mahefa? Arrête Lalaina, tu devais te faire des idées. Si cela continue, non seulement tu resteras aveugle mais tu deviendras également folle. N’empêche, pour tirer au clair cette affaire, je dois absolument parler à Manoa, enfin, s’il est encore vivant. Il paraît en effet que c’est lui et lui seul qui peut donner des réponses à toutes mes questions. D’ailleurs, en tenant compte de ma conversation avec Mahefa, j’ai l’impression qu’il essayait de cacher quelque chose. Il n’a pas répondu directement à mes questions, sinon, n’y a répondu qu’à moitié.
- Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Murmure maman. Tu ne devrais pas être là ! Remercie-nous de ne pas avoir porté plainte contre toi.
- Madame, je n’y étais pour rien, bredouille un ami que je reconnais tout de suite.
Et j’entends maman claquer la porte. Non Lalaina ! Tu dois intervenir ! C’est ta seule chance !
- Maman ! Laisse-le entrer.
- Mais ma chérie...
- Je te dis de le laisser entrer !!!
- D’accord. Eh, jeune homme, viens par ici.
- Maman, puis-je te demander de nous laisser seuls un instant ?
- Comme tu veux, répond maman et j’attends le bruit de la porte se refermer avant d’entamer la conversation.
- Manoa, est-ce que tu étais là ce jour-là?
- Oui, Lalaina. J’étais là.
- Attend un peu ! parlons-nous du même jour ?
- Le jour de l’accident, tu veux dire ? Bien sûr que oui ! Nous étions à Ankatso.
- Que faisions-nous là-bas ?
- Ayant du temps libre, tu as insisté pour que je te montre ce qu’on vit quand on étudie à l’université. J’ai refusé mais tu ne voulais pas m’entendre. Maintenant, il faut que je m’en aille. Bon rétablissement Lalaina.
Que devrais-je penser ? Je pressens que Manoa essaie de m’éviter. Et puis, Mahefa avait dit qu’il était mon petit ami, mais comment se fait-il que je ne me souvenais pas tout de suite de sa voix, contrairement à celle de Manoa ? J’ai l’impression d’avoir raté quelques épisodes de ma vie. J’en ai ras-le-bol de cette situation. Je dois à tout prix retrouver ma mémoire.
---------------------------------------------------------------------------
Dix jours se sont maintenant écoulés depuis que je suis sortie du coma. Je crois avoir me rappeler de tous maintenant. Manoa n’est plus revenu, mais Mahefa, lui, reste presque en permanence avec moi. C’est comme s’il me surveillait pour s’assurer que Manoa ne revienne plus. Beaucoup de mes amis sont en outre venus me visiter.
Maintenant, c’est la dernière ligne droite. Il faut que je parle à quelqu’un. Je suis contente d’avoir une deuxième chance de réaliser mes rêves. Aussi, comme papa et maman sont ici maintenant, qui plus est, sans Mahefa, je vais mettre les points sur les « i ».
- Papa ! Maman ! Je voudrais vous parler, dis-je d’une voix un peu tremblante.
- Vas-y ma fille, rétorque papa.
- Comme vous le savez très bien, j’ai besoin de retrouver mes facultés physiques et d’avoir l’esprit tranquille pour passer sans encombre mon baccalauréat. Ceci dit, je voudrais que Mahefa ne vienne plus ici.
- Mais que dis-tu ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Il est ton petit ami et...
- Non papa, Mahefa et moi n’avions rien à partager depuis le début. Il prétendait avoir conquis mon cœur, mais je lui ai toujours considéré comme mon grand frère, tout comme Manoa d’ailleurs. Je n’ai que 16 ans, je vous rappelle.
- Ma chérie, je crois que tu délire...
- Mais non ! Pour être claire, je vais vous raconter ce qui s’est réellement passé le jour de cet incident. J’étais avec Manoa à Ankatso quand les étudiants sont entrés en grève. Nous avions essayé de nous échapper aux affrontements entre les forces de l’ordre et les grévistes. Malheureusement, une grenade lacrymogène est tombée en face de moi. Comme je suis amblyope, ce gaz toxique m’a aveuglée. Et la violence de choc a été telle que je suis tombée dans le coma sur le coup. Si Mahefa n’étais pas avec nous ce jour-là, c’était tout simplement parce qu’il était jaloux de Manoa.
- Randy...
- Suis-je illuminée ou ai-je recouvré la vue ? Peut-être les deux. Papa, maman, je vous vois désormais...
- Calme-toi Lalaina, chuchote quelqu’un. Tu dois encore te reposer. Docteur, pourriez-vous lui donner encore un calmant ? Demande-t-il, sûrement pas à moi.
- J’arrive tout de suite, rassure un autre homme un peu plus loin.
Quelques instants plus tard, je perds connaissance. Je ne sais pendant combien de temps je dormais. Oui, car même si je reviens à moi-même, mon esprit est encore ailleurs. Pour ainsi dire, mon cerveau n’arrive pas totalement à contrôler mes mouvements. Je veux parler, mais n’y parviens pas.
- N’essaie pas de trop bouger, intervient la même voix que tout à l’heure.
- Mais qui es-tu ?
- Quoi ? Ne te souviens-tu pas de moi ? Je suis Mahefa, ton amour. Comment te sens-tu maintenant ? répond-il.
- Un peu fatiguée. Mais d’abord, comment se fait-il que je n’arrive à percevoir aucune lumière ? Où sommes-nous ?
- T’as eu un accident.
- Suis-je devenue aveugle ? j’ai peur ! M’aimeras-tu toujours même si je ne recouvrais plus la vue ?
- Ressaisis-toi Lalaina ! Si j’ai voulu me débarrasser de toi, penses-tu que je reste là à tes côtés en ce moment ?
- Je ne sais pas. Peut-être par pitié ?
- Ah ! Tu te réveilles enfin ma grande ! Merci mon Dieu ! Pleurniche ma mère en ouvrant la porte. Exactement ! Contrairement à celle de Mahefa, la voix de ma mère m’est parue familière.
- Vous voilà madame ! Je vous laisse toutes les deux, rétorque Mahefa.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai peur de ne pas avoir encore vu le pire. Il faut que je tire au clair cette situation le plus vite possible.
- Maman, qu’est-ce qui m’est arrivé ? je ne comprends plus rien.
- Ma chérie, repose-toi. Tu n’es pas encore vraiment dans tous tes états. Tu étais dans le coma depuis sept jours. Ton père et moi étions fous d’inquiétude. Tu sais très bien que nous n’avons que toi.
- Mais, maman, qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne me rappelle rien du tout. S’il te plaît, explique-moi.
- Si tu insistes. Tu as eu un accident, je ne sais pourquoi ni comment. Je ne veux pas me traîner là-dessus, mais tu es vivante, c’est ce qui importe. Désormais, je crois que les médecins vont t’affecter dans une autre salle. J’en ai assez de cette salle d’urgence de l’HJRA !
- Merci beaucoup ! Maintenant je veux dormir un peu.
- Comme tu veux ma fille. Je serai toujours là.
Je vais désormais essayer de me rafraîchir la mémoire. Comme l’a dit ma mère, tout le monde ne connaît pas le mobile de mon accident. Et comme un flash, je me souviens que je ne suis qu’une lycéenne. Maintenant que j’y pense, que pourrai-je faire de mon examen du baccalauréat ? Si je reste aveugle pour toujours, cela revient à dire que je devrai rater cet examen. Je n’ai que trois mois environ et me voilà clouée à ce lit, sans pourvoir réviser, ni moins voir quoi que ce soit. Bon ! J’arrête de faire semblant de dormir. Il faut que je parle à maman.
- Maman, quand aura lieu le bac ?
- Arrête Lalaina ! N’y pense pas encore, pas pour l’instant du moins. Est-ce que tu veux manger quelque chose ?
- Réponds-moi s’il te plaît. C’est vraiment important pour moi.
- Ce sera dans deux moi et demi
- Quoi ? je dois vite guérir...
- Mais comment te sens-tu maintenant ?
- C’est comme si mon corps m’abandonnait. Et le pire, c’est que je ne vois rien.
- Le docteur a dit que c’était l’effet du choc. Mais ne t’inquiète pas, ce n’est que passager. Bon, je te laisse te reposer maintenant. Tu ne dois pas encore parler beaucoup.
Oui, je sais. Je n’arrive même pas à y répondre mais tombe directement de sommeil. Et voilà mon rêve... ou souvenir ? Manoa et moi (mais pourquoi Manoa ?) marchions dans le trottoir. Soudain, une voiture surgissait de nulle part et a foncé droit sur nous. Je regardais le conducteur avant de perdre définitivement connaissance et j’ai vu... Mahefa? Arrête Lalaina, tu devais te faire des idées. Si cela continue, non seulement tu resteras aveugle mais tu deviendras également folle. N’empêche, pour tirer au clair cette affaire, je dois absolument parler à Manoa, enfin, s’il est encore vivant. Il paraît en effet que c’est lui et lui seul qui peut donner des réponses à toutes mes questions. D’ailleurs, en tenant compte de ma conversation avec Mahefa, j’ai l’impression qu’il essayait de cacher quelque chose. Il n’a pas répondu directement à mes questions, sinon, n’y a répondu qu’à moitié.
- Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Murmure maman. Tu ne devrais pas être là ! Remercie-nous de ne pas avoir porté plainte contre toi.
- Madame, je n’y étais pour rien, bredouille un ami que je reconnais tout de suite.
Et j’entends maman claquer la porte. Non Lalaina ! Tu dois intervenir ! C’est ta seule chance !
- Maman ! Laisse-le entrer.
- Mais ma chérie...
- Je te dis de le laisser entrer !!!
- D’accord. Eh, jeune homme, viens par ici.
- Maman, puis-je te demander de nous laisser seuls un instant ?
- Comme tu veux, répond maman et j’attends le bruit de la porte se refermer avant d’entamer la conversation.
- Manoa, est-ce que tu étais là ce jour-là?
- Oui, Lalaina. J’étais là.
- Attend un peu ! parlons-nous du même jour ?
- Le jour de l’accident, tu veux dire ? Bien sûr que oui ! Nous étions à Ankatso.
- Que faisions-nous là-bas ?
- Ayant du temps libre, tu as insisté pour que je te montre ce qu’on vit quand on étudie à l’université. J’ai refusé mais tu ne voulais pas m’entendre. Maintenant, il faut que je m’en aille. Bon rétablissement Lalaina.
Que devrais-je penser ? Je pressens que Manoa essaie de m’éviter. Et puis, Mahefa avait dit qu’il était mon petit ami, mais comment se fait-il que je ne me souvenais pas tout de suite de sa voix, contrairement à celle de Manoa ? J’ai l’impression d’avoir raté quelques épisodes de ma vie. J’en ai ras-le-bol de cette situation. Je dois à tout prix retrouver ma mémoire.
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Dix jours se sont maintenant écoulés depuis que je suis sortie du coma. Je crois avoir me rappeler de tous maintenant. Manoa n’est plus revenu, mais Mahefa, lui, reste presque en permanence avec moi. C’est comme s’il me surveillait pour s’assurer que Manoa ne revienne plus. Beaucoup de mes amis sont en outre venus me visiter.
Maintenant, c’est la dernière ligne droite. Il faut que je parle à quelqu’un. Je suis contente d’avoir une deuxième chance de réaliser mes rêves. Aussi, comme papa et maman sont ici maintenant, qui plus est, sans Mahefa, je vais mettre les points sur les « i ».
- Papa ! Maman ! Je voudrais vous parler, dis-je d’une voix un peu tremblante.
- Vas-y ma fille, rétorque papa.
- Comme vous le savez très bien, j’ai besoin de retrouver mes facultés physiques et d’avoir l’esprit tranquille pour passer sans encombre mon baccalauréat. Ceci dit, je voudrais que Mahefa ne vienne plus ici.
- Mais que dis-tu ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Il est ton petit ami et...
- Non papa, Mahefa et moi n’avions rien à partager depuis le début. Il prétendait avoir conquis mon cœur, mais je lui ai toujours considéré comme mon grand frère, tout comme Manoa d’ailleurs. Je n’ai que 16 ans, je vous rappelle.
- Ma chérie, je crois que tu délire...
- Mais non ! Pour être claire, je vais vous raconter ce qui s’est réellement passé le jour de cet incident. J’étais avec Manoa à Ankatso quand les étudiants sont entrés en grève. Nous avions essayé de nous échapper aux affrontements entre les forces de l’ordre et les grévistes. Malheureusement, une grenade lacrymogène est tombée en face de moi. Comme je suis amblyope, ce gaz toxique m’a aveuglée. Et la violence de choc a été telle que je suis tombée dans le coma sur le coup. Si Mahefa n’étais pas avec nous ce jour-là, c’était tout simplement parce qu’il était jaloux de Manoa.
- Randy...
- Suis-je illuminée ou ai-je recouvré la vue ? Peut-être les deux. Papa, maman, je vous vois désormais...