En gage, mens !

En gage, mens !
En garde, tu mens !
Qui ça ?
Le Mans
Les rillettes ou les risettes ?
Tu te fous de moi tu crois vraiment que j'ai envie de rire je rentre en sueur la serviette autour du cou rincé mes cheveux collent collent au front j'ose pas regarder en face mes voisins ils sont là me font une haie d'horreur me montrent du doigt je représente la ville et j'ai perdu j'ai marqué contre mon propre camp ça s'est joué à un point ils se sont rués sur moi ont enjambé les barricades m'ont étranglé fait des doigts d'honneur pourtant pourtant j'étais célèbre adulé en première page du bulletin municipal ouais ouais mais la notoriété peut vite tourner à l'envers je marche dans cette rue baskets aux pieds je rentre chez ma mère penaud honteux de quoi ? Y a pas mort d'homme quand même non mais c'est tout comme la finale exterminée la finale adieu ils ont déchiré la banderole du club mon maillot mon short j'ai fui on m'a fait baisser la tête fait rentrer dans une voiture heureusement sinon je sais pas dans quel état je serais j'avance entre cette haie d'horreur ces sourires sardoniques ces voisins amis hier on représente tant de choses pour eux l'espoir on personnifie l'espoir pourtant on n'est pas Dieu on n'a pas d'yeux à poser sur notre honte le sport exulte les émotions les porte à leur paroxysme colère joie tous se lèvent comme un seul homme célèbrent réussites défaites comme si c'était de leur cœur qu'elles jaillissaient je suis rentré je m'assois je me regarde sur ces affiches je les arrache une à une je suis déçu j'ai déçu j'en fais une boule j'ouvre la fenêtre je la balance je tombe dans tes yeux toi tout petit enfant tu avances tu déplies la feuille lisses le côté blanc le côté vierge déposes ton cartable au sol sors tes feutres visses le capuchon sors la langue t'appliques et traces dessus...
un grand soleil