Dure journée

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Je n’en sais rien, je n’arrive plus à émettre la moindre réflexion. Mon esprit n’est plus sous contrôle. J’ai la tête qui semble vouloir exploser. Vous savez ? Ce sentiment que votre cerveau veut s’échapper par votre front. Mais ne vous méprenez pas, j’ai aussi le cœur qui ne tient plus. Il n’en peut plus à force de contenir toutes ces émotions. Ce n’est donc pas un début de paludisme. Ce soleil si brûlant aggrave la situation. Mes pieds si costauds ne tiennent presque plus. Mes bras suffoquent, entraînant la paralysie des mains. J’ai à peine le temps de fermer son message que je me retrouve face à ma porte. Mes yeux commencent à s’ouvrir à nouveau. J’ai parcouru tout le chemin de l’école à chez moi sans m’en rendre compte. Je frotte mes yeux : je ne dormais pas c’est sûr. Je lève la tête : Le soleil est bien présent et au zénith d’ailleurs. Que m’arrive-t-il ? Je parviens à me glisser dans ma chambre et sans prendre la peine de retirer mes vêtements, je m’affale sur mon lit. Un lit à moitié délabré avec un côté composé de fers qui piquent quand on n’y prend pas garde. Ces fichus fers, je ne sais pas s’ils m’ont piqué ou pas. La douleur intérieure est bien plus forte que celle physique en ce moment. Tout semble s’arrêter autour de moi. Je ne sais pas si je dors ou si c’est seulement l’absence d’éclairage dans la pièce trop étroite qui me donne cette impression. Une chose est certaine, je pense toujours. Les mots de son message me reviennent toujours. Elle ne veut plus de moi.
Il y’a des personnes qui vous inspirent, certaines aussi suscitent en vous du dégoût. Sandy avait fait partie du premier cas jusqu’aujourd’hui.
J’ai connu Sandy il y’a deux ans. Un ami me l’a présenté un soir alors qu’on se faisait une partie de basketball. C’est une amie à moi m’a-t-il dit ce soir-là. Alors que je venais de rater un panier en posant mon regard sur Sandy, j’étais resté stupéfait, cloué au sol, la bouche bée, face à cette créature. Le coup de foudre dit-on. Elle était d’’une beauté à couper le souffle. Vêtue d’une robe de couleur rose, qui laissait percevoir ses formes si bien taillées et suscitant en vous une envie tellement forte que vous vous demandez si une créature de cette envergure existait vraiment. Ne serait-ce pas un rêve ? Non, je ne dormais pas. Son prénom Sandy rimait avec sourire. Prononcez-le-vous vous en rendrez compte. Un sourire qui mettait à découvert ses dents toutes blanches. Son visage rayonnait et ses cheveux dans lesquels elle n’arrêtait pas de passer ses doigts si fins retombaient le long de son dos. « Lui c’est un ami de longue date à moi du nom de Mike ». Je sortis de mon rêve en entendant mon prénom que Anass venait de prononcer. Je n’arrivais pas à croire que tout cela s’était passé en une fraction de seconde. De nature timide, je n’eus pas le courage de procéder à un échange de contacts. Ce n’est que plus tard, grâce à l’aide d’Anass que j’étais parvenu à rentrer en contact avec Elle. Mais je parvins quand même à conquérir son cœur.
Ce fût le début d’une belle histoire pour moi.
Mes sentiments pour ma bien-aimée étaient tels que savoir qu’elle était souffrante d’un simple rhume était très choquant. Mais savoir qu’elle en était guérie me déchargeais de toute cette tristesse ; ce choc. Nous partagions tout. Nous nous disions tout. J’apprenais beaucoup de choses avec elle ; Durant ces deux années de romance, Sandy m’avait appris à moi qui n’avait aucune notion en amour avant ; elle m’avait appris qu’aimer c’était savoir écouter. Savoir comprendre. Mais aussi et surtout pouvoir accepter et pardonner. J’étais parvenu à cultiver en moi cette vertu qu’est la patience. Je me rappelais fréquemment cette phrase d’un de mes professeurs du lycée qui disait qu’« être patient c’est l’une des qualités que l’on doit avoir pour mieux gérer une relation ; de quelque nature qu’elle fut ». Je voyageais très souvent pour effectuer des reportages. Oui, j’étais en effet un étudiant stagiaire en journalisme. Sandy et moi pouvions donc passer deux à trois semaines sans nous voir. Alors elle m’écrivait pour avoir de mes nouvelles et vice versa. Je me rappelle encore ce message qu’elle m’avait envoyé alors que je n’étais parti que pour une semaine. Elle me disait ce jour-là : « Comment puis-je passer une semaine loin de toi ? Ne pas te voir, ne pas pouvoir poser mes lèvres sur les tiennes est pire que la maladie. Car le sourire sur mon visage s’en est allé avec toi. Vivement que vienne le week-end et que je te revois... » Je lui répondis en ces termes : « Un bon vieux proverbe Africain dit que le sourire est le meilleur thermomètre de la santé et du bonheur. Alors fait l’effort de sourire. Mes larmes coulent, mon cœur se resserre : ta belle voix d’ange me manque ».
Aujourd’hui encore j’ai reçu un message et il est bien de toi ce message. Mais aujourd’hui tu as utilisé des mots poignants, des mots qui blessent. Pas à la manière du couteau, pire encore ces mots entraînent une blessure intérieure qui est bien plus grave que celle physique.
Aujourd’hui encore, couché seul dans cette chambre, ma chambre si étroite, sur ce lit, mon lit à moitié délabré. Seul avec mon sac, mon sac que j’ai jeté par terre. Seul, regardant ma caméra, cette caméra qui semble aussi triste que son propriétaire, mais pour lui. Mes larmes coulent, mon cœur s’est tellement resserré qu’il s’est brisé. Oui, hier encore je me réjouissais. Aujourd’hui je pleure, me demandant ce que j’ai bien pu faire. Ton message d’aujourd’hui est bien différent de celui d’hier Sandy. Tu veux me quitter toi qui m’a fait tant rêver. Tu veux me laisser seul toi qui remerciais ma mère de t’avoir donné le privilège de me connaître.
Mike, Sandy c’était donc une illusion ? Me demande-je.
Une voix intérieure me donne la réponse à ma question.
Non Mike, tout ceci n’aurait pas été une illusion si tu avais été plus observateur. Si et seulement si tu n’avais pas eu cette confiance aveugle en l’amitié, tout se serait tellement bien passé. Tout est de ta faute.
Oui tout est de ma faute. Cette voix conseillère avait bel et bien raison. La raison de cette rupture qu’a avancé Sandy est qu’elle aime un autre avec qui elle sort déjà depuis un bon bout de temps. Je me sens à la fois trahit et con puisque cet autre c’est un ami à moi. Celui-là même qui m’a permis de la rencontrer. Je m’étais imaginé tous les scénarii possible mais jamais celui-là. Il faut dire que la vie nous réserve souvent des surprises. La confiance devrait être à mon avis soustraite du vocabulaire des hommes. Car il n’y a plus une seule personne dans ce monde qui mérite qu’on lui fasse confiance. Ne jamais mettre sa confiance en quelqu’un, même en ses proches et surtout en ses proches est la meilleure manière d’être sûr que l’on ne va pas se retrouver à pleurnicher un de ces jours dans un coin de sa chambre et tout seul. J’avais aveuglément fais d’Anass mon confident. Et il s’est servis de cette confiance aveugle que j’avais mis en lui pour attirer celle qui était censé n’être que son amie. Enfin c’est du moins ce qu’il me faisait croire.
Mais je crois finalement que ce n’était qu’un leurre Mike et Sandy. J’aurais mieux fais de prendre mon courage à deux mains et l’aborder moi-même le jour où je l’ai rencontré pour la première fois au lieu d’y impliquer ce soit disant ami.
Je me rend compte maintenant mais c’est trop tard.
Victime d’une trahison.