Du sourire des femmes naissent les étoiles

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Grand-père disait souvent que du sourire des femmes naissent des étoiles. Je n'ai jamais compris à quel point il avait raison. Jusqu'à aujourd'hui.

À sept ans, tout ce dont j'étais sûr était que cette image me plaisait et que s'il n'y avait pas d'étoiles à observer, je ne pourrais jamais devenir astrophysicien comme je l'espérais. Alors, nous nous appliquions, avec mon jumeau Augustin, à faire rire notre entourage féminin dès que possible pour faire apparaître des étoiles dans le ciel et tous les soirs nous observions à travers la lunette le fruit de notre travail. Sous le regard bienveillant de Grand-Père, nous nous exclamions à chaque découverte stellaire dont nous nous attribuions la création. Nous la baptisions d'après la femme qui avait le plus ri dans la journée et après quelques mois, nous nous félicitâmes en trinquant au Champomy de l'apparition de Maman 99, juste à gauche de l'étoile polaire.

Cet engouement dura quelques années.

À seize ans, Augustin et moi étions devenus les clowns de la classe et le manque d'humour était bien l'une des rares choses que nos professeurs ne pouvaient nous reprocher.

Grand-père vieillissait à vue d'œil et nous avions désormais du mal à le considérer autrement que comme un vieillard radoteur. Ses belles paroles ne trouvaient plus grâce à nos yeux.

« Du sourire des femmes naissent des étoiles, Alban », me répétait-il tel un mantra auquel il se raccrochait pour traverser seul les dernières années de sa vie.

Et il y mettait encore plus de ferveur, sans que j'y prête grande attention, lorsque le jeune idiot que j'étais rompait avec une fille de manière peu cavalière.

Il nous le redit une ultime fois sur son lit de mort en nous faisant promettre de ne pas l'oublier. Il s'en alla une nuit où le ciel était clair et serti d'étoiles, aussi discret qu'un soupir, heureux d'enfin rejoindre Grand-mère.

Son mantra fut alors relégué dans un coin de nos esprits, comme on abandonne au grenier un vieux meuble qui ne sert plus mais qu'on ne peut se résoudre à jeter.

Pourtant, je m'en suis souvenu aujourd'hui. Je patientais depuis des heures dans le couloir quand Augustin s'est précipité vers moi, ivre de bonheur :

« Alban, ça y est ! ça y est, c'est une petite fille ! »

Je pénétrai à sa suite dans la chambre blanche où sa femme Julie était alitée.

Dans ses bras un nourrisson emmailloté, ma nièce, gigotait en regardant son père de ses grands yeux ronds. Toutes deux lui souriaient.

Dans les yeux d'Augustin brillaient des milliers d'étoiles.

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