Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître, Objecta Lana furieusement. Mais que croyait-il donc ? Quel était son esclave ?

Solidement campée sur ses jambes, elle soutenait avec défi le regard de l'être le plus abject qu'elle n'ait jamais vu. C'était un homme d'apparence Bon chic bon genre, tout de blanc vêtu mais qui contrastait avec la noirceur de son âme, elle en mettrait sa main à couper.

-Lana s'il te plait, retentit la voix pleurnicharde de sa mère derrière elle, ne parle pas comme ca au maitre. Il est la Lumière qui nous guidera et...
-Maman, l'interrompit-elle en hurlant, tu es devenue folle ou quoi ? Tu ne sais plus ce que tu dis. Je t'ai accompagné dans ce voyage pour que que tu sentes mieux, mais là tu dépasses les bornes. Tu ne vois pas que ce type est un demeuré, un fou qui te manipule. Si tu veux rester ici, libre à toi, mais moi je ne reste plus une minute dans cet endroit s'écria-t-elle en s'élançant vers la sortie.

Mais comme par magie deux hommes baraqués apparurent devant elle et lui bloquèrent la sortie. Mais d'où sortaient-ils ? C'etait quoi cet endroit à la fin ?

-Mais qu'est ce que tout cela signifie ? demanda-t-elle en faisant volte face à sa mère et à cet ignoble imposteur restés debout au centre de la pièce.
-Ma chérie c'est pour ton bien, essaye de me comprendre ma puce, c'est endroit est parfait pour nous après tout ce qu'on l'a vécu cette année et après ton incident....
-Maman, n'en dis pas plus siffla-t-elle avec une voix remplie de douleur. Maman, appela-t-elle avec une douceur toute nouvelle dans la voix en s'approchant d'elle et en lui tenant les mains, je sais que tu as de bonnes intentions, mais je ne veux pas rester ici, je veux partir je t'en prie.

Et juste au moment où elle sentit que sa mère était sur le point de flancher, résonna cette voix détestée entre toutes :
-Malheureusement, ce n'est pas possible pour l'instant ma fille, déclara-t-il d'une voix doucereuse et en faisant un pas vers Lana qui recula aussitôt. Ta mère agit ainsi pour ton bien. Ce monde dans lequel tu veux retourner t'a déjà entrainé dans les ténèbres et il te détruira. Ici tu trouveras la lumière dont tu as besoin et elle te guidera. Ici tu seras en sécurité loin de tous tes démons, des perversions que le monde recèle. Tout le monde vit un bonheur absolu, ils n'ont plus à s'inquiéter des choses pénibles de l'existence. Le Grand maitre m'a placé pour être leur chef, leur guide sur le chemin de la lumière. Ta mère m'a raconté ce qui s'est passé....
-Dis-moi que t'a pas fait ca maman, dis-moi que n'as pas osé raconter à ce pervers cette histoire ?

Devant le silence coupable de sa mère, Lana entra dans une rage folle et commença à envoyer valser tout ce qui se trouvait sous sa main. Elle hurlait de douleur et de rage, quand elle sentit deux grands bras la retenir et la piqure d'une aiguille enfoncer dans la chair tendre de son bras. Elle eut juste le temps d'entendre, ce cher Monsieur dire à sa mère en pleurs dans ses bras avant de sombrer dans les ténèbres :
«  Faites confiance au Grand maître, ici vous serez en sécurité et rien ne pourra vous nuire.

Quelques bonnes minutes plus tard, Lana émergea lentement de son sommeil.
Elle se retrouvait couchée dans une petite pièce sombre sur un matelas posé à même le sol. Elle voulut se lever quand elle entendit des pas se rapprocher et entrèrent dans la petite pièce. Elle décida de rester immobile et de continuer à faire semblant d'être encore inconsciente.
-Ah ! C'est elle qui te cause tant de soucis, retentit une voix de femme qui ne lui était pas totalement inconnue.
-Effectivement mon ange. C'est un vrai petit démon, lui répondit l'autre personne qu'elle considérait comme étant le maître.
-Mais pour ce que sa mère et elle nous rapporte, un petit désagrément ne vaut pas grand-chose.
-On dirait que tu es tombée sur le coup du siècle. Je comprends que tu n'as pas pu résister à gagner encore plus d'argent pour notre fuite, ma colombe. Mais après avoir récupéré tout son argent, on s'en va pour les caraïbes, où l'on ne nous retrouvera jamais. D'ailleurs penses-tu que la police se doute de quelque chose ?
-Impossible mon chéri, qui pourrait soupçonner la respectable psychologue Mme Carmine qui œuvre tant pour ces patients à quelque chose d'aussi monstrueux ? personne ne pourra penser que je manipule mes clientes fortunées et sans famille proche, les drogue et les envoie à l'autre bout du pays dans un endroit ou on leur chante les merveilles d'un monde sans problèmes. On est juste des petits génies. D'ailleurs, on ne peut établir aucun lien entre nous.
-Et quand je pense qu'on menait une vie misérable trois ans auparavant. Il a juste fallu qu'on allie ton charisme et mon imagination débordante et nous voilà maintenant à la tête d'une fortune colossale. Mais tu dois partir pour ne pas rater ton avion, je viendrai te voir la semaine prochaine. Et ils sortirent de la pièce chacun de leur coté.

Restée enfin seule, Lana pleura toutes les larmes de son corps. Pendant la conversation de ces monstres, elle aurait voulu leur sauter à la gorge mais un éclair de lucidité l'a fait comprendre que ce n'était pas la chose à faire. Ces gens-là étaient capables de tout et elle devait trouver un moyen de les faire tomber. Elle détenait déjà des informations importantes. Si seulement elle pouvait se procurer un téléphone. Elle n'arrivait pas encore à croire à tout ce qu'elle avait entendu. C'était tellement machiavélique et tout ca pour de l'argent. En plus, elle se sentait tellement coupable de tout ce drame dans sa vie et celle de sa mère. Si seulement, elle n'était pas rentrée ce jour-là, si seulement elle était partie avec son amie comme elle le lui avait proposé. Et les souvenirs qu'elle essayait d'oublier pendant ces six derniers mois remontèrent à la surface.

Tout a commencé quand elle était venue visiter sa mère et son beau-père pendant l'un de ses congés à l'université. Elle n'aimait pas particulièrement le mari de sa mère, soupçonnant qu'il en avait après son argent. Mais voyant sa mère chérie de nouveau heureuse, elle consentit à faire des efforts pour ne pas ternir son bonheur. Mais les regards que cet homme posait sur elle était bien loin des regards d'un père sur sa fille. Et quand ce soir-la, il est venu l'accoster en l'absence de sa mère, elle était particulièrement apeurée et terrifiée. Elle avait essayé de se libérer de cette brute de toutes ses forces mais il était bien plus fort qu'elle. Il la rouait de coups à chaque fois qu'elle essayait de se défendre, et quand elle était suffisamment affaiblie et bien amochée, il la tenait fermement d'une main pendant qu'il la violentait sous ses hurlements. Il remontait son pantalon lorsqu'elle entendit le coup de feu et vit le corps de son beau père s'écrouler à côté d'elle et sa mère tenant l'arme entre ses mains.

Et commença sa descente aux enfers. Elle ne retourna pas à l'université, enchaîna les boîtes de nuit et commença à consommer de la drogue. Elle devint agressive se battant avec tout le monde. Elle rechercha de plus en plus des sensations fortes pour oublier toute cette douleur qui lui comprimait la poitrine. Et plus que tout elle se sentait coupable du malheur de sa mère et ne pouvait la regarder dans les yeux ou communiquer avec elle. Leur relation si harmonieuse se trouva donc détériorée. Et quand sa mère, elle-même traumatisée, et sous les conseils de sa Psy l'invita à faire ce voyage pour se ressourcer, elle accepta dans un sursaut de conscience et avec l'objectif de reprendre sa vie en main. Mais il se trouvait que tout ce voyage était une affreuse combine pour dépouiller sa mère de son argent.
-Oh mon Dieu, je dois sortir d'ici. Pensa Lana affolée. Je dois chercher des preuves à l'extérieur et revenir sauver ma mère et tous ces gens.

Et comme un déclic, elle sut exactement ce qu'elle devait faire.