Ces deux jeunes oiseaux,
Nés dans des nids voisins ou d'autres plus lointains,
Qui se font des bécots ;

Oiseaux liés du destin,
Sur les étendues d'eau, les trois-mâts, les cargos,
Horizons pérégrins ;

Ils cherchent un perchoir, un refuge, un nichoir,
Mais jamais une cage.
Immensité volage,
Bises des joues du vent, ils voltigent pour voir,
De voiles en auvents et déblaient les nuages.

Émouvants et pimpants, ils tanneront leurs plumes,
Au sel des continents,
Au poivre de l'écume,
Au grain des océans.

Quel fameux carrousel
Où rétamer ses sens sur l'étroit fil d'une aile !

Puis ils accosteront et feront de leur mieux
Sur un rivage aigu, exposé aux tempêtes,
Pour gazouiller, têtus, leurs trilles amoureux
Jusqu'à ce que, chenus, leur faim soit satisfaite.

Leur faim de vivre à deux.

Alors, yeux facétieux, vieux, tendres et sereins,
Ils se rappelleront de leurs terrains de jeux
Sur la toile de fond des ondes et des cieux.

Puis au soleil mourant, dardant l'heureuse fin,
Deux becs s'inclineront devant le grand dessein.