C'était le matin, il faisait sombre et je sortais d'une boite de nuit. J'avais passé la soirée et la nuit à danser, une ombre étrange a foncé sur moi dans la rue, une douleur immense dans mon dos... et c'est tout ce dont je me souviens.
*
Je me suis réveillée peu après (je pense), sur le bitume et ma mère s'est précipitée vers moi. Un horrible mal de tête m'a assaillie et j'ai gémi.
-Tu as été attaquée par un animal étrange. Un lion, d'après la police et le docteur. Il s'est drôlement inquiété des marques de griffes que tu as dans le dos.
Un animal étrange ? Ma mère me révèle qu'il y a aussi des plumes sur le sol. Elle a raison, des plumes rousses sont éparpillées par terre. En fouillant autour de moi, je découvre qu'une poubelle a été renversée, et que de grosses traces de pattes, aussi grosses que des pattes de lion marquent la boue du square.
Mon cœur rate un battement. J'appelle à la rescousse mes amis, Mara et Ève, qui partagent la même passion que moi : depuis toujours, je veux devenir détective ! Elles accourent et je leur explique mon plan : démasquer et capturer ce mystérieux animal qui, pour moi, ne peut être qu'un griffon !
Évidemment, elles me rétorquent que je déraille. Mais, au vu des indices, elles admettent avec réticence que tout concorde : de grosses empreintes de pattes de lion dans la terre, des plumes virevoltant dans le vent, les traces de griffes dans mon dos... nous décidons de nous rendre au centre informatique de notre ville, Tararia.
Grâce à nos talents de détectives, après de nombreuses heures de recherche, nous découvrons ainsi qu'un centre de manipulations génétiques a été ouvert, puis, inexplicablement, fermé par le gouvernement une semaine auparavant.
- Hum, fait Mara. Et si notre mystérieux griffon était issu de ce centre et s'était sauvé lors de sa fermeture ?
- Qu'en penses-tu, Camille ?
Mes amies seraient bien surprises, de ce que j'en pense ! Je viens d'apercevoir par la fenêtre des plumes par terre.
-Les amies, je déclare. C'est l'heure de poser nos pièges !
Heureusement, le griffon n'est pas très discret, et nous repérons des traces un peu partout dans la ville.
-Bon, notre griffon n'est visiblement pas encore aller manger. Il y a donc fort à parier que son prochain arrêt soit le parc naturel.
-Mais oui ! répondit Ève. Le parc est plein de petites bêtes.
-Pauvres petites bêtes... renchérit Mara.
Direction l'établi de mon père, fou de bricolage, pour emprunter tout le nécessaire à piège : un filet de pêche ultra-résistant (il voulait en faire une poubelle, je crois...) et des cordes pour accrocher le filet.
Maintenant, au parc ! Comme nous trouvons une poubelle renversée, et des empreintes de lion, je claironne que mon instinct de détective ne m'a pas trompée. Nous posons notre filet devant la buvette du parc, fermée le dimanche, avant de filer nous cacher dans les fourrés. Quelques instants plus tard, nous entendons des grognements suspects.
Notre griffon !
- Nous l'avons ! je m'écrie.
- Non, c'est juste un blaireau, dit Ève, déçue.
- Crotte ! hurle Mara. On y était presque !
- C'est sûr, vu comme tu cries..., je lui rappelle.
Quelque peu découragées, nous nous cachons de nouveau. Pourtant, plus tard nous attrapons de nouvelles proies : un écureuil, et une famille de souris. Nous décidons malgré tout de dormir sur place.
Bingo !!! Après quelques heures, nous sommes réveillées par des pépiements. Le griffon ! Ce n'est pas un adulte, c'est un bébé ! Mais il fait déjà la taille d'une moto... il est roux, un peu pataud et trop craquant. Ses quelques plumes noires sur le haut de sa tête lui font une houppette et son petit bec orange claque dans le vide. Ses longues griffes rendent impressionnant ce mignon portrait.
-Ooooooooooooooh ! nous disons dans un bel ensemble.
-Nous devons le ramener à sa mère ! je décide.
-Euh... font mes amies. Peut-être qu'il n'a pas de mère, c'est un animal génétique.
-Si, il en a une ! je leur dis. Regardez, ce petit point bleu sur son ventre, c'est un nombril ! Ce petit gars a donc une mère ! Retour à l'espace multimédia pour la retrouver !
Nous décidons de nommer le petit Croc-Blanc, en l'honneur de ses débuts pas facile. Nous le laissons caché dans l'un des toilettes du parc mise hors service.
Une fois à l'espace multimédia, nous plongeons dans les ordis. Nous découvrons des témoignages traces d'animaux étranges dans la montagne Boisjolis, la plus belle des montagnes, qui se trouve justement dans le parc naturel.
-Allons-y ! Et emmenons le bébé, au cas où.
Une fois dans la montagne, nous nous mettons à chercher : cette montagne n'est heureusement pas la plus grande ! Nous trouvons vite des traces de griffon. Nous grimpons jusqu'à une mystérieuse caverne cachée derrière des buissons... Et Bang ! Une majestueuse griffonne en sort et nous saute dessus ! Nous hurlons. Elle pousse des grognements bestiaux, et semble chercher quelque chose. Heureusement, elle semble prudente et retient ses griffes. Dès qu'elle aperçoit son bébé, elle se calme, se dirige vers lui et le prend dans son bec. Elle nous adresse un grognement amical, puis disparait avec Croc-Blanc dans les fourrés.
Au fond, il va nous manquer, même si j'ai encore le souvenir cuisant de ses griffes dans mon dos.
- Au revoir, Croc-Blanc, murmure Ève.
- Vis une longue et belle vie ! fait Mara.
- Et n'attaque plus les humains ! je dis, en riant.
- Bon, je continue en me tournant vers mes amies, l'affaire Griffon en Détresse est officiellement close !
- Et si nous allions manger une glace chez le glacier ? dit Ève.
- Bonne idée ! renchérit Mara.
- A Noël prochain, je demanderais un chat, j'annonce.
Et c'est ainsi que se termina l'histoire fabuleuse du griffon.