Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.
Suis-je mort ou encore vivant ? Que se passe-t-il ?
Ma tête me fait mal, mes souvenirs sont embrouillés.
Autour de moi, j’entends des voix. Des voix qui me semblent familières. Ils avaient l’air inquiets. Mais que se passe-t-il ? J’étais au sol étalé ressentant une vive douleur à la tête. Ai-je eu un accident ? J’étais d’autant plus déconcerté par le vide dans ma tête que par les voix autour de moi.
Pleurs, sanglots et tristesse prenaient la place de l’atmosphère d’habitude détendue. Mais que se passe-t-il ?
Sur le moment, j’entendis quelqu’un prononcer le nom de ma mère entre deux pleurs. Ma mère ? Mais que lui était-il arrivé ? D’un coup, tout me revenait petit à petit. Mon téléphone, l’appel de mon frère, sa voix tremblante, cette phrase : « Maman est morte ».
Je me relève d’un coup, et je commence à chercher mon téléphone. A-t-il vraiment dit ce qu’il a dit ? Ou n’était-ce qu’une blague de mauvais goût ? Je devais en avoir le cœur net. Mais je fus tout de suite confronté à la muraille que formaient les gens autour de moi. Ils me disaient de me calmer. Mais comment puis-je me calmer, si dans ma tête ces phrases ne faisaient que passer en boucle ? Je ne voulais qu’une chose, qu’on me laisse tranquille, qu’on me dise ce qui s’était passé, qu’on me dise la vérité.
Cependant, l’évidence était sous mes yeux. Je pouvais lire sur leur visage la tristesse, des larmes qui me parlaient à leur place. C’était donc vrai, oui, j’avais bien entendu. Une vive émotion me parcourut à cet instant. Je me sentis brisé ; j’étais meurtri. J’étais en larmes, je pleurais de toutes mes forces. Jamais, de ma vie, je n’ai autant pleuré. La douleur que je ressentais me faisait souffrir. Ma mère était partie loin de moi sans que je ne puisse la voir une dernière fois.
Les jours qui ont suivi ont été les plus pénibles de ma vie. Je pleurais à chaque instant, je pleurais en la voyant à chaque fois que je fermais les yeux. Moi qui d’habitude étais un gros mangeur, je perdais l’envie de manger. Même le goût de mes plats préférés me paraissait tellement fade. Je n’avais envie de rien, ou plutôt que d’une seule chose : revoir ma mère.
La douleur était d’autant plus grande, car je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais pas rentrer au pays. J’étais dans un pays étranger et la situation que traversait le monde ne favorisait pas les déplacements. Les frontières étaient fermées. Une mauvaise période pour ce genre d’épreuves, mais la grande faucheuse n'arrête en aucune situation son travail. Elle, elle n’était pas confinée et vaquait encore librement à ses sinistres occupations.
Mon quotidien était devenu tristesse et déprime. Mes amis essayaient de me soutenir en me disant d’être fort, d’être courageux. Mais comment être fort quand un des piliers principaux qui me soutenaient venait de tomber ? J’affichais pour eux un sourire trompeur pour ne pas les inquiéter, mais au fond de moi mon cœur saignait, mon âme criait, tout mon être pleurait.
Au pays, tout s’accélérait ; la famille avait décidé de vite faire les choses et avec cette situation mondiale, c’était tout à fait normal. Ainsi, l’enterrement aura lieu dans deux semaines.
De mon côté, j’essayais de gérer comme je pouvais. J’essayais d’aller mieux, de ne pas trop y penser, de profiter des moments passés avec mes amis, mes proches et tous ceux qui jour après jour venaient me remonter le moral. D’un côté, ça m’agaçait un peu, mais de l’autre ça me faisait un grand bien. C’est dans ce genre de situation que l’on reconnaît ses vrais amis, ceux qui nous considèrent vraiment et qui tiennent à nous. Leur présence était pour moi un soutien véritable, leurs épaules étaient là pour accueillir mes larmes. Ils étaient là pour moi et je leur en étais reconnaissant.
Peu à peu, je commençais à retrouver un peu de ma joie. Le pourcentage était minime, mais c’était déjà ça. Je passais des heures à discuter avec ma sœur qui vit au pays.
Généralement on se parlait peu depuis mon départ, mais cette situation a tout changé. J’ai pris conscience de la fragilité de la vie humaine et de son imprévisibilité. Oui, tout peut basculer d’un moment à un autre et il faut vivre pleinement, mais sûrement notre vie.
C’est ainsi que les jours et les nuits sont passés jusqu’au jour de l’enterrement. Le jour que je redoutais était venu. Le vin était tiré et il fallait le boire.
Seul, dans ma chambre, j’étais comme pieds et poings liés. Loin de mon pays, je ne pouvais que suivre la cérémonie faite dans l’intimité familiale à travers les images qui m’étaient envoyées. Je ne pouvais pas faire grand-chose, mais je pouvais faire ce que je savais faire le mieux.
Stylo en main, je rendais donc un dernier hommage à celle qui m’a donné la vie.
« Très chère maman. On aurait voulu repousser indéfiniment ce moment inévitable, mais on se rend à l’évidence que c’est impossible.
Tu t’en es allée et aujourd’hui, tu t’installes dans ta dernière demeure.
Durant toute une vie, tu nous as donné tout l’amour que tu avais, tu nous as surprotégés. Tu as été une mère.
Au début de ce mal qui doucement a commencé à te ronger, nous étions là. Il nous arrivait même de souffrir à ta place. Mais comme une mère qui ne cherche que le bonheur de ses enfants, tu nous disais de ne pas être tristes, d’être forts car ce moment passera. Mais le Tout-Puissant en a décidé autrement.
Si le paradis existe alors il est fait pour toi. Sans fausse modestie, il n’y avait pas plus gentille que toi, il n’y avait pas plus aimable, il n’y avait pas plus optimiste. Même sous les coups de la maladie, tu gardais espoir en faisant des programmes pour les moments où tout irait mieux. Aujourd’hui, tu vas mieux, mais loin de nous. C’est dur, c’est terriblement dur, mais nous savons que maintenant, tu ne souffriras plus.
Tu es partie laissant un grand vide.
Tu nous manques, tu nous manqueras et on aimerait te rejoindre, mais nous savons que tu ne le voudras pas. Alors nous te promettons de te rejoindre le plus tardivement possible. Nous te promettons de respecter tout ce que tu nous as appris pour te rendre fière.
Maman, nous t’aimons énormément, mais le bon Dieu t’aime plus. Merci pour ces doux moments passés avec nous. À jamais tu resteras dans nos cœurs repose en paix »
Suis-je mort ou encore vivant ? Que se passe-t-il ?
Ma tête me fait mal, mes souvenirs sont embrouillés.
Autour de moi, j’entends des voix. Des voix qui me semblent familières. Ils avaient l’air inquiets. Mais que se passe-t-il ? J’étais au sol étalé ressentant une vive douleur à la tête. Ai-je eu un accident ? J’étais d’autant plus déconcerté par le vide dans ma tête que par les voix autour de moi.
Pleurs, sanglots et tristesse prenaient la place de l’atmosphère d’habitude détendue. Mais que se passe-t-il ?
Sur le moment, j’entendis quelqu’un prononcer le nom de ma mère entre deux pleurs. Ma mère ? Mais que lui était-il arrivé ? D’un coup, tout me revenait petit à petit. Mon téléphone, l’appel de mon frère, sa voix tremblante, cette phrase : « Maman est morte ».
Je me relève d’un coup, et je commence à chercher mon téléphone. A-t-il vraiment dit ce qu’il a dit ? Ou n’était-ce qu’une blague de mauvais goût ? Je devais en avoir le cœur net. Mais je fus tout de suite confronté à la muraille que formaient les gens autour de moi. Ils me disaient de me calmer. Mais comment puis-je me calmer, si dans ma tête ces phrases ne faisaient que passer en boucle ? Je ne voulais qu’une chose, qu’on me laisse tranquille, qu’on me dise ce qui s’était passé, qu’on me dise la vérité.
Cependant, l’évidence était sous mes yeux. Je pouvais lire sur leur visage la tristesse, des larmes qui me parlaient à leur place. C’était donc vrai, oui, j’avais bien entendu. Une vive émotion me parcourut à cet instant. Je me sentis brisé ; j’étais meurtri. J’étais en larmes, je pleurais de toutes mes forces. Jamais, de ma vie, je n’ai autant pleuré. La douleur que je ressentais me faisait souffrir. Ma mère était partie loin de moi sans que je ne puisse la voir une dernière fois.
Les jours qui ont suivi ont été les plus pénibles de ma vie. Je pleurais à chaque instant, je pleurais en la voyant à chaque fois que je fermais les yeux. Moi qui d’habitude étais un gros mangeur, je perdais l’envie de manger. Même le goût de mes plats préférés me paraissait tellement fade. Je n’avais envie de rien, ou plutôt que d’une seule chose : revoir ma mère.
La douleur était d’autant plus grande, car je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais pas rentrer au pays. J’étais dans un pays étranger et la situation que traversait le monde ne favorisait pas les déplacements. Les frontières étaient fermées. Une mauvaise période pour ce genre d’épreuves, mais la grande faucheuse n'arrête en aucune situation son travail. Elle, elle n’était pas confinée et vaquait encore librement à ses sinistres occupations.
Mon quotidien était devenu tristesse et déprime. Mes amis essayaient de me soutenir en me disant d’être fort, d’être courageux. Mais comment être fort quand un des piliers principaux qui me soutenaient venait de tomber ? J’affichais pour eux un sourire trompeur pour ne pas les inquiéter, mais au fond de moi mon cœur saignait, mon âme criait, tout mon être pleurait.
Au pays, tout s’accélérait ; la famille avait décidé de vite faire les choses et avec cette situation mondiale, c’était tout à fait normal. Ainsi, l’enterrement aura lieu dans deux semaines.
De mon côté, j’essayais de gérer comme je pouvais. J’essayais d’aller mieux, de ne pas trop y penser, de profiter des moments passés avec mes amis, mes proches et tous ceux qui jour après jour venaient me remonter le moral. D’un côté, ça m’agaçait un peu, mais de l’autre ça me faisait un grand bien. C’est dans ce genre de situation que l’on reconnaît ses vrais amis, ceux qui nous considèrent vraiment et qui tiennent à nous. Leur présence était pour moi un soutien véritable, leurs épaules étaient là pour accueillir mes larmes. Ils étaient là pour moi et je leur en étais reconnaissant.
Peu à peu, je commençais à retrouver un peu de ma joie. Le pourcentage était minime, mais c’était déjà ça. Je passais des heures à discuter avec ma sœur qui vit au pays.
Généralement on se parlait peu depuis mon départ, mais cette situation a tout changé. J’ai pris conscience de la fragilité de la vie humaine et de son imprévisibilité. Oui, tout peut basculer d’un moment à un autre et il faut vivre pleinement, mais sûrement notre vie.
C’est ainsi que les jours et les nuits sont passés jusqu’au jour de l’enterrement. Le jour que je redoutais était venu. Le vin était tiré et il fallait le boire.
Seul, dans ma chambre, j’étais comme pieds et poings liés. Loin de mon pays, je ne pouvais que suivre la cérémonie faite dans l’intimité familiale à travers les images qui m’étaient envoyées. Je ne pouvais pas faire grand-chose, mais je pouvais faire ce que je savais faire le mieux.
Stylo en main, je rendais donc un dernier hommage à celle qui m’a donné la vie.
« Très chère maman. On aurait voulu repousser indéfiniment ce moment inévitable, mais on se rend à l’évidence que c’est impossible.
Tu t’en es allée et aujourd’hui, tu t’installes dans ta dernière demeure.
Durant toute une vie, tu nous as donné tout l’amour que tu avais, tu nous as surprotégés. Tu as été une mère.
Au début de ce mal qui doucement a commencé à te ronger, nous étions là. Il nous arrivait même de souffrir à ta place. Mais comme une mère qui ne cherche que le bonheur de ses enfants, tu nous disais de ne pas être tristes, d’être forts car ce moment passera. Mais le Tout-Puissant en a décidé autrement.
Si le paradis existe alors il est fait pour toi. Sans fausse modestie, il n’y avait pas plus gentille que toi, il n’y avait pas plus aimable, il n’y avait pas plus optimiste. Même sous les coups de la maladie, tu gardais espoir en faisant des programmes pour les moments où tout irait mieux. Aujourd’hui, tu vas mieux, mais loin de nous. C’est dur, c’est terriblement dur, mais nous savons que maintenant, tu ne souffriras plus.
Tu es partie laissant un grand vide.
Tu nous manques, tu nous manqueras et on aimerait te rejoindre, mais nous savons que tu ne le voudras pas. Alors nous te promettons de te rejoindre le plus tardivement possible. Nous te promettons de respecter tout ce que tu nous as appris pour te rendre fière.
Maman, nous t’aimons énormément, mais le bon Dieu t’aime plus. Merci pour ces doux moments passés avec nous. À jamais tu resteras dans nos cœurs repose en paix »