De l'école à l'alcool

« Maître ? vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous mais je ne vous appellerai pas maître », ceci sont des mots qui sortent d'une âme meurtrie d'un jeune apprenti coranique du nom de Aly. Ce dernier est un enfant mais bien différent des autres. Car il est exilé en permanence depuis l'âge tout petit, environ à peine de 6ans et n'a pas pu malheureusement avoir ni l'affection de sa maman ni celle de son père encore moins de celle de la famille en général. Jour pour jour qu'il souffrait, finalement Aly décide de briser le silence, de vomir sa haine et de se débarrasser des chaînes de courage à arracher des vies «mouñ mortel» comme on peut le voir dans les foyers religieux de la sous-région et plus particulièrement au Sénégal. Et pourtant le jeune Aly exécutait les ordres du maître sans réserve. Que c'est-il passé ? Pourquoi cette réaction aussi audacieuse et assourdissante ? N'en peut-il plus ? En a-t-il marre de souffrir en silence ? Il faudra tout simplement savoir que Aly, sans pour autant le savoir a redonné le sourire à tous ces jeunes talibés dans le foyer religieux. Car au campement des apprentis, la nouvelle a été apprise avec une joie incommensurable. Le petit Moussa comme on a l'habitude de l'appeler du fait de sa taille extrême petite avait surpris Aly et le maître dans la véranda.Ainsi il marchait à la hâte afin de livrer l'information à ses camarades.
_Jamais une nouvelle n'a été aussi bonne moi : affirma quelqu'un
_Enfin on peut aspirer à vivre longtemps : s'exclama un autre
Chez les talibés réunis comme s'ils avaient une assemblée, la prise de parole et les échanges d'opinions étaient à la une.
Tout fût calme et silencieux et sans un aucun bruit assourdissant jusqu'au moment où ils entendirent des cris dont l'écho bourdonné les oreilles de tous. Au secours s'écria un Talibé !!!
Le maître,comme il en avait coutume, avait poignardé Aly par le cou. A la fin du tiraillement, Aly avait plié ses bagages pour quitter le foyer religieux et se réfugier chez son oncle à woudourou, une province située dans le Dandé Mayo du Sénégal par peur de retourner chez son père. Le lendemain, le maître comme un lion affamé qui sort de sa tanière, accéléra la cadence, passa à une vitesse supérieure et envoya tous les apprentis au champs. Il est hors de question que la moisson ne se termine pas avant que l'or du soir ne regagne son nid ,pour parler du coucher de soleil. Ces talibés qui croyaient que le mal est fini , sont malheureusement victimes à nouveau d'exploitation et sont appelés à assumer des conséquences qu'ils ont nullement étaient à l'origine. Pendant ce temps Aly a peine d'arriver chez son oncle commença à faire le récit de la vie difficile qu'endure chaque talibé auprès de maître Moustapha. Comme s'il était un notaire lorsqu'il était au foyer religieux, Aly n'a pas manqué de compter tout à son oncle sous la présence de toute la famille. Il ne finit jamais de s'expliquer comme un homme politique qui en plein meeting. L'envie d'aller faire un règlement de compte avec le maître se lisait dans les yeux de son Oncle qui à chaque seconde claquer les doigts
Le marabout est capable de bêtises au cas où son talibé rentre sans une petite pièce dans les poches : affirma Aly.
Et d'ailleurs c'est ce qui explique sa situation tendue avec son maître qui avait exigé un montant de cinq cents francs CFA par jeune. Si Sénégal est réputé d'une bonne éducation coranique de qualité, le besoin commence à heurter la passion des certains marabouts qui coût ou coût veulent éternuer dans les billets d'argent.
Son oncle qui s'apprêtait à se rendre chez le marabout avait finalement repris son odorat quand sa femme posa sa main sur ses épaules en guise d'apaisement de tension.
_ Nulle besoin d'aller voir le maître, Aly est maintenant avec nous alors il ne s'agit pas de tourner la page mais plutôt de changer le livre. De nos jours rares sont les marabouts qui restent dans la logique de transmettre du savoir sans intérêts.
Après ce long monologue de sa femme, Djiby comme un soldat abattu avait fini de retrouve son calme et ordonna à son neveu d'occuper la chambre à coté de la cuisine, le temps qu'il appelle ses parents pour leur informer et expliquer la situation.
Au fil du temps, le sourire semblait avoir retrouvé sa zone de confort sur le visage de Djiby qui lisait le soleil, un journal dont la grève des enseignants faisait à la UNE.« tiéy senegal» s'exclama t'il !!!
A quand le sérieux au sein de la république ? Les hommes sans qui le monde ne serait existé, sont aujourd'hui les moins respectés. Les enseignants doivent être payés à tant, c'est tout à fait normal qu'ils revendiquent ce qui leur revient de droit. Je ne vois pas l'intérêt des nos infrastructures si l'on a pas de bons moyens de transport, le TER alors que l'école Sénégalaise est en panne, les jeunes sont sans emplois, mon pauvre pays souffre partout : murmurait-il.
Pendant ce temps Aly allongé sur son lit, des écouteurs aux oreilles se croyait à New York. Sa tête bougeait de partout,un va-t-en à son second comme s'il s'étirait le coup. Le premier homme qui a dit que la musique limoge les peines a finalement eu raison. Aly semblait avoir oublié ses problèmes et se sentait submerger par cette musique purement américaine,le hip-hop. Profitant de sa liberté, il revit son temps boy, c'est une bonne occasion qu'il est en train de saisir car pour lui tout peu basculer en une fraction de seconde. Il est conscient que son père est trop radical à ses décisions et peut même exiger son retour chez le marabout. Le père de Aly est de ceux qui croient que l'enfant doit souffrir et servir son maître quelques soient les conditions de vie difficile. C'est en cela que sa décision d'envoyer Aly à la quête du savoir est basée. Nul ne peut être sage s'il ne rabaisse pas devant les sages. Pour lui ces derniers sont élevés par Dieu et personne ne peut les rabaisser. Alors il faudra tout simplement exécuter leurs ordres sans réfléchir car ils sont des élus du tout puissant.
Trois jours plus tard Aly retourna chez son père en compagnie de son oncle qui, juste après avoir déposé ses bagages entretena une conversation en cachette avec sa grande sœur, la maman de Aly. L'oncle aurait conseillé à son aînée de pas accepter du fait que Aly retourne chez son maître. Elle doit être comme toutes les femmes d'aujourd'hui, avoir la rage d'obtenir ce qu'elles veulent, faire défiler toutes les couleurs du monde sur son visage face à son époux, être comme une lionne abattue à la recherche de proie : dit-il
Le soir, le père de famille convoqua tout le monde pour avoir des raisons vivantes pour la venue de Aly qui ne venait que très souvent et c'est surtout à l'occasion de la fête du Tabaski. Ainsi la mère sursauta et s'écria puis dit ceci « On a rien à t'expliquer, je ne laisserai personne ôter la vie à mon fils, il est revenu pour vivre avec moi et tu veux que le marabout ait qui punir et rendre la vie, va le lui trouver ailleurs ». Elle finit par prenant le dessus sur son époux qui, resta longtemps bouche bée. Il faut noter que toutes les femmes ont ce génie ou cet art de faire changer d'avis à tout homme quelque soit sa grandeur ou le costume qu'il porte. Le père de Aly trop naïf ou peureux ne répliqua aucun mot et se tourna vers sa case où il en a l'habitude de se réfugier d'où sa zone de confort.

Le jeune garçon ayant le soutien de sa mère et de son oncle s'est crû finalement être au centre du monde. Quel cauchemar !! Aly va se réjouir de sa liberté jusqu'en abuser. En effet, juste deux semaines après, il devient plus qu'un cupidon. Courir derrière les filles du quartier ( un vrai coureur de jupons),il ne s'en désole pas même si toutes celles qu'il fréquente sont taxées de matérialistes. Aly s'en est allé plus loin, il va s'adonner à la cigarette, au vol, au viol, oui de l'abandon de l'école à la fréquentation de la fameuse bouteille d'alcool.