De l'amour pour son pays

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Le Cameroun mon beau pays. Il y a de cela plus de 1000 ans que tu existes. De générations en générations des gènes ont été transmises, depuis l’époque de l’esclavage jusqu’à l’époque du maquis en passant par la colonisation pour aboutir à mon arrivé dans ce beau monde.

Hasard ? Certainement pas.

Ai-je été envoyé dans ce monde avec un objectif prédéfini, précis et concis ? Certainement oui.

J’ai grandi dans un pays où sévit depuis plusieurs années la gabegie, la corruption, le népotisme, la violation des droits fondamentaux des personnes pour ne pas dire la violation des lois. Mais après 20 ans d’existence dans ce pays sans jamais traverser les frontières ou même avoir l’idée de le faire comme la plupart des jeunes de mon âge, j’ai pu prendre du recul, observer et constater avec stupéfaction une effrayante recrudescence de ces fléaux que connaissait notre beau pays il y a déjà belle lurette. Triste, perplexe et perturbé par la situation actuelle, je commence à me poser de sérieuses questions à savoir...

Qu’est-ce que je fais au quotidien pour faire avancer mon pays ? pour aider toutes ses personnes qui, fatiguées, dégoutées par les horreurs de leur pays, le Cameroun et des cicatrices qu’elles ont enfantées sur le chemin, souffrent dans leur for intérieur, à tel point qu’ils ne croient même plus en eux ?

Rien ! Je ne me soucie pas trop, ou même presque pas. J’aime ce proverbe qui dit : le problème des autres reste le problème des autres tant que cela ne t’impacte pas. Oui, il est vrai que ; Je suis bien nourri, j’ai un toit, un lit, des vêtements et tout ce dont un être humain normal a besoin pour vivre. Je me lève chaque matin avec des visages souriants qui me donnent la joie de vivre, choses que mes frères du Nord et du Sud-Ouest n’ont pas vécu depuis un bon moment. Mais ne devrais-je pas ressentir une gêne ?

Oui, ça devrait me gêner, leur problème devrait être les miens. Leurs affaires devraient être mes affaires. Nous partageons tous ce pays béni par Dieu, par sa diversité culturelle, sa nature, la richesse de ses sols, béni par nos ancêtres, par des hommes qui ont laissé leur vie avec l’espérance, un jour de voir du haut des cieux, leur pays renaitre de ses cendres.

Suis-je aveugle ou ai-je fermé mon cœur au cri de ces personnes déportés de leurs régions, la zone Anglophone, souffrantes et livrées à elles-mêmes, dans un territoire inconnu ? Oui ce sont des femmes, non, plutôt de petites adolescentes qui, n’ayant plus de famille étaient contraintes de livrer leurs corps aux loups qui ne sont autre que des hommes sans scrupule, vide de sens et n’ayant aucun respect pour la femme. Ceci fut en 2019 bien avant l’apparition d’un élément qui vint bouleverser ma vie, celle de tous les Camerounais, de tous les Africains et même du monde. Oui, cet être de taille invisible à l’œil nu communément appelé Covid-19.

Il vint s’ajouter à tous les problèmes que mon cher et tendre pays portait sous son dos. Il est venu, a posé ses bagages et s’y est installé comme un invité à une réception. Au moins, il m’a permis d’ouvrir les yeux et de constater que le monde ne sera plus comme avant, qu’il y a de l’espoir pour ce pays si étreint, compressé et opprimé par des personnes dont je n’oserais citer les noms car cela importe peu. Et puis je me dis : avais-je vraiment les yeux fermés ou étais-je dans le noir ? Peut-être les deux.

Si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? - Lewis Carroll.