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Il me demande où je veux me mettre. Une question des plus normales. Elle me déstabilise. Je choisis, un peu au hasard, un peu par habitude. Lentement, je m'installe, les jambes légèrement tremblantes. Je me déshabille en partie, j'essaie de me mettre à l'aise.Ça y est, je suis à côté de lui, immobile, dans le noir. Je ne sais pas quoi faire. Paralysée. Ce n'est pas la première fois, pourtant. Je n'ose pas bouger. Je crains que nos jambes se touchent, que nos bras se frôlent. Je n'aurais jamais dû venir, c'était une terrible idée.
Mes soupirs de mal-être sont couverts par la musique. Alors qu'elle devrait me détendre, elle produit l'effet inverse. Des émotions et souvenirs surgissent, je dois les combattre et ce n'est vraiment pas le moment. Concentrons-nous sur l'instant présent.
Je prends ma respiration. Je suis là, je ne peux plus rien faire. Il faudra rester, deux heures au moins. Je réfléchis, j'hésite, je résume mes différentes possibilités. Je ne parviens pas à me concentrer. Je ne peux donc pas fuir. Je peux l'embrasser passionnément. Mais je ne veux pas faire mauvaise impression. Je vais lui prendre discrètement la main. C'est ça, la bonne solution. J'approche mon bras, très lentement. Mon cœur s'accélère. J'abandonne.
Je prends finalement le parti de ne rien faire. D'attendre qu'il fasse le premier pas. Ou, s'il ne fait rien, je me forcerai pendant les prochaines semaines à oublier ce moment d'intimité. Qui n'en est peut-être pas vraiment un. Et si lui aussi était mal à l'aise ? Ce n'est pas possible. Il n'y a que moi pour mettre autant de sentiments dans une telle situation.
Je le regarde. J'entends son souffle près de moi. Il ne voit pas que je le regarde. Je ne devrais pas, mais il est tellement vulnérable que je ne peux pas m'en empêcher. Il ne pourrait pas être plus à nu. J'observe ses réactions, j'étudie toutes les parcelles de sa peau. Il se tourne, me voit, me sourit. Il se penche et m'embrasse, légèrement, sur les lèvres. Sans me laisser le temps de comprendre. Un baiser timide, mais plein de désir. Il le fait sans hésitation, tout naturellement.
Pourtant, ce n'est pas fini. Tout est encore à faire. J'en perds mes moyens. Je regarde face à moi. Tout droit. Ne pas tourner la tête. Ils y arrivent très bien, eux. Dès le premier regard. Sans hésitation et sans ratage. Comme s'ils voulaient nous renvoyer l'image immédiate de notre propre échec.
Mon cerveau ne fonctionne plus. Ma jambe est soudain prise d'une vie propre, victime d'une pulsion incontrôlable. Elle s'approche de la sienne. Le jeu commence, il va durer longtemps. Nous nous cherchons, nous frôlons, reculons, avançons. Pour finalement y arriver. Mais les gestes restent timides et maladroits, comme si nous devions toujours tout réapprendre.
C'est fini. Retour du silence, de l'immobilité. On rallume. Nous nous rhabillons et nous levons, encore silencieux. Il faut se regarder, supporter la lumière du jour. Un timide « Le film t'a plu ? » brise le silence.
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