Comme un bon nombre

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Je n’étais même pas encore complètement réveillé, mais j’avais une idée harcelante dans mon esprit : « Je veux voir ou alors regarder les hommes dans les yeux. » Mon intérêt intrépide était manifeste comme pour bon nombre. Ma célébrité avait fait en sorte que la société me suivait comme mon ombre. Enfermé dans une bulle qui me servait d’espace privée, j’entendais les voix de mes ancêtres voyageurs et inlassablement amoureux des aventures qui murmuraient : « tu dois sortir et embrasser le monde, lui qui tourne infiniment en rond, fait que certains sentiments fondent et, apportera les réponses pour lesquelles ton esprit continue de creuser son propre fond ».
Peu de temps après, j’entendis les pas d’un fruit de la création pas comme les autres, quittant de ma porte, se déplaçant dans ma chambre et, qui se tint au chevet de mon lit. Tel un somnambule, je tendis la main droite et saisi sa main gauche. Sapristi ! c’est ma bien aimée ! mes lèvres commencèrent à bouger et, toujours avec les yeux fermés, je lui dis sereinement : « J’ai hâte de plonger dans l’amour de ton cœur ». Mais gare à moi ! suis-je prêt à supporter ses biens et ses défis ? si l’on voyage véritablement dans mes connaissances, on verra que l’amour m’a été décrit comme un arc-en-ciel où chacun est intérieurement et manifestement attiré par une de ces nombreuses couleurs. C’est alors que je m’arrêtai de parler car j’ai peur de ce mélange de couleur qu’on ne peut uniformément décrire et qui, au final, m’éblouie, me plonge dans le tournis et le déni.
Doutant de l’inconnu, je lâchai sa main et bientôt mes yeux s’ouvrirent et comme un boxeur qui est entrain de tomber sur un K.O., ça faisait déjà trente minutes que tout allait au lent tout autour de moi. J’entends distinctement les chuchotements de mes proches et amis, un pur commérage dans lequel je remarque l’appellation de mon nom suivi d’une description jusqu’ici méconnue de qui j’étais réellement. En, toutes analyses, c’était le contraire de ce que chacun d’eux m’avait dit lorsque nous ne débattions rien qu’à deux. Me mentir délibérément ou avoir une langue fourchue en prétendant être mon confident n’est pas loin de me flatter, qui est comme me bander les yeux tel un ennemi.
Pour être sûr que ce sont bien mes trompeurs favoris, Je tends la tête en premier à travers la porte et je les regarde bouger au lent dans ce couloir qui devint pour moi, le lieu de grandes révélations sur ma réelle identité et celles de mes fabuleux proches. Pour le moment, ils ont ôté leurs masques et sont à ma merci. Je meurs d’envies de les corriger avec des traverses mais me venger n’a jamais été un plan brillant, m’a appris ma terre natale. Voilà comment je ferme mon âme à toute forme de vengeance, de colère et d’explosion en publique. Au fait, avec les doctrines qu’on m’a inculquées, J’ai appris à masquer mes dérapages émotionnels. Bien que cela garde un goût amer, le procédé reste néanmoins pratique.
Oubliant ou ignorant étonnement ma bien aimée, Je fais deux pas vers toutes mes cibles puis je les traverse, et pendant qu’on y est, je vais me voiler la face et leurs passer mes salutations. Mais le fait qu’ils m’aient fait vivre dans un monde qu’eux seuls pouvaient maitriser car n’étant que le fruit de leurs imaginations ou leurs aspirations, m’a poussé à créer dans mon cœur un autre monde où leurs propos choquants sont emprisonnés. Alors oui, je les traverse et comme les deux mondes inter-communiquent et interagissent, ma main droite se met en vibration, tremble tel un vibromasseur qui ne rêve que de corriger certaines conduites.
En réalité, ils me cachent la vérité, et moi, Je me refuse de l’accepter. Ou alors je l’accepte et elle me remonte, mais je ne tenterai rien contre eux. Tout ça parce que nous nous sommes sentis comme étant investi d’un pouvoir de control dans un système où eux ils font semblant d’êtres honnêtes et moi, je fais semblant d’être gentil.
C’est alors qu’une fois au milieu de la grande cour du roi, J’ai poussé un cri inquiétant et assourdissant de douleur...puis, une voix aux origines inconnues me répliqua : « encore toi ? Reviens poser ton problème tout à l’heure !»
Finalement, je me rends compte que ce monde m’oriente sans pleinement m’écouter et moi, je m‘exprime parfois très mal au monde car je ne l’écoute pas et interprète mes pensées au truchement de mes sentiments. C’est précisément à cet instant que le crédo de mes ancêtres pèlerins me revint pour me faire lumière sur la voie de la vie : « Entre tout à l’heure et à tout heure, Ce monde reste mystérieux comme l’intérieur de tout un chacun, fait de vrai et de leurres. Mais comment l’aimer si on n’est ni courageux ni curieux ? ».
L’effet de lenteur du monde autour de moi s’estompa, je rentrai voir mon âme sœur et, me jetant dans ses bras, je lui dis : « console moi par ton humilité car c’est la seule force qui me mettra en contact et qui me révèlera véritablement au monde».