Toute histoire commence un jour, quelque part ! est-ce à dire que c’est le début qui détermine une histoire ? toute l’histoire ? en tout cas j’aimerai pouvoir répondre tous azimuts. Hélas ! lorsque j’ai saisi ma plume ce matin, j’ose l’avouer j’avais mille histoires à vous raconter, mille choses à vous dire et enfin un récit à vous narrer.
Les idées bouillonnaient dans ma tête, mes doigts agiles et inexperts tremblaient comme la queue d’une chienne excitée, parce que j’avais fort opportunément trouvé l’occasion longtemps espérée de me livrer, de me libérer, de me faire lire...mais la question que vous vous posez certainement c’est : je veux me libérer de quoi ? et comment ? à la vérité je ne puis répondre moi-même à ces questions. Pas parce que j’en suis incapable. Oh peut-être que oui ! mais ce donc je suis convaincu ce que je brûle d’envie d’écrire, je voulais dire de m’écrire. Oui j’ai une folle envie de vous dire mes joies et mes peines. Après tout, que voulez faire de mes déboires ? je dois plutôt vous racontez de bien meilleures grandes choses qui transformeront votre vie. C’est pourquoi je ne parlerai pas de moi ou alors plus de moi. Par exemple je ne veux pas vous décrire mon sentiment quand j’écrivais ce récit, comment j’étais habillé, quel temps il faisait, quelle l’heure était-il, est-ce que je prenais du café ou pas ; en tout cas tout ce que l’on peut imaginer à propos de quelqu’un qui ne veut pas parler de lui. Et dont le souci premier est de raconter son monde au monde sans jamais s’évoquer, se raconter etc.
Qu’est-ce que je dois bien vous dire que vous n’ayez pas encore entendu ? dois-je peut être vous raconter les choses à la manière de Goethe ou de Hugo pour que mon récit captive et retienne l’attention ? sauf que je n’en ai ni le talent encore moins la prétention. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de les lire pour vous dire ce qu’ils n’ont pas dit ou qu’ils n’ont pas pu dire. Je voulais trouver directement dans les livres la potion magique et la recette miracle qui me permettront de devenir comme eux, d’être un grand écrivain. En même temps je réfléchissais sur quoi écrire et comment le faire car je n’en avais explicitement pas les moyens. La question est devenue une hantise depuis que j’ai voulu participer à ce concours. Il fallait se décider.
Le compte à rebours était lancé et je me battais contre moi-même pour raconter quelque chose à l’humanité. Mais que dire aux hommes qui vaille la peine d’être écrit ? ont-ils encore le temps de lire mes délires ? qu’apprendrai-je à l’autre au sujet de l’Amour ou toute autre problématique atemporelle à laquelle l’humanité fait face ?
Ce matin-là j’étais l’ombre de moi-même. Seul face à mon destin, seul face à cette feuille joliment blanche qui ne demandait qu’à être remplie. Je ne veux plus faire comme hier et les autres jours : procrastiner ! rechigner ! et définitivement me dessiller. L’histoire commence un jour, quelque part. la mienne doit commencer là, ici même dans ce récit. Les idées fourmillent dans ma tête, il faut juste les mettre sur cette feuille blanche, la énième qui semblait capricieuse malgré les kilogrammes de gribouillis qu’elle commençait à supporter. J’étais là assis ou debout je ne sais plus, car j’étais tantôt assis tantôt debout. J’allais et venais comme un guérisseur traditionnel récitant des incantations pour faire appel aux génies. J’ouvrais et refermais les livres disposaient sur ma table et reprenais ma plume un peu plus inspirée. Pardieu ! l’idée m’est venue de recenser les thèmes littéraires les plus émouvants et de m’y concentrer ; ainsi j’avais rapidement répertorié quelques thématiques phares et à mon sens insuffisamment traitées par la littérature. Pour plus d’efficacité j’avais mis d’un coté les grandes questions de la littérature et de l’autre celles appartenant à ce que je considérais comme de la littérature de campagne. Cette démarche semblait marché. Mais un problème demeurait entier. Comment vais-je structurer mon récit autour de l’un ou l’autre thème mis en évidence plus haut. Tant les problématiques somme toute sont importantes à plus d’un titre. Cette piste que je croyais fructueuse était devenue presque contraignante. J’abandonnai !
Abandonner. Mais non, on ne lâche pas prise tant que notre cause est noble. Cette citation d’un auteur anonyme redonna tout son sens à mon entreprise d’écriture ou plutôt de réécriture. Il ne fallait surtout pas faire volte-face. Peut-être que je ne suis pas le premier à abandonner, mais en quoi cela m’avance après tout ce temps investi et de livres épluchés. Non ! je n’abandonnerai pas en chemin... je ne vous abandonne pas.
Plus calme je retrouvai ma sérénité d’apprentis écrivain. Je voulais maintenant me faire à l’idée que l’écriture est une entreprise difficile qui demande patience et abnégation. Je devais être patient même si cela me coûtait beaucoup. Certes ! beaucoup en termes de temps et de moyens humain et matériel. La patience vaut de l’or, n’est-ce pas ? c’est tout dire.
Trêve de commentaires, je suis résolu plus que jamais à écrire ; pourquoi pas un chef-d’œuvre. Qui sait ! sauf que pour écrire un chef-d’œuvre il faut bien commencer. Commencer à écrire...car toute histoire commence un jour quelque part ! je ne le dirais pas mieux. Pour vous convaincre de ma capacité à écrire mon récit, à le construire dans les règles de l’art, je crois que la solution idoine et d’arrêter de parler et de me jeter à l’eau. Je vais donc me jeter les yeux fermés et le cœur net dans cette vaste mer, cette couleuvre à mille tentacules. Mais avant je dois encore prendre une tasse de café sans sucre et une douche froide. Cela ne me rendra peut-être pas plus intelligent mais j’aurai, je le sens et je le crois la fluidité dans les idées. Je ferai le maximum pour rendre mon récit très sobre et donc débarrasser de toutes fioritures livresques. L’essentiel est certainement là. Être le plus sobre possible pour aguicher le lecteur car c’est lui ma cible. C’est pour lui que j’ai enfin pris la ferme résolution de me faire lire ; sinon à quoi bon. Après tout, ma consécration viendra de lui n’est-ce pas ?
Pendant qu’on y est et que ma plume semble m’obéir, finissons-en. J’y vais de ce pas vous narrer la plus grande histoire de ma vie, de la vie parce que cette histoire est aussi la vôtre. Elle est d’ailleurs plus vôtre que mienne. J’ai envie de vous dire d’être attentif. Mais ne vous en faites pas ; autant vous rassurer tout de suite que j’y vais lentement et doucement pour qu’on puisse tous communier ensemble. Ensemble autour de notre histoire commune voire notre destin commun dans ce récit et avec ce récit. Je vous donne la possibilité de m’arrêter et de poser des questions pour qu’on avance ensemble main dans la main. Votre participation ne me fera pas perdre le fil. Au contraire. Mais sincérité oblige ! je n’ai rien à vous apprendre. Peut-être que j’ai des choses à raconter, des belles choses à vous dire. Excusez-moi je ne suis pas Sartre...ne soyez donc pas trop exigeants car je n’ai ni sa verve encore moins son verbe. Mais je ne refuserai pas quand-même d’être nobelisé.
Enfin, je savais que vous finirez par poser cette question : où est-ce que ce récit nous mène-t-il ? Si vous me donner un peu de temps je ne tarderai pas à apporter satisfaction à cette interrogation qui je l’avoue a tout le mérite d’être adressée. Par contre croyez vous que j’ai la réponse ? vraiment ! la réponse est vraisemblablement dans la question ou pas.
Cette fois ci je crois que je ne vais pas pouvoir m’échapper. Vous m’avez coincé...je me sens obliger de céder et je ne continuerai plus à vous agacer par mes tournures peu intelligentes. A la vérité je n’ai jamais eu l’intention de vous agacer, pas même de vous mener en bateau. J’essaye simplement de me livrer, de me raconter afin de raconter mon monde. Un monde qui n’existe pas, en tout cas qui n’existe que dans ce récit. Mais quel récit ? de grâce ne poser plus de questions à caractère littéraire. Je ne fais pas de la littérature ici, je fais le maximum pour ne pas en faire car je ne m’en sortirai pas. Je n’ai pas les armes du combat. Je me suis d’ailleurs longuement expliqué. Pas besoin de faire toute une littérature pour ci peu. Passons !
Maintenant que j’ai fait le point, j’espère pouvoir vous faire comprendre à toutes fins utiles l’idée que cache cette belle histoire dont j’ai du mal à raconter. Mes intentions ? j’ai dit intention, ce n’est pas ce que je voulais dire puisqu’on en a déjà parlé. Oh excusez-moi mon café se refroidit. Juste une gorgée et je vous reviens plus ragaillardi et revigoré. C’est promis !