Ça a duré une bonne minute

Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité.
Voir le temps couler comme les ruisseaux qui proviennent des gouffres amers, cachant ce qu'autrefois furent les perles sacrés des grands-mères, met en question la cruauté dans la relativité d'Einstein. L'amertume récurrente dans la vie de Marie silla son front, qui n'a point reçu un baiser depuis le décès de son fils et sa petite-fille lors d'un accident. Triste à peine tant, s'effacent ces apparences d'automne lors de la présence du seul butin terrestre qu'ils ont laissé : un pigeon aux plumes grises et corses, qui réveille en elle le souvenir des ailes d'amour auquel elle a cédé lors de sa jeunesse, captivée puis renfermée ne fut qu'un des sorts maudits qu'elle a connu. Absurdement heureuse, elle regarda d'un aire vagabond les étoiles gâchées par sa myopie qui la cage à l'immédiat, et entendit à voix basse, à voix haute, avec mille harmonies que lorsque la tombe fermera ces paupières, rient ne sera son nom même l'humble pierre.
Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. Qu'on ait parlé de Marie.
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