Battantes

“J’ai mal ! Aidez-moi! Je n’arrive plus me lever.....”
“Ne bouge-pas! Tranquille... Laisse nous verifier qu’il n y a rien de cassé.....”
“C’est ma fille! Mon Dieu! Elle est tombée!!!!”
“Calmez- vous madame...nous prenons soin d’elle..... .”
Coraline était par terre.
Sale de poudre et terre, elle pleurait pour la douleur, elle n’arrivait pas à bouger tellement elle souffrait.
Elle n’arrivait même pas à comprendre qu’est-ce qu’il se passait.
Il y a un moment elle allait au galop sur son cheval et maintenant elle était sur une civière.
Elle était confuse...deux paramédicaux étaient en train de la mettre sur l’ambulance...
Ils la regardaient en souriant.
Coraline était terrorisée.... Liée par des lacets, elle était secouée à droite et à gauche telle était la vitesse du véhicule.
Une fois arrivé à l’hôpital, elle fut immédiatement transportée dans une chambre si blanche que l’éclairage lui provoquait de forts maux de tête.
Son frère et sa mère, qui avaient couru après l’ambulance, la rejoignirent juste après.
“Tu as la nausée ? Envie de vomir ?”
“Non... pas maintenant....”
“Très bien.... Appelle- moi tout de suite si ça arrive”
Dès que l’infirmière sortit, la nausée arriva.
“Bastien...Je dois vomir...”
Son frère sortit chercher l’infirmière, qui accourut, souriante comme si elle n’attendait que ça.
Toujours souffrante, Coraline fut amenée faire des scans.
Son dos était couvert de bleus et son rein gauche s’était cassé en deux.
Seulement un petit morceau le tenait ensemble.
“J’ai mal !!! Aidez-moi !!!!”
“Coraline, tu as une lésion rénale...pour le moment nous ne t’opérons pas. On verra si dans les prochaines semaines ton rein se referme spontanément..”
Elle était effrayée.
Elle avait seulement 12 ans....
Coraline n’aurait pas dû être dans une chambre d’hôpital mais à l’école, avec ses copines.
Elle partageait la chambre avec une jeune mère, dont la fille, nouvelle née, était gravement malade.
Pour Coraline, ce fut la pire nuit de sa vie.
Elle ne pouvait pas dormir pour la douleur. Elle priait sans cesse sa mère de demander à l’infirmière n’importe quel médicament pour arrêter de souffrir.
A côté le bébé aussi souffrait et pleurait.
Pendant les deux premières semaines Coraline ne put rien manger...que des perfusions.
Chaque jour qui passait, elle devenait plus maigre.
Elle ne pouvait rien faire. Elle devait rester immobile, dans son lit.
Les infirmières la lavaient avec des éponges humides et même pour ses besoins il lui fallait leur aide...... Coraline en était humiliée.
De temps en temps des gars déguisés en clown se mêlaient aux patients en essayant de les faire sourire.......dommage que Coraline haït les clowns.
Ces faux sourires peints sur leurs visages la rendaient anxieuse.
Néanmoins elle s’efforçait de rire à leurs plaisanteries.
“Heureux le bébé, qui s’épargne cette horreur...”
“Je me demande s’il va bien...”
“Excusez-moi Laurène, comment ça va votre fille aujourd’hui?”
“Elle a toujours une fièvre très forte...”
Isabelle était une petite battante. Dès qu’elle était née elle n’arrêtait de lutter pour survivre
Dans cette petite chambre d’hôpital deux femmes se battaient de toutes leurs forces pour leur vie, l’une pour commencer finalement à vivre, l’autre pour recommencer à le faire.
C’était la fin d’Octobre.
Dans l’hôpital on respirait l’air d’Halloween.
Les enfants du service étaient en train de préparer les décorations dans salle de jeux.
Mais Coraline ne pouvait pas... elle restait dans son lit, regardant des dessins animés à la télé.
Heureusement il y avait le lecteur DVD !
De temps en temps quelqu’un lui rendait visite. Ses parents, les amis de famille lui apportaient plein de cadeaux, beaucoup de DVD, livres, jeux de société.
Coraline aimait toutes ces attentions mais elle n’était pas complétement à l’aise...elle était toujours en pyjama et en plus elle ne se lavait pas les cheveux et ne prenait plus une vraie douche depuis des semaines.
Elle en avait marre de ne pas bouger !!!!
Ce jour- là le chef de service, avec son groupe de jeunes internes, entra et lut son dossier médical en discutant de ses conditions.
A la fin ils sortirent tous sauf un jeune médecin qui s’approcha d’elle.
“Il est temps que tu recommences à marcher....Mais doucement...ton corps doit se réhabituer aux mouvements, peu à peu...”
Coraline était au septième ciel ! Enfin elle aurait pu quitter le lit et sortir de la chambre.
“Maman, j’essaie de me lever !”
“ Vas-y mais tout lentement...”
Et ainsi Coraline s’assit au bord du lit, d’une main elle s’appuyait à la table de nuit, de l’autre au bras de sa mère.
Dès qu’elle mit ses pieds par terre et essaya de se lever elle tomba.
Elle ne sentait plus ses jambes... elle était restée couchée si longtemps qu’une partie de son corps s’était endormie.
Elle devait de nouveau apprendre à se tenir debout...
Les jours suivants, chaque jours, Coraline essayait de se lever et une semaine après elle rejoignit la porte de sa chambre.
Pour la première fois elle mit un pied dans le couloir et, se tenant à la main courante, lentement arriva à la salle des jeux.
“Wow!”
Coraline toucha le ciel du doigt.
Elle était sûre que, petit à petit, elle aurait vaincu sa guerre.
Dans la salle il y avait plusieurs filles qui, comme elle, menaient leurs batailles.
Elles étaient souriantes, bien que fatiguées : des enfants que la vie avait mises à l’épreuve, les obligeant à devenir des femmes avant l’heure.
Coraline s’assit près d’elles et les regarda pendant quelques minutes.
Elles étaient toutes des battantes.