Une première goutte de sueur perla sur son front.
La première crampe, aussi. Les premières difficultés à reprendre son souffle.
« Bats-toi, accroche-toi, tu peux le faire ».
Le goût de l’effort, ça la connaissait. Mary enchainait les marathons depuis ses 15 ans. Coureuse professionnelle, elle avait fait le tour du monde pour représenter fièrement les couleurs de son pays sur les courses les plus célèbres : New York, évidemment, mais aussi Paris, Boston, Londres, Berlin. Avec un joli palmarès à son actif, elle pouvait être fière. Le Kenya tout entier pouvait être fier.
A presque 31 ans, elle entamait son dernier effort. Sa dernière bataille contre les limites de la nature humaine.
Des muscles puissants, un mental d’acier. Elle était au sommet de sa forme. Elle savait pourtant que rien ne serait facile.
« Bats-toi, tu es la meilleure, courage ».
La douleur s’intensifiait. De longues irradiations parcouraient son bassin, ses jambes, le long de sa colonne. Un petit râle s’échappa de sa bouche pincée.
Elle se reprit. Pas question de relâcher sa concentration.
Inspiration, expiration. Se concentrer sur son souffle, ça, elle connaissait. Elle pouvait le faire. De toute façon, il était bien trop tard pour s’arrêter. Trop de gens comptaient sur elle.
1h après le début du combat, l’effort atteignait son pic d’intensité.
« Bats-toi, donne le meilleur de toi-même ».
Le regard fiévreux, le corps trempé de sueur, elle continuait dans un état second. Tous ses muscles étaient mobilisés, son cœur battait à tout rompre, ses poumons occupaient toute sa cage thoracique pour capter la moindre bribe d’air.
Elle se focalisait sur les vibrations de l’air chaud de ce mois de février sur son visage. Elle pensa à sa famille, à ses amis, à son coach. A la fin de sa carrière, aussi, avec un certain soulagement, mais aussi un léger pincement au cœur.
Pourtant, elle le savait. Passées ces dernières heures d’effort, elle trouverait un nouvel équilibre. Une vie plus casanière peut-être, mais probablement tout aussi fatigante. Elle trouverait son bonheur.
Le rythme s’accéléra encore. Pourquoi s’imposer un tel effort, une telle douleur ? Dans son délire, elle en venait presque à douter. Son corps ne lui semblait n’être plus qu’un amas de nerfs à vif. Les femmes autour d’elle étaient floues, elle n’avait plus qu’une idée en tête : en finir.
« Bats-toi, bats-toi, bats-toi, bats-toi, bats-toi ».
Les dernières secondes lui parurent une éternité. Enfin, elle le sentait, la ligne d’arrivée. Son corps fournit péniblement un dernier effort, puis relâcha toute la pression, et elle explosa en pleurs.
Autour d’elle, la liesse. Elle n’était pas la seule à pleurer. Une femme s’approcha doucement d’elle, lui caressa la joue.
« Félicitations ma chérie ! C’est une superbe petite fille... »
La première crampe, aussi. Les premières difficultés à reprendre son souffle.
« Bats-toi, accroche-toi, tu peux le faire ».
Le goût de l’effort, ça la connaissait. Mary enchainait les marathons depuis ses 15 ans. Coureuse professionnelle, elle avait fait le tour du monde pour représenter fièrement les couleurs de son pays sur les courses les plus célèbres : New York, évidemment, mais aussi Paris, Boston, Londres, Berlin. Avec un joli palmarès à son actif, elle pouvait être fière. Le Kenya tout entier pouvait être fier.
A presque 31 ans, elle entamait son dernier effort. Sa dernière bataille contre les limites de la nature humaine.
Des muscles puissants, un mental d’acier. Elle était au sommet de sa forme. Elle savait pourtant que rien ne serait facile.
« Bats-toi, tu es la meilleure, courage ».
La douleur s’intensifiait. De longues irradiations parcouraient son bassin, ses jambes, le long de sa colonne. Un petit râle s’échappa de sa bouche pincée.
Elle se reprit. Pas question de relâcher sa concentration.
Inspiration, expiration. Se concentrer sur son souffle, ça, elle connaissait. Elle pouvait le faire. De toute façon, il était bien trop tard pour s’arrêter. Trop de gens comptaient sur elle.
1h après le début du combat, l’effort atteignait son pic d’intensité.
« Bats-toi, donne le meilleur de toi-même ».
Le regard fiévreux, le corps trempé de sueur, elle continuait dans un état second. Tous ses muscles étaient mobilisés, son cœur battait à tout rompre, ses poumons occupaient toute sa cage thoracique pour capter la moindre bribe d’air.
Elle se focalisait sur les vibrations de l’air chaud de ce mois de février sur son visage. Elle pensa à sa famille, à ses amis, à son coach. A la fin de sa carrière, aussi, avec un certain soulagement, mais aussi un léger pincement au cœur.
Pourtant, elle le savait. Passées ces dernières heures d’effort, elle trouverait un nouvel équilibre. Une vie plus casanière peut-être, mais probablement tout aussi fatigante. Elle trouverait son bonheur.
Le rythme s’accéléra encore. Pourquoi s’imposer un tel effort, une telle douleur ? Dans son délire, elle en venait presque à douter. Son corps ne lui semblait n’être plus qu’un amas de nerfs à vif. Les femmes autour d’elle étaient floues, elle n’avait plus qu’une idée en tête : en finir.
« Bats-toi, bats-toi, bats-toi, bats-toi, bats-toi ».
Les dernières secondes lui parurent une éternité. Enfin, elle le sentait, la ligne d’arrivée. Son corps fournit péniblement un dernier effort, puis relâcha toute la pression, et elle explosa en pleurs.
Autour d’elle, la liesse. Elle n’était pas la seule à pleurer. Une femme s’approcha doucement d’elle, lui caressa la joue.
« Félicitations ma chérie ! C’est une superbe petite fille... »