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Histoires Jeunesse - 8-11 Ans (Cycle 3)
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« Cette année, c'est la bonne ! » murmure Baptiste en frétillant d'impatience au fond de son lit.
Lors du Noël précédent, il pensait pourtant s'être bien préparé, mais au dernier moment, tous les éléments s'étaient ligués contre lui. Sa mamie avait installé son cousin Antoine dans la même chambre que lui, et il n'avait pas pu s'échapper à minuit comme prévu : les grands pieds de son cousin qui dépassaient du petit lit de camp lui barraient le passage jusqu'à la porte. Cette année, comme Antoine est désormais officiellement un « grand », il a investi la chambre de bonne à côté du grenier, et Baptiste est enfin tranquille, tout seul dans la grande chambre d'amis.
L'année dernière, il avait aussi passé la soirée du réveillon à essayer de cacher discrètement couvertures et oreillers sous le fauteuil près de la cheminée, mais il s'y était pris beaucoup trop tard : sa mamie lui avait demandé à plusieurs reprises ce qu'il fabriquait, pour finir par menacer de le punir s'il n'arrêtait pas de s'agiter et de sortir de table pour un oui ou pour un non. Cette fois-ci, Baptiste s'est beaucoup mieux organisé, il a camouflé son petit campement dans le placard du salon pendant que les adultes ouvraient les huîtres dans la cuisine, et que son cousin en profitait pour essayer de dérober une boîte de chocolat cachée en haut du buffet. Tout est donc prêt pour sa longue nuit de guet !
Baptiste jette un œil à sa montre fluorescente : il est bientôt minuit, et la voie est libre !
Il sort doucement de la chambre et marche sur la pointe des pieds en passant devant la porte entrebâillée de la chambre de sa mamie. Son attention est tellement absorbée par les ronflements bizarres provenant des chambres qu'il oublie de se concentrer sur son parcours dans l'obscurité. Il s'en faut de peu qu'il ne trébuche sur le caniche Mozart, et que toute la maison soit réveillée par ses aboiements. Baptiste prend une grande inspiration, et avance lentement dans le couloir en frôlant le papier peint du bout des doigts. Il arrive dans le grand salon obscur, encore tout envahi par le parfum des bougies fraîchement éteintes et l'odeur de la dinde rôtie du dîner. Quelle chance, il n'y a personne à l'horizon pour faire rater son plan !
Baptiste étouffe un petit gloussement de triomphe. Il se dirige vers le placard, sort son duvet et son gros oreiller, et il s'installe confortablement au pied de la cheminée. Il a même pensé à garder quelques biscuits du dessert dans la poche de son pyjama, qu'il commence à grignoter en fixant l'âtre tiède de ses yeux fatigués.
— Cette fois, se dit Baptiste, il n'y a aucune raison que ça ne marche pas !
Et il s'emmitoufle un peu plus profondément dans le duvet, savourant à l'avance le moment où il pourra enfin se planter devant son cousin Antoine et lui faire ravaler ses grands airs de Monsieur-je-sais-tout. Quand Baptiste lui racontera ce qu'il a vu, cet imbécile sera tellement épaté que ça lui clouera peut-être enfin le bec !
Bercé par le tic-tac de la grande horloge du salon qui résonne dans le silence, Baptiste bâille et s'enfonce encore un peu plus dans le duvet. Il a fini tous ses biscuits, et commence déjà à trouver le temps long.
— Tout va se passer comme prévu, se répète Baptiste pour se donner du courage au milieu de la grande pièce plongée dans la pénombre.
Ce soir, il verra ce qu'Antoine n'a jamais pu voir, et alors ses grands airs ne l'impressionneront plus. On verra bien qui est le plus malin !
Dans le coin de la pièce, le sapin éteint attire irrésistiblement son regard. On dirait l'ombre d'une grosse créature de la forêt qui penche dangereusement vers lui son corps couvert d'épines. Baptiste frissonne et s'efforce de rester concentré sur la cheminée, il enfonce sa tête dans le gros oreiller qui sent bon la lavande et respire profondément.
Comment faire pour que le temps passe plus vite ?
Baptiste commence à énumérer mentalement tous les cadeaux qu'il rêverait de trouver au réveil sous le sapin.
Un camion de pompier rouge vif avec des chromes bien brillants ? Oh oui, ce serait formidable, l'ancien est tout cabossé, se dit Baptiste en fermant les yeux pour imaginer plus facilement.
Ce jeu de construction incroyable qu'il voit tous les jours dans la vitrine près de l'école ? Ah mais ce serait encore mieux, songe Baptiste en souriant, pelotonné dans la chaleur de son duvet.
Un vélo ? Oh oui un vélo ! Ce serait magique, merveilleux ! Et Baptiste, le nez enfoui dans son oreiller parfumé, se voit pédaler joyeusement sous le soleil, au milieu d'interminables champs de lavande.
Est-ce que c'est la langue de Mozart que Baptiste sent fureter dans le creux de son oreille ? Il sursaute et se redresse tout à coup : le caniche jappe d'un air impatient devant la cheminée, il a l'air d'avoir faim. Baptiste regarde autour de lui : une lueur blanche transperce les rideaux, et la rumeur lointaine de la rue couvre presque le tic-tac de l'horloge. Mais comment est-ce possible... on dirait qu'il fait jour !
— Je me suis endormi ! hurle presque Baptiste, qui se dresse comme un diable dans le salon encore désert et se précipite vers le sapin. Non, c'est pas possible, c'est pas vrai ! gémit-il, les larmes aux yeux.
Le sapin couvert d'angelots et de boules dorées n'a plus rien d'inquiétant à présent, d'autant qu'il est presque enseveli sous des dizaines de paquets de toutes les formes et de toutes les couleurs. Baptiste est tellement déçu : il a encore raté le passage du Père Noël !
Au milieu des cadeaux trône un magnifique vélo rouge avec des jantes chromées. Baptiste se frotte les yeux, il s'approche et aperçoit une petite enveloppe à son nom suspendue au guidon. Il l'ouvre, en sort une petite carte couleur de neige et découvre une grosse écriture ronde qu'il ne reconnaît pas :
« Mon cher Baptiste, je te souhaite un merveilleux Noël ! J'espère que ton cadeau te plaira, je l'ai choisi avec soin. Maintenant, permets à un vieil ami de te donner un petit conseil : l'année prochaine, tu devrais prendre avec toi une petite lampe de poche, ce salon est bien trop sombre quand le sapin est éteint. Et si tu trouves un moment avant le dîner, profites-en pour faire une petite sieste : la nuit de Noël est longue, très longue, et je sais de quoi je parle ! »
Lors du Noël précédent, il pensait pourtant s'être bien préparé, mais au dernier moment, tous les éléments s'étaient ligués contre lui. Sa mamie avait installé son cousin Antoine dans la même chambre que lui, et il n'avait pas pu s'échapper à minuit comme prévu : les grands pieds de son cousin qui dépassaient du petit lit de camp lui barraient le passage jusqu'à la porte. Cette année, comme Antoine est désormais officiellement un « grand », il a investi la chambre de bonne à côté du grenier, et Baptiste est enfin tranquille, tout seul dans la grande chambre d'amis.
L'année dernière, il avait aussi passé la soirée du réveillon à essayer de cacher discrètement couvertures et oreillers sous le fauteuil près de la cheminée, mais il s'y était pris beaucoup trop tard : sa mamie lui avait demandé à plusieurs reprises ce qu'il fabriquait, pour finir par menacer de le punir s'il n'arrêtait pas de s'agiter et de sortir de table pour un oui ou pour un non. Cette fois-ci, Baptiste s'est beaucoup mieux organisé, il a camouflé son petit campement dans le placard du salon pendant que les adultes ouvraient les huîtres dans la cuisine, et que son cousin en profitait pour essayer de dérober une boîte de chocolat cachée en haut du buffet. Tout est donc prêt pour sa longue nuit de guet !
Baptiste jette un œil à sa montre fluorescente : il est bientôt minuit, et la voie est libre !
Il sort doucement de la chambre et marche sur la pointe des pieds en passant devant la porte entrebâillée de la chambre de sa mamie. Son attention est tellement absorbée par les ronflements bizarres provenant des chambres qu'il oublie de se concentrer sur son parcours dans l'obscurité. Il s'en faut de peu qu'il ne trébuche sur le caniche Mozart, et que toute la maison soit réveillée par ses aboiements. Baptiste prend une grande inspiration, et avance lentement dans le couloir en frôlant le papier peint du bout des doigts. Il arrive dans le grand salon obscur, encore tout envahi par le parfum des bougies fraîchement éteintes et l'odeur de la dinde rôtie du dîner. Quelle chance, il n'y a personne à l'horizon pour faire rater son plan !
Baptiste étouffe un petit gloussement de triomphe. Il se dirige vers le placard, sort son duvet et son gros oreiller, et il s'installe confortablement au pied de la cheminée. Il a même pensé à garder quelques biscuits du dessert dans la poche de son pyjama, qu'il commence à grignoter en fixant l'âtre tiède de ses yeux fatigués.
— Cette fois, se dit Baptiste, il n'y a aucune raison que ça ne marche pas !
Et il s'emmitoufle un peu plus profondément dans le duvet, savourant à l'avance le moment où il pourra enfin se planter devant son cousin Antoine et lui faire ravaler ses grands airs de Monsieur-je-sais-tout. Quand Baptiste lui racontera ce qu'il a vu, cet imbécile sera tellement épaté que ça lui clouera peut-être enfin le bec !
Bercé par le tic-tac de la grande horloge du salon qui résonne dans le silence, Baptiste bâille et s'enfonce encore un peu plus dans le duvet. Il a fini tous ses biscuits, et commence déjà à trouver le temps long.
— Tout va se passer comme prévu, se répète Baptiste pour se donner du courage au milieu de la grande pièce plongée dans la pénombre.
Ce soir, il verra ce qu'Antoine n'a jamais pu voir, et alors ses grands airs ne l'impressionneront plus. On verra bien qui est le plus malin !
Dans le coin de la pièce, le sapin éteint attire irrésistiblement son regard. On dirait l'ombre d'une grosse créature de la forêt qui penche dangereusement vers lui son corps couvert d'épines. Baptiste frissonne et s'efforce de rester concentré sur la cheminée, il enfonce sa tête dans le gros oreiller qui sent bon la lavande et respire profondément.
Comment faire pour que le temps passe plus vite ?
Baptiste commence à énumérer mentalement tous les cadeaux qu'il rêverait de trouver au réveil sous le sapin.
Un camion de pompier rouge vif avec des chromes bien brillants ? Oh oui, ce serait formidable, l'ancien est tout cabossé, se dit Baptiste en fermant les yeux pour imaginer plus facilement.
Ce jeu de construction incroyable qu'il voit tous les jours dans la vitrine près de l'école ? Ah mais ce serait encore mieux, songe Baptiste en souriant, pelotonné dans la chaleur de son duvet.
Un vélo ? Oh oui un vélo ! Ce serait magique, merveilleux ! Et Baptiste, le nez enfoui dans son oreiller parfumé, se voit pédaler joyeusement sous le soleil, au milieu d'interminables champs de lavande.
Est-ce que c'est la langue de Mozart que Baptiste sent fureter dans le creux de son oreille ? Il sursaute et se redresse tout à coup : le caniche jappe d'un air impatient devant la cheminée, il a l'air d'avoir faim. Baptiste regarde autour de lui : une lueur blanche transperce les rideaux, et la rumeur lointaine de la rue couvre presque le tic-tac de l'horloge. Mais comment est-ce possible... on dirait qu'il fait jour !
— Je me suis endormi ! hurle presque Baptiste, qui se dresse comme un diable dans le salon encore désert et se précipite vers le sapin. Non, c'est pas possible, c'est pas vrai ! gémit-il, les larmes aux yeux.
Le sapin couvert d'angelots et de boules dorées n'a plus rien d'inquiétant à présent, d'autant qu'il est presque enseveli sous des dizaines de paquets de toutes les formes et de toutes les couleurs. Baptiste est tellement déçu : il a encore raté le passage du Père Noël !
Au milieu des cadeaux trône un magnifique vélo rouge avec des jantes chromées. Baptiste se frotte les yeux, il s'approche et aperçoit une petite enveloppe à son nom suspendue au guidon. Il l'ouvre, en sort une petite carte couleur de neige et découvre une grosse écriture ronde qu'il ne reconnaît pas :
« Mon cher Baptiste, je te souhaite un merveilleux Noël ! J'espère que ton cadeau te plaira, je l'ai choisi avec soin. Maintenant, permets à un vieil ami de te donner un petit conseil : l'année prochaine, tu devrais prendre avec toi une petite lampe de poche, ce salon est bien trop sombre quand le sapin est éteint. Et si tu trouves un moment avant le dîner, profites-en pour faire une petite sieste : la nuit de Noël est longue, très longue, et je sais de quoi je parle ! »
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Illustration : Pablo Vasquez