Il restait dix secondes sur l'horloge pour prendre le dernier tir du match et passer devant au score. Neuf. Huit. Roxanne avait la balle en main derrière la ligne à trois points, et elle avait fait signe à ses coéquipières de s'écarter pour lui laisser l'occasion de manœuvrer son adversaire directe en un-contre-un. Sept. Six. Cinq. La joueuse d'en face tenta de lui intercepter la balle dans les mains. En vain. Roxane protégea bien son ballon et en profita pour se retrouver à son endroit préférentiel par rapport au panier, dans l'angle à quarante-cinq degrés. Quatre. Trois. Il allait falloir enclencher sa mécanique de shoot. Elle regarda une dernière fois ses pieds pour vérifier que son shoot allait bien valoir trois points. Deux. Elle fit son step-back qui emmena sa défenseure à un mètre d'elle, lui laissant l'espace de tirer. Une seconde. Elle s'était élevée dans les airs, le ballon quittant sa main après ce fouetté du poignet si pur en fin de geste qui faisait tourner la balle dans un axe parfait. Le buzzer retentit alors que le ballon était encore dans les airs. Puis on entendit ce fameux bruit. Swish. Le tableau de score affichait le résultat final : 82-81. Toulouse avait gagné la ligue féminine de basketball au terme de cette dernière journée face à Bourges. Toutes les joueuses se jetèrent sur Roxane pour aller célébrer ensemble cette magnifique victoire. Le public du petit palais des sports avait lui aussi explosé de joie et on entendait des «Tou-louse, Tou-louse!» résonner un peu partout dans les gradins.
Entourée de ses coéquipières, Roxane pensa à sa famille et ses amis dans le public qui étaient venus la supporter. Elle fondit en larmes en se remémorant les moments difficiles par lesquels elle était passée ces trois dernières années. Il n'y avait que le sport pour transcender tout cela. Elle était fière d'avoir pu le faire en équipe, portée par sa coach, toutes les joueuses du Toulouse Métropole Basket et bien sûr ses proches.
Il y a trois ans, on avait découvert que Roxane souffrait d'une maladie mentale, la bipolarité. Cela expliquait notamment les deux épisodes dépressifs qu'elle avait traversés au cours de ses études. Maintenant, Roxane était sous traitement et elle se sentait surtout investie d'une mission, parler autour d'elle de sa maladie en montrant que cela n'empêchait pas de pouvoir réaliser de grandes choses.
On installait dans la salle le podium pour féliciter les championnes de France, qui allaient pouvoir soulever la coupe. Ce fût l'affaire de quelques instants avant que le micro d'une célèbre chaîne de télévision soit tendue à Roxane. Elle venait d'être élue au même moment meilleure joueuse du championnat.
«Roxane Garnier, félicitations pour vos deux titres individuel et collectif. Vous devez être aux anges en ce moment. Que ressentez-vous ?
-C'est difficile à expliquer. Je ressens beaucoup de joie, bien sûr. Mais c'est même plus que ça. Vous savez, il y a trois ans j'étais déjà joueuse professionnelle avec Toulouse à temps-partiel mais j'avais dû arrêter le basket et mes études de sociologie suite à un diagnostic médical sur lequel j'ai pu déjà m'exprimer dans les médias. Je suis bipolaire, et je voulais encore une fois passer le message à tous les gens qui subissent cette maladie mentale que ce n'est pas une fatalité, que la vie doit continuer à être un bonheur à partager avec les gens que l'on aime. Dans mon cas le sport m'a aidée à remonter la pente car dans le basket on a ces valeurs de partage que j'avais perdues en m'isolant des autres dans un premier temps.
-Justement Roxane, comment les valeurs du sport vont-elles aidé à vous sortir de votre dépression ? Je pense que cela intéresse beaucoup nos téléspectateurs et le public ici présent.
-Je vais parler de mon sport mais je pense que cela s'applique à beaucoup d'autres. Le meilleur exemple que je puisse donner c'est la dernière possession que nous avons jouée ce soir pour mettre cet ultime trois points qui nous a fait passer devant au score. Il ne restait que dix secondes à jouer et j'avais la balle en main mais je savais que je pouvais compter sur mes coéquipières pour écarter le jeu et forcer les joueuses adverses à rester au marquage individuel. Si une de mes adversaires était venue aider ma défenseure, j'aurais pu passer la balle à ma coéquipière désormais ouverte pour prendre le shoot. Au lieu de cela, tout le monde est resté à son poste et j'ai pu avec un peu de réussite mettre le tir en négociant le un-contre-un.
-Merci Roxane. Là vous nous parlez du jeu collectif et de l'esprit d'équipe qui sont très importants pour vous mais n'y a-t-il pas également une satisfaction personnelle quand vous mettez un panier qui fait gagner l'équipe à la dernière seconde ?
-Si, évidemment. Surtout quand on entend le swish du panier à la fin. Il n'y a pas de bruit plus satisfaisant au monde...
Roxane ressentit brusquement une sensation de froid intense dans tout son corps. Elle venait d'être arrosée d'un seau d'eau glacée par Silvia, sa coéquipière et meilleure amie au TMB. L'interview s'arrêta là avec les rires de la journaliste et des deux joueuses. Le seau d'eau glacée n'avait d'autre signification que de refroidir une joueuse qui avait été en «feu» pendant tout le match en mettant la plupart de ses shoots.
Silvia et Roxane rejoignirent finalement leurs coéquipières pour célébrer le titre avec le public en faisant le tour du terrain pour remercier chaque virage du stade un à un. Elles s'étaient senties poussées des ailes par le soutien des gens venus les voir jouer. C'était cela aussi le sport ; une communion avec le public où spectateurs et joueurs ou joueuses donnaient le meilleur d'eux-mêmes pour vivre un moment inoubliable.
«Roxane, Roxane !» interpela une personne du public dans les premiers rangs.
La joueuse essaya d'identifier la source de cette voix. Un jeune homme qui devait avoir pas loin de son âge lui sourit en lui faisant signe d'approcher.
«Je voulais juste te remercier Roxane. Je suis bipolaire moi aussi et tu es une grande source d'inspiration. La façon dont tu parles de ton sport et tu t'engages pour surmonter la maladie est admirable. C'est grâce à des modèles comme toi que l'on arrive en partie à se motiver dans les moments difficiles.
Roxane ne savait pas quoi répondre mais elle se sentait très émue. Elle ne connaissait même pas le nom du jeune homme et le prit pourtant dans ses bras.
C'était cela, aussi, le sport.
Entourée de ses coéquipières, Roxane pensa à sa famille et ses amis dans le public qui étaient venus la supporter. Elle fondit en larmes en se remémorant les moments difficiles par lesquels elle était passée ces trois dernières années. Il n'y avait que le sport pour transcender tout cela. Elle était fière d'avoir pu le faire en équipe, portée par sa coach, toutes les joueuses du Toulouse Métropole Basket et bien sûr ses proches.
Il y a trois ans, on avait découvert que Roxane souffrait d'une maladie mentale, la bipolarité. Cela expliquait notamment les deux épisodes dépressifs qu'elle avait traversés au cours de ses études. Maintenant, Roxane était sous traitement et elle se sentait surtout investie d'une mission, parler autour d'elle de sa maladie en montrant que cela n'empêchait pas de pouvoir réaliser de grandes choses.
On installait dans la salle le podium pour féliciter les championnes de France, qui allaient pouvoir soulever la coupe. Ce fût l'affaire de quelques instants avant que le micro d'une célèbre chaîne de télévision soit tendue à Roxane. Elle venait d'être élue au même moment meilleure joueuse du championnat.
«Roxane Garnier, félicitations pour vos deux titres individuel et collectif. Vous devez être aux anges en ce moment. Que ressentez-vous ?
-C'est difficile à expliquer. Je ressens beaucoup de joie, bien sûr. Mais c'est même plus que ça. Vous savez, il y a trois ans j'étais déjà joueuse professionnelle avec Toulouse à temps-partiel mais j'avais dû arrêter le basket et mes études de sociologie suite à un diagnostic médical sur lequel j'ai pu déjà m'exprimer dans les médias. Je suis bipolaire, et je voulais encore une fois passer le message à tous les gens qui subissent cette maladie mentale que ce n'est pas une fatalité, que la vie doit continuer à être un bonheur à partager avec les gens que l'on aime. Dans mon cas le sport m'a aidée à remonter la pente car dans le basket on a ces valeurs de partage que j'avais perdues en m'isolant des autres dans un premier temps.
-Justement Roxane, comment les valeurs du sport vont-elles aidé à vous sortir de votre dépression ? Je pense que cela intéresse beaucoup nos téléspectateurs et le public ici présent.
-Je vais parler de mon sport mais je pense que cela s'applique à beaucoup d'autres. Le meilleur exemple que je puisse donner c'est la dernière possession que nous avons jouée ce soir pour mettre cet ultime trois points qui nous a fait passer devant au score. Il ne restait que dix secondes à jouer et j'avais la balle en main mais je savais que je pouvais compter sur mes coéquipières pour écarter le jeu et forcer les joueuses adverses à rester au marquage individuel. Si une de mes adversaires était venue aider ma défenseure, j'aurais pu passer la balle à ma coéquipière désormais ouverte pour prendre le shoot. Au lieu de cela, tout le monde est resté à son poste et j'ai pu avec un peu de réussite mettre le tir en négociant le un-contre-un.
-Merci Roxane. Là vous nous parlez du jeu collectif et de l'esprit d'équipe qui sont très importants pour vous mais n'y a-t-il pas également une satisfaction personnelle quand vous mettez un panier qui fait gagner l'équipe à la dernière seconde ?
-Si, évidemment. Surtout quand on entend le swish du panier à la fin. Il n'y a pas de bruit plus satisfaisant au monde...
Roxane ressentit brusquement une sensation de froid intense dans tout son corps. Elle venait d'être arrosée d'un seau d'eau glacée par Silvia, sa coéquipière et meilleure amie au TMB. L'interview s'arrêta là avec les rires de la journaliste et des deux joueuses. Le seau d'eau glacée n'avait d'autre signification que de refroidir une joueuse qui avait été en «feu» pendant tout le match en mettant la plupart de ses shoots.
Silvia et Roxane rejoignirent finalement leurs coéquipières pour célébrer le titre avec le public en faisant le tour du terrain pour remercier chaque virage du stade un à un. Elles s'étaient senties poussées des ailes par le soutien des gens venus les voir jouer. C'était cela aussi le sport ; une communion avec le public où spectateurs et joueurs ou joueuses donnaient le meilleur d'eux-mêmes pour vivre un moment inoubliable.
«Roxane, Roxane !» interpela une personne du public dans les premiers rangs.
La joueuse essaya d'identifier la source de cette voix. Un jeune homme qui devait avoir pas loin de son âge lui sourit en lui faisant signe d'approcher.
«Je voulais juste te remercier Roxane. Je suis bipolaire moi aussi et tu es une grande source d'inspiration. La façon dont tu parles de ton sport et tu t'engages pour surmonter la maladie est admirable. C'est grâce à des modèles comme toi que l'on arrive en partie à se motiver dans les moments difficiles.
Roxane ne savait pas quoi répondre mais elle se sentait très émue. Elle ne connaissait même pas le nom du jeune homme et le prit pourtant dans ses bras.
C'était cela, aussi, le sport.