Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux. Me suis-je laissé entrainer dans ce précipice meurtrier et ensanglanté de mon plein gré? Aurais-je pu m’en libérer ? Il m’était déjà arrivé d’imaginer une vie loin de tout ce carnage. Une vie loin des guerres qui cognaient avec pugnacité dans la métropole. Fuir ! Je désirais fiévreusement prendre mon envole loin de ce territoire desséché. Tandis que je nourrissais dans mon subconscient le désir ardent de m’envoler, le danger comme une ombre, se rapprochait pernicieusement de ma cité. Il a ravagé ma vie et l’a laissée vide et sans saveur, comme un champ de ruine. La guerre et la violence trônaient inexorablement dans mon pays le Cameroun. Ces jeunes soldats pensaient faire régner l’ordre et lutter pour une paix durable, l’égalité sociale, mais le sang de ces innocents versés n’était que le signe d’un malheur qui croissait adagio et s’emparait de leurs âmes assujetties. Je regardais douloureusement l’effroi s’implanter sur le territoire anglophone, prisonnier de mon impuissance. Du haut de mes douze ans, je trimbalais quotidiennement dans ma main, une arme à feu. J’obéissais sans émettre la moindre opposition. Je vivais pour être heureux, mais depuis leur survenance brutale chez moi, je ne vivais plus que pour tuer.
J’étais désormais l’un d’eux, ces soldats mineurs, immergés dans la violence. Certaines nuits alors que le silence meurtrier parfumait le campement, je me remémorais ce jeudi noir, quasi-épouvantable. Je ressentais encore les battements haletants de mon cœur et les sueurs froides glissant sur mon front. Je parvenais même à me laisser frapper par l’angoisse qui broyait mes tripes, alors qu’ils égorgeaient ma mère, après avoir violés ma sœur agonisante. Je revoyais le sang qui giclait comme une déflagration de lave volcanique dans toute la pièce, s’étalant sur les murs et le carrelage. Le regard creux que m’a adressé mon père avant de recevoir seize balles en pleine poitrine, mon visage recouvert du liquide visqueux, ainsi que de la colère qui cuisait chaque partie de mon corps, m’aiguillonnaient. Chaque détail me transperçait et était encore frais comme si le déroulement de ces événements sanglants avait eu lieu hier. Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais cette nuit. Mais le plus douloureux était le nombre incalculable d’innocents qui avaient péri de mes mains, sous la contrainte de notre chef de troupe, Johnson.
Il m’arrivait souvent de faire ce drôle de rêve : je me revoyais blotti contre ma maman, profitant de sa chaleur et de son affection. Cette vision utopique caressait mon quotidien obscur et m’extirpait un court instant, de l’enfer que nous vivions, loin des coups, des cris, des viols et du sang. Tous, aussi nombreux que nous étions, avions par moment envie de nous sentir aimés. Nous avions besoin de vivre une vie normale. Vivre la vie des enfants de douze ans : avoir une famille, être scolarisés et protégés. Nous aurions très bien pu mourir, notre chef n’en avait rien à faire. Nous étions des enfants soldats, des armes de destructions conçues pour rependre un vent de terreur sur toute la zone anglophone. Des enfants y laissaient leurs vies et le traumatisme grandissait à mesure que les journées s’enchainaient.
J’étais désormais l’un d’eux, ces soldats mineurs, immergés dans la violence. Certaines nuits alors que le silence meurtrier parfumait le campement, je me remémorais ce jeudi noir, quasi-épouvantable. Je ressentais encore les battements haletants de mon cœur et les sueurs froides glissant sur mon front. Je parvenais même à me laisser frapper par l’angoisse qui broyait mes tripes, alors qu’ils égorgeaient ma mère, après avoir violés ma sœur agonisante. Je revoyais le sang qui giclait comme une déflagration de lave volcanique dans toute la pièce, s’étalant sur les murs et le carrelage. Le regard creux que m’a adressé mon père avant de recevoir seize balles en pleine poitrine, mon visage recouvert du liquide visqueux, ainsi que de la colère qui cuisait chaque partie de mon corps, m’aiguillonnaient. Chaque détail me transperçait et était encore frais comme si le déroulement de ces événements sanglants avait eu lieu hier. Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais cette nuit. Mais le plus douloureux était le nombre incalculable d’innocents qui avaient péri de mes mains, sous la contrainte de notre chef de troupe, Johnson.
Il m’arrivait souvent de faire ce drôle de rêve : je me revoyais blotti contre ma maman, profitant de sa chaleur et de son affection. Cette vision utopique caressait mon quotidien obscur et m’extirpait un court instant, de l’enfer que nous vivions, loin des coups, des cris, des viols et du sang. Tous, aussi nombreux que nous étions, avions par moment envie de nous sentir aimés. Nous avions besoin de vivre une vie normale. Vivre la vie des enfants de douze ans : avoir une famille, être scolarisés et protégés. Nous aurions très bien pu mourir, notre chef n’en avait rien à faire. Nous étions des enfants soldats, des armes de destructions conçues pour rependre un vent de terreur sur toute la zone anglophone. Des enfants y laissaient leurs vies et le traumatisme grandissait à mesure que les journées s’enchainaient.