Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. C'est ce qui a fallu pour que je perde ma fierté, ma dignité, mon honneur, mon avenir. Une soirée obscure dans une ruelle de la plus dégoutante ; son visage infâme qui s'approchait de moi, son odeur repoussante devenait de plus en plus forte. Mon cœur rebondissait comme une balle dans ma poitrine, mon esprit comprenait ce qui qui allait se passer mais mon cerveau refusait d'y croire et cela malgré mes vêtements complètent déchires, mon visage apeurée et mon sang qui se répandait le long de mes cuisses et mon intimité en feu. Tout ce que je voulais faire était de pleurer et de crier mais même cela m'était impossible car aucune larme ne sortait de mes yeux, ni aucun cri de ma gorge. J'avais de la haine contre cet homme, contre moi, contre le monde entier. Je me demandais l'erreur que j'avais commise pour que cela m'arrive, je me sentais salle, abusée, dégoutante, abattu et désarmée. Mon monde venait de s'écrouler en une minute qui m'avait pourtant paru une éternité. Encore aujourd'hui face à ce souvenir je me le remémore dans l'exactitude près cette ruelle ou mon avenir a été changé. Oui, je me souviens encore de cette ruelle et de ces yeux qui me regardais avec désir mais d'une manière malsaine. Et là je me suis dit que plus personne ne me considéra et ne me regardera de ma vie entière. Ce soir-là je rentrais de mon cours de soutient, je longeais l'immense allée qui menait au carrefour et je me suis souvenu de cette petite ruelle qui descendait directement à l'entrée de la maison et naïvement je l'empreinte comme à mon habitude sans me douter de ce qui m'attendait. A peine j'avais entamé la ruelle que je senti une personne qui me suivait de derrière. Tout d'abord je cru à une hallucination de ma part donc je m'arrêtai un instant et regarda derrière moi mais n'ayant rien vu je continua mon chemin mais avec de la peur au ventre car je sentais toujours cette présence derrière moi, je commençai à arrêter mon sac de toute mes forces en détaillant son contenu dans ma tête en me disant que c'est forcément un voleur qui me suivait. Mes pas devenaient de plus en plus rapides et mon souffle de plus en plus fort. Dû à mes grands pas et à l'obscurité de la ruelle je trébuchai et tomba sur mes fesses ; quand j'eu la force de me lever je vu un homme d'une grande taille, à moitié soul avec une bouteille de bière à la main, il portait un pantalon usé et une chemise à courtes manches extrêmement salle. De son double menton dégoulinait de cette boisson qu'il tenait à la main mélangée à son visage en sueur. Toute mes forces m'avaient abandonnées, je ne pouvais plus me lever. Quand je senti son odeur infecte s'approcher de moi je commençai à reculer en glissant sur mes fesses mais la direction que j'empreinte m'amena à un mur et là j'étais coincé sans aucune possibilité de fuir. Mes yeux s'écarquillèrent lorsqu'il me prit le bras avec force après avoir jeté sa bouteille au loin. Tout d'abord me débattre était mon objectif mes ses grandes mains m'empêchaient tout mouvement. Dès lors ma jupe paysanne noire se souleva d'un coup, mon slip rabattu sur mes cuisses, ma chemise complètement déchirées et ma poitrine en l'air. J'ai réellement pris conscience de ce qui m'arrivais lorsque je senti un coup violant pénétrer mon intimité. Il avait fallu juste une minute pour perdre ma fierté. Et pourtant on aurait dit une éternité.A mon réveil à l'hôpital, je voyais des yeux de pitié me dévisager, des personnes qui avaient de la pitié mais qui ne comprenait en rien ma souffrance. Aucune larme n'arrivait toujours à m'échapper, mon visage recelait la plus énorme des tristesses, ma voix n'arrivait plus à émettre de son, mon corps me semblait inconnue, comme s'il ne m'appartenait plus, qu'il n'était plus à moi, il était complètement desséché et sans plus aucune valeur et avec celà mon âme complètement anéanti et meurtri. La honte, le dégout, le désespoir m'envahissait. Je refusais tout contact avec le reste du monde et surtout pas avec les hommes de ce monde. Les semaines qui suivaient cet évènement, je voyais ce corps qui avait été brutalisé changé de forme et avec ça s'accompagnait de violentes nausées, une énorme fatigante permanente, le dégout de certains repas qui étaient pourtant mes préférés. Évidemment la petite fille de dix-neuf ans ne comprenait pas ce qui l'arrivait mais ma mère l'avait remarqué et me pris à part pour me poser un ensemble de questions comme : «qu'est-ce que tu ressens ces derniers temps ? Est-ce que ton corps a changé » et évidemment la plus importe « quelle a été la date d'apparition de mes derniers menstrues ? » je répondis à ces questions en toute incrédulité, c'est le regard de ma mère face à mes réponses qui me fit comprendre que quelque chose n'allait pas. Ce même jour ma mère me traina à l'hôpital où l'on fit un test dont le résultat la fit paniquer. Je savais qu'elle essayait de me dire quelque chose ou bien de me l'expliquer mais elle était tellement paniquée. D'un coup je la vis crier sur mon médecin en disant que c'est impossible car le personnel médical avait pris les dispositions pour éviter cela, et ce dernier essaya de la calmer en lui répondant que ce n'est pas une mesure cent pour cent fiable et qui peut être défaillante. Le médecin nous amena toutes les deux dans son bureau, et me fit une consultation. Il essaya tant bien que mal de m'expliquer ce qui se passait mais c'est quand le mot « grossesse » sorti de sa bouche que je compris enfin l'agissement de ma mère, cette peur qui se lisait sur son visage depuis la maison. Jusque-là, je n'arrivais toujours pas à pleurer, c'était comme si je ne ressentais rien du tout depuis mon agression. Le médecin essaya de nous expliquer les possibilités pour gérer ce problème. Vu que la grossesse n'était qu'à ses débuts, il émit l'idée de l'avortement qui ici était légal du fait de son origine et évidemment les risques qui vont avec. Vu le faite que je sois mineure, le dernier mot revenait à mes parents. Il n'a pas fallu le dire deux fois à ma mère pour qu'elle dise oui sans état d'âme. Mon avis n'importait aucunement. Alors elle programma un rendez-vous avec le médecin pour l'opération et cela dans les deux jours qui suivaient notre visite médicale. Cette grossesse m'avait paru tellement incroyable, improbable et étrange. J'émettais la possibilité de savoir ce que je ferais si je le gardais, mais en réalité tout était contre moi, ou bien contre lui. « Que devais-je faire d'un enfant à mon âge ? Que vais-je devenir ? » Étaient ces questions qui me perturba et j'ai préféré fuir le problème et laissez la solution de ma mère le régler, c'était plus facile. Mon père lui, était un peu plus sceptique à cette solution du fait de nos croyances. A la veille de mon rendez chez le médecin il vint me voir et me demanda mon avis. Depuis le début de cette affaire, mon avis ne m'avait pas été demandé une seule fois mais lui voulais savoir ce que je pensais et un silence avait été ma seule réponse pour lui. Le lendemain matin mes parents m'ont accompagné à l'hôpital et je demandai la présence de mon père pour « l'opération » parce que c'est comme cela que je voyais cela juste une opération chirurgicale. L'opération allait débuter et le médecin commença à m'expliquer la procédure, mais je ne l'écoutais pas car il y avait toujours la question de garder ce bébé qui me hantait l'esprit. A un moment donné pendant son explication, je me suis mise à pleurer sans réellement savoir pourquoi , j'extériorisais tout ce que je gardais pendant tout ce temps, toute la douleur et le ressentiment que je refoulait. J'ai crié à mon père les larmes aux yeux que je ne voulais pas et il me prit dans ses bras et me calma. Evidemment ma mère était contre ma décision, mais tant que mon père me soutenait, son accord ne comptait plus. Dès cet instant précis j'avais pris une décision qui allait me changer pour toujours mais je devais le faire pour cette petite fille, pour ma fille.