Marcelle se demanda pour la énième fois si un jour elle arriverait au bout de son projet. Elle observa son reflet dans le miroir et, d’un regard sévère, se força à ne pas douter d’elle-même. Elle prit ses affaires, brailla un au revoir à l’attention du chat, et sortit.
Une fois dehors, elle inspira goulument une bonne bouffée d’air. En ce matin brumeux de mars, Strasbourg se réveillait doucement. Les boulangers s’activaient déjà depuis belle lurette, et la délicieuse odeur du pain frais flottait à chaque coin de rue. La longue file des étudiants venait se poster ici et là, aux divers arrêts de tram. Et au loin se dressait, inébranlable, la magnifique cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, mère de tous les Strasbourgeois.
Marcelle avait rendez-vous avec ses deux camarades sur la place Gutenberg. Lorsqu’elle arriva, tous deux étaient déjà là à l’attendre. Il y avait Bastien, un jeune homme qui comme Marcelle venait d’Alsace. Quant à Caroline, il s’agissait d’une étudiante Erasmus qui leur venait d’Ecosse.
« Bonjour Marcelle ! fit Caroline avec son charmant accent.
-Bonjour ! ajouta Bastien. Marcelle, comme je le disais justement à Caroline, je suis super excité à l’idée de travailler avec vous deux, on va faire un super boulot !
-Fantastique, j’apprécie ton enthousiasme ! » approuva Marcelle.
Marcelle était en effet ravie. La jeune retraitée, passionnée de cinéma, avait longuement hésité avant de se lancer dans une licence de cinéma. A son âge, lui avait-on dit, le pari était un peu risqué. De plus, elle avait été une cardiologue renommée, quel besoin avait-elle de se lancer dans cette nouvelle aventure, pour beaucoup vouée à l’échec ? Marcelle avait eu deux réactions à ce discours. Elle avait fait sortir de sa vie ces gens qui ne croyaient pas en elle, puis s’était empressée de s’inscrire dans la filière cinéma de la fac des arts du spectacle de Strasbourg. Mais au fond d’elle, elle avait eu peur de ne pas pouvoir s’intégrer parmi ses camarades beaucoup plus jeunes qu’elle, ou encore de peiner par rapport à la charge de travail demandée. Et finalement, force était de constater qu’elle s’en sortait plutôt bien. Elle était à présent en deuxième année de licence, et tout se passait pour le mieux. Elle s’entendait bien avec ses jeunes camarades, et ses notes étaient tout à fait honorables.
Au programme de cette deuxième année, les étudiants étaient tenus de réaliser un court documentaire sur un sujet de leur choix. Marcelle et Caroline s’étaient immédiatement associées car les deux femmes s’entendaient à merveille. Elles avaient, après mûre réflexion, décidé de réaliser leur film sur la ville de Strasbourg elle-même. Marcelle et Caroline partageaient un même amour pour cette ville. Pour Caroline, c’était un amour jeune, qui venait d’éclore, encore fougueux et passionnel. Pour Marcelle, il s’agissait d’une vieille histoire, d’une de celles qui n’existent que dans les contes. Elles avaient proposé à Bastien de se joindre à elles. Marcelle avait eu la joie de faire plus ample connaissance avec lui en-dehors de la fac, puisqu’ils étaient tous deux bénévoles à la Station LGBTI de Strasbourg. Lui aussi amoureux de cette ville, il n’avait pas hésité à accepter la proposition de Marcelle et Caroline.
« Allez, en route, lança Marcelle.
-Vous savez, fit Bastien, j’ai bien réfléchi et je pense qu’il faudrait axer notre docu sur les gens de Strasbourg. Les commerçants, les gens du milieu associatif, ceux et celles qui vivent dans la rue...
-Oui, c’est une bonne idée, acquiesça Caroline, mais il faut aussi parler des petits trésors cachés de la ville, toutes les petites librairies qu’on trouve au fond des cours, les cafés sympas où on peut se poser pour travailler... »
Marcelle sourit. Les idées fusaient, la fougue et la passion qui animaient les deux jeunes gens était indéniables et l’inspiraient. Mais il fallait faire attention à ne pas s’éparpiller.
« Bien sûr, je suis parfaitement d’accord avec vous deux. Mais n’oubliez pas qu’aujourd’hui, nous ne faisons que des repérages. Qui a la liste des personnes que nous devons rencontrer aujourd’hui ?
-C’est moi ! » fit Caroline en se mettant à fouiller dans son sac à dos.
Marcelle en profita pour regarder autour d’elle, s’imprégner de la ville qui commençait à s’agiter comme une fourmilière.
« Alors, dit Caroline, lorsqu’elle eut enfin mis la main sur sa liste. On pourrait commencer par tout le quartier de la cathédrale, déjà qu’on est là. On pourrait commencer par Koda ?
-Ah, là tu m’as perdue, fit Marcelle, qu’est-ce que c’est ?
-C’est une boutique de cosmétiques bio absolument géniale. Non seulement la gérante est trop sympa et en plus elle a de super produits ! C’est grâce à elle que j’ai sauté le pas et que je suis passée aux serviettes hygiéniques non-jetables.
-Oui ! renchérit Bastien. Il faut qu’on aille la voir, rien que parce que la déco de sa boutique est trop belle. »
Caroline lui jeta un regard plein d’assentiment.
« Très bien, répondit Marcelle, convaincue, Koda ce sera ! »
Après plusieurs heures à pérégriner autour de la cathédrale, les trois amis fut heureux de constater que de nombreuses personnes avaient accepté d’apparaître dans leur documentaire.
« Et encore, ce n’était que le quartier de la cathédrale, appuya Bastien.
-En parlant de cathédrale, lança Marcelle qui venait d’avoir une idée, pourquoi on n’irait pas parler aussi aux artistes qui jouent sur le parvis. Voilà des personnes qui doivent avoir une perspective intéressante, concernant la vie à Strasbourg.
-Oui, bonne idée ! »
La journée des trois amis fut longue, mais inspirante. Ils avaient rencontré tellement de personnes différentes. Toutes étaient passionnées et passionnantes.
Alors qu’ils arpentaient les rues sinueuses et pleines de charme du quartier de la Petite France, juste avant de se séparer pour repartir vers leurs logements respectifs, Caroline remarqua :
« On a bien bossé, aujourd’hui ! Il faudra aussi qu’on pense à trouver un titre pour notre documentaire.
-Oui ! soupira Marcelle, rêveuse et ravie. Mais pour l’instant, tout ce que je sais, c’est qu’on est quand même vraiment bien, au pays des cigognes... »
Une fois dehors, elle inspira goulument une bonne bouffée d’air. En ce matin brumeux de mars, Strasbourg se réveillait doucement. Les boulangers s’activaient déjà depuis belle lurette, et la délicieuse odeur du pain frais flottait à chaque coin de rue. La longue file des étudiants venait se poster ici et là, aux divers arrêts de tram. Et au loin se dressait, inébranlable, la magnifique cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, mère de tous les Strasbourgeois.
Marcelle avait rendez-vous avec ses deux camarades sur la place Gutenberg. Lorsqu’elle arriva, tous deux étaient déjà là à l’attendre. Il y avait Bastien, un jeune homme qui comme Marcelle venait d’Alsace. Quant à Caroline, il s’agissait d’une étudiante Erasmus qui leur venait d’Ecosse.
« Bonjour Marcelle ! fit Caroline avec son charmant accent.
-Bonjour ! ajouta Bastien. Marcelle, comme je le disais justement à Caroline, je suis super excité à l’idée de travailler avec vous deux, on va faire un super boulot !
-Fantastique, j’apprécie ton enthousiasme ! » approuva Marcelle.
Marcelle était en effet ravie. La jeune retraitée, passionnée de cinéma, avait longuement hésité avant de se lancer dans une licence de cinéma. A son âge, lui avait-on dit, le pari était un peu risqué. De plus, elle avait été une cardiologue renommée, quel besoin avait-elle de se lancer dans cette nouvelle aventure, pour beaucoup vouée à l’échec ? Marcelle avait eu deux réactions à ce discours. Elle avait fait sortir de sa vie ces gens qui ne croyaient pas en elle, puis s’était empressée de s’inscrire dans la filière cinéma de la fac des arts du spectacle de Strasbourg. Mais au fond d’elle, elle avait eu peur de ne pas pouvoir s’intégrer parmi ses camarades beaucoup plus jeunes qu’elle, ou encore de peiner par rapport à la charge de travail demandée. Et finalement, force était de constater qu’elle s’en sortait plutôt bien. Elle était à présent en deuxième année de licence, et tout se passait pour le mieux. Elle s’entendait bien avec ses jeunes camarades, et ses notes étaient tout à fait honorables.
Au programme de cette deuxième année, les étudiants étaient tenus de réaliser un court documentaire sur un sujet de leur choix. Marcelle et Caroline s’étaient immédiatement associées car les deux femmes s’entendaient à merveille. Elles avaient, après mûre réflexion, décidé de réaliser leur film sur la ville de Strasbourg elle-même. Marcelle et Caroline partageaient un même amour pour cette ville. Pour Caroline, c’était un amour jeune, qui venait d’éclore, encore fougueux et passionnel. Pour Marcelle, il s’agissait d’une vieille histoire, d’une de celles qui n’existent que dans les contes. Elles avaient proposé à Bastien de se joindre à elles. Marcelle avait eu la joie de faire plus ample connaissance avec lui en-dehors de la fac, puisqu’ils étaient tous deux bénévoles à la Station LGBTI de Strasbourg. Lui aussi amoureux de cette ville, il n’avait pas hésité à accepter la proposition de Marcelle et Caroline.
« Allez, en route, lança Marcelle.
-Vous savez, fit Bastien, j’ai bien réfléchi et je pense qu’il faudrait axer notre docu sur les gens de Strasbourg. Les commerçants, les gens du milieu associatif, ceux et celles qui vivent dans la rue...
-Oui, c’est une bonne idée, acquiesça Caroline, mais il faut aussi parler des petits trésors cachés de la ville, toutes les petites librairies qu’on trouve au fond des cours, les cafés sympas où on peut se poser pour travailler... »
Marcelle sourit. Les idées fusaient, la fougue et la passion qui animaient les deux jeunes gens était indéniables et l’inspiraient. Mais il fallait faire attention à ne pas s’éparpiller.
« Bien sûr, je suis parfaitement d’accord avec vous deux. Mais n’oubliez pas qu’aujourd’hui, nous ne faisons que des repérages. Qui a la liste des personnes que nous devons rencontrer aujourd’hui ?
-C’est moi ! » fit Caroline en se mettant à fouiller dans son sac à dos.
Marcelle en profita pour regarder autour d’elle, s’imprégner de la ville qui commençait à s’agiter comme une fourmilière.
« Alors, dit Caroline, lorsqu’elle eut enfin mis la main sur sa liste. On pourrait commencer par tout le quartier de la cathédrale, déjà qu’on est là. On pourrait commencer par Koda ?
-Ah, là tu m’as perdue, fit Marcelle, qu’est-ce que c’est ?
-C’est une boutique de cosmétiques bio absolument géniale. Non seulement la gérante est trop sympa et en plus elle a de super produits ! C’est grâce à elle que j’ai sauté le pas et que je suis passée aux serviettes hygiéniques non-jetables.
-Oui ! renchérit Bastien. Il faut qu’on aille la voir, rien que parce que la déco de sa boutique est trop belle. »
Caroline lui jeta un regard plein d’assentiment.
« Très bien, répondit Marcelle, convaincue, Koda ce sera ! »
Après plusieurs heures à pérégriner autour de la cathédrale, les trois amis fut heureux de constater que de nombreuses personnes avaient accepté d’apparaître dans leur documentaire.
« Et encore, ce n’était que le quartier de la cathédrale, appuya Bastien.
-En parlant de cathédrale, lança Marcelle qui venait d’avoir une idée, pourquoi on n’irait pas parler aussi aux artistes qui jouent sur le parvis. Voilà des personnes qui doivent avoir une perspective intéressante, concernant la vie à Strasbourg.
-Oui, bonne idée ! »
La journée des trois amis fut longue, mais inspirante. Ils avaient rencontré tellement de personnes différentes. Toutes étaient passionnées et passionnantes.
Alors qu’ils arpentaient les rues sinueuses et pleines de charme du quartier de la Petite France, juste avant de se séparer pour repartir vers leurs logements respectifs, Caroline remarqua :
« On a bien bossé, aujourd’hui ! Il faudra aussi qu’on pense à trouver un titre pour notre documentaire.
-Oui ! soupira Marcelle, rêveuse et ravie. Mais pour l’instant, tout ce que je sais, c’est qu’on est quand même vraiment bien, au pays des cigognes... »