Arbitrage et engagement

Lorsque nous demandons à quelqu'un de nous citer le nom d'une personne célèbre dans un sport, on entend celui d'un joueur, d'une joueuse ou d'un coach, mais rarement celui d'un(e) arbitre. C'est pourquoi, j'ai envie de parler de la personne apprivoisant le sifflet sur nos terrains.
S'engager laisse entendre « la capacité d'investir du temps et des efforts sur la durée du programme de formation » comme le définit Bédard et Al en 2012. L'arbitre est primordial, sans lui ou elle il n'y a pas de match. Il a un rôle aussi important que les joueurs/joueuses, coachs ou tout officiel. Même s'il est parfois critiqué, mis en porte à faux, il ne faut pas oublier que l'arbitre fournit de l'investissement et cherche à évoluer. Arbitrer ne se résume pas à arriver au match, siffler, signer la feuille de match, fermer la valise puis la rouvrir lors du prochain arbitrage. Tel le joueur, il s'entraîne physiquement, mentalement et réglementairement pour réaliser la meilleure performance possible et être au service du jeu. N'oublions pas que l'arbitre n'est pas la police de terrain mais le protecteur du jeu et de l'intégrité physique des joueurs et joueuses. C'est un acteur qui agit dans l'intérêt général et a un rôle fondamental par son engagement pour tous, toute la saison et sur tous les terrains.

Mon histoire commence à l'âge de 3 ans, à l'époque, je suivais déjà mon père dans les salles. Pour lui, ce sport représente une réelle passion qu'il m'a transmise dès mon plus jeune âge. Les valeurs correspondent tout simplement à ma volonté de travailler dans le sport. A 6 ans, j'ai signé ma première licence dans le club de Véretz. Apprendre les bases m'a permis d'évoluer sur les aspects sportif, social et pédagogique.
Cette passion pour ce sport a pris de l'ampleur au fil des années, me réconfortant dans l'idée de mon futur travail.
2013, la belle histoire prend une autre dimension. Licenciée au Chambray Touraine Handball, je suis sélectionnée dans l'équipe du comité 37. C'est la première rencontre avec Mathilde, qui deviendra ma future binôme dans l'arbitrage, et nous avons été championnes régionales.
2014, je participe au stage de Ligue m'ouvrant la possibilité de jouer en -18 national. Durant trois années, j'ai eu la chance de pouvoir m'entraîner avec les joueuses de Nationale 1, d'être la sparring-partner de Blandine Dancette, de participer à quelques matchs en début de saison. En 2019, j'ai également pu m'entraîner avec la Nationale 2 du club des Ponts-de-Cé, grâce à Sébastien Deschamps rencontré lors d'un stage de handball en Vendée.
2020, mes études prennent une place importante dans mon quotidien. Je décide d'arrêter de jouer et me consacre entièrement à l'arbitrage.
« L'aventure arbitre » a commencé à 13 ans par des stages découverte. Ayant la volonté depuis toute petite de travailler dans le sport, j'ai décidé de me lancer dans l'arbitrage accompagnée par Fabrice Choffy et mon Papa Frédéric Pierron. Comme dans tout projet, les parents sont importants et depuis le début, les miens sont présents, m'accompagnent et me soutiennent dans mes choix.
Au début, c'était surtout de la curiosité pour le personnage « Arbitre ». Curiosité, qui s'est transformée en plaisir, car il n'y a pas de plus beau cadeau que de recevoir des sourires et gestes chaleureux à la fin d'un match, signe que notre engagement n'est pas vain. Si parfois, ce rôle est difficile, l'objectif reste d'offrir les meilleures conditions de match à tous les acteurs du handball.
Avec Mathilde, lors de stages départementaux animés par Stéphanie Lefèvre nous sommes devenues juge arbitre jeune T3 en 2015, mais nos envie visaient plus haut. Notre investissement et l'expérience acquise, nous avons intégré les stages de Ligue et obtenu le niveau de juge arbitre jeune T2 en 2016, nous permettant d'évoluer dans la compétition -18 Territoriale. Ces stages, nous ont permis de rencontrer des binômes de Bourges, Fleury, Vierzon... et Olivier Mas formateur pour la ligue. Ces rencontres ont été des facteurs de notre évolution car « tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l'entraide et la solidarité visant à un but commun » (Françoise Dolto), ici il s'agissait de perfectionner notre arbitrage.
2017 fut une année riche. Nous avons été promues juge arbitre jeune T1, ce qui nous a ouvert les portes de la -18 nationale. Nous avons arbitré les finales du Challenge France Inter-Comités, les finales du championnat de France UNSS, et avons été récompensées par le Comité Olympique Départemental d'un « trophée des jeunes » pour notre engagement.
Lors de mon année de terminale, avec Mathilde, nous avons eu l'honneur d'être présentées en tant qu'arbitres espoirs lors d'un match de LFH opposant le Chambray Touraine Handball à Brest Bretagne Handball (31/10/2018 journée nationale des arbitres). Une belle rencontre avec Frédéric Ferrandier et Jean-Patrick Anicet, arbitres du groupe élite, Alison Pineau et Linda Pradel, joueuses ayant un palmarès national et international. Nous avons participé à un stage national U16 féminin à la maison du handball sous la supervision de Jérôme Briois. Stage qui nous a permis de montrer notre travail depuis 2014. Cela a porté ses fruits : nous avons arbitré un match de Nationale 3 masculine (06/01/2019) et de Nationale 2 féminin (14/01/2019) et nous sommes devenues jeunes arbitres espoirs.
2020, suite à l'apparition du COVID, les matchs se sont très vite arrêtés, ne nous permettant plus d'arbitrer. Motivées malgré tout, ce sera QCM, avec analyse de nos anciens matchs et ceux d'autres binômes. Durant cette pandémie, nous avons persévéré pour revenir plus fortes. Nous avons également eu la chance de pouvoir échanger sur l'arbitrage de haut niveau avec Valentin Porte, joueur de l'équipe de France. Cet échange a consolidé ce désir de pouvoir arbitrer en élite et accéder à la scène internationale.
2021 arbitrage des Inter-ligues à Tournefeuille. Quelle fierté ! Il était important de vivre une nouvelle expérience lors d'une compétition nationale reconnue. Un jeu plus intense avec de nouveaux superviseurs, Amandine Vahe, Coquin Joahnn, et Heddid Rafik, qui nous ont apporté de nouveaux conseils et une nouvelle vision de ce que doit être un arbitre. Expérience incroyable, où nous avons beaucoup appris, échangé avec les suiveurs et les autres binômes. Grâce à notre travail, l'écoute des conseils et l'application des axes de progrès, nous avons arbitré la demi-finale Nouvelle Aquitaine - Hauts de France et la petite finale opposant la Bretagne aux Hauts de France. Un bonheur sportif et humain qui a consolidé notre envie d'engagement pour intégrer le groupe T1 national. Suite à cela, pour la journée de l'arbitrage, nous avons eu la chance d'être interviewées par la ligue CENTRE-VAL-DE-LOIRE et François Lebeau pour le CTHB.
En plus de mon rôle d'arbitre, j'ai pu intervenir dans la formation des jeunes Arbitres au sein du comité 37 et du club des Pont-de-Cé. Je veux transmettre ce plaisir ressenti lorsque je suis sur le terrain, en partageant mes expériences et les connaissances acquises. C'est possible à travers l'investissement mis car « l'engagement est ce qui transforme une promesse en réalité », a dit Abraham Lincoln.
Ce n'est qu'une partie du chemin qu'il me reste à parcourir. Je considère que le plus important est le contact avec les joueurs, joueuses et coachs, quand il y a un véritable échange. Se poser les bonnes questions, se comprendre, faire en sorte de progresser les uns avec les autres. J'éprouve une vraie passion pour l'arbitrage, et je n'ai pas peur de dire que je rêve de diriger un jour une rencontre aux Jeux Olympiques.
J'aimerais dire à tous ceux ou celles qui ont l'ambition de devenir arbitre, de ne jamais rien lâcher, de croire en ses rêves et surtout de prendre du plaisir. L'arbitrage c'est comme jouer, c'est un plaisir. Il ne faut pas s'arrêter aux seules critiques négatives, mais faire le tri. « Chaque difficulté rencontrée doit être l'occasion d'un nouveau progrès », affirmait Pierre de Coubertin.
L'arbitrage est un facteur d'équilibre pour régler deux contradictions inconciliables.

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Léa Pierron, Chambray Touraine Handball