Je m'en vais au frais matin,
Quittant tes œillets sauvages
Et l'ivresse de tes feuillages,
Imprégné de ton parfum.

Traversant le village endormi,
L'aube s'éveille, mouillée de bleu,
Les dernières cendres de nos feux
Se posent lentement sur ton lit.

Il est des heures indécises
Où les rêves égarés voyagent
Et respirent les nuages,
Au souffle léger de la brise.

Sur le chemin qui longe la mer,
Le chant des draps ensorcelés
Envoûte les vagues déchaînées
Et se mêle aux embruns doux-amers.

Dans le ciel de brumes et de satin
De ce pays où la mer et les gens
Gardent à jamais la couleur du temps,
Je vois danser ses cheveux de lin.

Elle dort, ses secrets bien rangés,
Vous ai-je parlé de ses yeux changeants ?
Gris à l'automne, bleus au printemps,
Jusqu'à l'outremer en été...