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L'impact des gouttes sur le métal. Comme le souvenir lointain d'une pluie martelant le velux d'une chambre mansardée. Celle-là même où nos peaux se brûlaient au contact de l'autre. Car pourquoi n'aurions-nous pas eu le droit, nous aussi, de goûter à ce plaisir-là ? Flashs trop flous. Ton corps si doux, entremêlé au mien. Images furtives. Tes yeux où se percutaient des milliers d'étoiles. Les miens qui s'égaraient dans les galaxies générées par ta jouissance. Était-ce ce qu'ils appelaient le bonheur ? Réminiscences d'un monde oublié, éclairé par un trombinoscope déréglé.
L'impact des gouttes sur le métal. Comme des rafales d'armes automatiques. Chairs déchirées, éclatées par des balles traçantes et autres éclats de projectiles meurtriers. Le chaos était arrivé juste après les premières bombes. Une civilisation qui s'effondrait alors que se mettaient en branle des modes de survie basés sur un atavisme sauvage enfoui au plus profond des cerveaux humains. Eux contre nous. Les morts n'avaient plus voix au chapitre mais ceux qui restaient avaient lancé la chasse. Traque impitoyable où la pitié n'était plus rien qu'un mot méprisé.
J'avais assisté, impuissant, à ton exécution. Une meute ivre de rage et de terreur qui t'avait acculée dans le parking souterrain de ce magasin depuis longtemps vidé de ses entrailles. J'étais arrivé trop tard pour pouvoir faire quelque chose. Juste regarder, caché dans l'obscurité salvatrice. Regarder, hébété, pantelant, l'hallali. Ils s'en étaient donné à cœur joie. Ils avaient pris leur temps quand ils avaient compris qu'ils auraient le dessus et que tu ne pourrais plus rien faire pour leur échapper. Tu t'étais bien défendue, à voir le nombre d'assaillants étendus sur le béton fissuré. Et moi, je n'avais pas bougé. À quoi cela aurait-il servi ? À part disparaître avec toi.
L'impact des gouttes sur le métal. Tempo meurtrier de ces pluies acides qui rythment désormais un temps figé dans une apocalypse sans lendemain. La citerne rouillée de ce vieux camion tiendra encore un temps. Elle me protégera pour quelques jours encore. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce qu'ils découvrent ma cachette ou jusqu'à ce que mes rêves s'assèchent définitivement dans les vents mauvais de cette fin du monde ?
La cadence se fait plus légère. Le choc des larmes meurtrières contre la tôle rongée plus faible. Pour se dissoudre totalement dans un silence austère. Je vais pouvoir sortir, quitter cet abri désolant qui empeste encore des remugles d'hydrocarbures depuis longtemps évaporés. Grincement outragé de la trappe de visite. Je passe ma tête par l'ouverture. Sur mes gardes. Si le ciel boursouflé tolère mes pas à l'extérieur, il en est de même pour les autres. Eux aussi veulent poursuivre cette survie aride, cette quête effrénée de nourriture et cette battue furieuse. Elle ne cessera que lorsque nous aurons tous disparu de la surface de cette terre souillée. Eux ou nous. Ils ont l'avantage du nombre. Nous avons d'autres arguments.
Je marche maintenant sur une croûte noirâtre, au milieu de blocs défoncés à l'aspect sinistre. Pas mesurés, lenteur appropriée. À deux cents mètres à peine de ma tanière, gît la carcasse de ce chien qu'ils ont lancé contre moi l'autre jour. Les entrailles bouffées par l'ammoniac. La gueule figée sur un rictus amer. Ses crocs d'une blancheur douteuse, désormais tournés vers d'illusoires paradis, ne m'ont pas effleuré. J'ai été le plus rapide. Mais je suis sûr d'une chose. Ses maîtres sont là, planqués au cœur de ces ruines, protégés par cette pénombre permanente. Personne n'a jamais revu le soleil depuis la grande catastrophe. La notion de jour et de nuit est réduite à une portion congrue. Une luminosité mesquine qui ponctue encore nos existences stériles. Elle ne me désavantage pas.
Sous l'immeuble éventré, il y a un passage. Ils l'ont découvert eux aussi. Ils sont peut-être là, tapis dans cette opacité qui ne m'effraie pas. De toute façon, je n'ai pas le choix, les conditions de ma survie s'y trouvent.
Je me glisse dans l'anfractuosité, prenant appui sur les décombres torturés pour descendre.
Arrêt obligatoire. Écouter, prendre le pouls de cette respiration inorganique. Je serre l'arme contre mon flanc. Aucun souffle perceptible, pourtant je sens leur présence. Plusieurs mètres encore dans un chaos de rouille et de gravats tranchants avant de tomber sur le tunnel. C'est ici que je suis le plus exposé. Dans la nudité clinique de cette ancienne station de métro. Des bouches sombres de tous côtés, d'où ils peuvent surgir à chaque instant. Cohorte hurlante de démons enragés. Certains d'entre eux se terrent là, dans des wagons inutiles, oubliés sur des rails tordus.
Encore un pas, puis deux. La porte qui mène au générateur n'est plus si loin. J'espère juste qu'ils n'ont pas découvert mes précédentes visites.
Un hurlement terrible, sans doute pour se donner du courage. En même temps, une lumière aveuglante qui fait refluer les ombres. Ils croient donc encore que cela m'impressionne. Combien sont-ils ? Une quinzaine. Pas assez pour m'affronter.
Des gerbes de feu éclaboussent les murs, pointillant les anciens carrelages d'étranges arabesques juste devant moi. Ma première salve en fauche trois. Je pense à ton corps déchiqueté. Je revois tes yeux. Emplis d'une béatitude artificielle aux jours anciens, noyés dans une épouvante sans pareille dans ce parking maudit. Je tire encore et encore, faisant mouche à chaque fois. Je devrais en puiser une satisfaction sans pareille. Je devrais. Mais mon esprit n'est plus connecté à ce genre de choses.
Le flacon explose dans mon dos. Je n'ai pas vu le second groupe arriver par derrière. Une sensation étrange, comme une coulée de froid qui glisse en moi. Inexorablement.
L'impact des gouttes sur le métal.
L'acide qui a rongé mes chairs s'attaque désormais à mon squelette de titane avant de corroder mes circuits imprimés. Ils m'avaient donné le nom de NOW-515, humanoïde de quatorzième génération. Si proche de l'homme, trop proche. Mélange d'organes et de technologie. Presque parfait. Bouc émissaire idéal d'un désastre programmé. Suis-je le dernier ?
Ils nous avaient offert l'illusion des sentiments. Nous avions cru être comme eux, des demi-dieux presque immortels. Ma mémoire se brouille. Mes souvenirs se mélangent. Implantés et réels.
Amour, haine, peur, violence.
Confusion.
Tes yeux.
Dissonances.
Ta peau.
Tumulte sans fin.
L'impact des gouttes sur...
L'impact des gouttes sur le métal. Comme des rafales d'armes automatiques. Chairs déchirées, éclatées par des balles traçantes et autres éclats de projectiles meurtriers. Le chaos était arrivé juste après les premières bombes. Une civilisation qui s'effondrait alors que se mettaient en branle des modes de survie basés sur un atavisme sauvage enfoui au plus profond des cerveaux humains. Eux contre nous. Les morts n'avaient plus voix au chapitre mais ceux qui restaient avaient lancé la chasse. Traque impitoyable où la pitié n'était plus rien qu'un mot méprisé.
J'avais assisté, impuissant, à ton exécution. Une meute ivre de rage et de terreur qui t'avait acculée dans le parking souterrain de ce magasin depuis longtemps vidé de ses entrailles. J'étais arrivé trop tard pour pouvoir faire quelque chose. Juste regarder, caché dans l'obscurité salvatrice. Regarder, hébété, pantelant, l'hallali. Ils s'en étaient donné à cœur joie. Ils avaient pris leur temps quand ils avaient compris qu'ils auraient le dessus et que tu ne pourrais plus rien faire pour leur échapper. Tu t'étais bien défendue, à voir le nombre d'assaillants étendus sur le béton fissuré. Et moi, je n'avais pas bougé. À quoi cela aurait-il servi ? À part disparaître avec toi.
L'impact des gouttes sur le métal. Tempo meurtrier de ces pluies acides qui rythment désormais un temps figé dans une apocalypse sans lendemain. La citerne rouillée de ce vieux camion tiendra encore un temps. Elle me protégera pour quelques jours encore. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce qu'ils découvrent ma cachette ou jusqu'à ce que mes rêves s'assèchent définitivement dans les vents mauvais de cette fin du monde ?
La cadence se fait plus légère. Le choc des larmes meurtrières contre la tôle rongée plus faible. Pour se dissoudre totalement dans un silence austère. Je vais pouvoir sortir, quitter cet abri désolant qui empeste encore des remugles d'hydrocarbures depuis longtemps évaporés. Grincement outragé de la trappe de visite. Je passe ma tête par l'ouverture. Sur mes gardes. Si le ciel boursouflé tolère mes pas à l'extérieur, il en est de même pour les autres. Eux aussi veulent poursuivre cette survie aride, cette quête effrénée de nourriture et cette battue furieuse. Elle ne cessera que lorsque nous aurons tous disparu de la surface de cette terre souillée. Eux ou nous. Ils ont l'avantage du nombre. Nous avons d'autres arguments.
Je marche maintenant sur une croûte noirâtre, au milieu de blocs défoncés à l'aspect sinistre. Pas mesurés, lenteur appropriée. À deux cents mètres à peine de ma tanière, gît la carcasse de ce chien qu'ils ont lancé contre moi l'autre jour. Les entrailles bouffées par l'ammoniac. La gueule figée sur un rictus amer. Ses crocs d'une blancheur douteuse, désormais tournés vers d'illusoires paradis, ne m'ont pas effleuré. J'ai été le plus rapide. Mais je suis sûr d'une chose. Ses maîtres sont là, planqués au cœur de ces ruines, protégés par cette pénombre permanente. Personne n'a jamais revu le soleil depuis la grande catastrophe. La notion de jour et de nuit est réduite à une portion congrue. Une luminosité mesquine qui ponctue encore nos existences stériles. Elle ne me désavantage pas.
Sous l'immeuble éventré, il y a un passage. Ils l'ont découvert eux aussi. Ils sont peut-être là, tapis dans cette opacité qui ne m'effraie pas. De toute façon, je n'ai pas le choix, les conditions de ma survie s'y trouvent.
Je me glisse dans l'anfractuosité, prenant appui sur les décombres torturés pour descendre.
Arrêt obligatoire. Écouter, prendre le pouls de cette respiration inorganique. Je serre l'arme contre mon flanc. Aucun souffle perceptible, pourtant je sens leur présence. Plusieurs mètres encore dans un chaos de rouille et de gravats tranchants avant de tomber sur le tunnel. C'est ici que je suis le plus exposé. Dans la nudité clinique de cette ancienne station de métro. Des bouches sombres de tous côtés, d'où ils peuvent surgir à chaque instant. Cohorte hurlante de démons enragés. Certains d'entre eux se terrent là, dans des wagons inutiles, oubliés sur des rails tordus.
Encore un pas, puis deux. La porte qui mène au générateur n'est plus si loin. J'espère juste qu'ils n'ont pas découvert mes précédentes visites.
Un hurlement terrible, sans doute pour se donner du courage. En même temps, une lumière aveuglante qui fait refluer les ombres. Ils croient donc encore que cela m'impressionne. Combien sont-ils ? Une quinzaine. Pas assez pour m'affronter.
Des gerbes de feu éclaboussent les murs, pointillant les anciens carrelages d'étranges arabesques juste devant moi. Ma première salve en fauche trois. Je pense à ton corps déchiqueté. Je revois tes yeux. Emplis d'une béatitude artificielle aux jours anciens, noyés dans une épouvante sans pareille dans ce parking maudit. Je tire encore et encore, faisant mouche à chaque fois. Je devrais en puiser une satisfaction sans pareille. Je devrais. Mais mon esprit n'est plus connecté à ce genre de choses.
Le flacon explose dans mon dos. Je n'ai pas vu le second groupe arriver par derrière. Une sensation étrange, comme une coulée de froid qui glisse en moi. Inexorablement.
L'impact des gouttes sur le métal.
L'acide qui a rongé mes chairs s'attaque désormais à mon squelette de titane avant de corroder mes circuits imprimés. Ils m'avaient donné le nom de NOW-515, humanoïde de quatorzième génération. Si proche de l'homme, trop proche. Mélange d'organes et de technologie. Presque parfait. Bouc émissaire idéal d'un désastre programmé. Suis-je le dernier ?
Ils nous avaient offert l'illusion des sentiments. Nous avions cru être comme eux, des demi-dieux presque immortels. Ma mémoire se brouille. Mes souvenirs se mélangent. Implantés et réels.
Amour, haine, peur, violence.
Confusion.
Tes yeux.
Dissonances.
Ta peau.
Tumulte sans fin.
L'impact des gouttes sur...
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