C'est parti. Je fais un départ parfait. Cent mètres, c'est à la fois très court et une éternité.
Je m'appelle Anna, et je vais vous faire vivre ma course. La course de ma vie, la finale du cent mètres, aux Jeux Olympiques.
Une fois le départ donné, les premières foulées consistent à se redresser et à lancer la vitesse. A ce moment de la course, il faut bien gainer abdominaux, pour transmettre la puissance entre les bras et les cuisses. Tout se passe comme prévu, je réalise les gestes parfaits, comme je les ai répétés des centaines de fois à l'entrainement.
Je n'ai pas le loisirs d'observer les autres concurrentes. Je suis parfaitement concentré sur la précision de ma foulée, et la régularité de mon rythme.
Je me revois, enfant, courant avec mon père dans la forêt ou à travers champs. C'est lui qui m'a appris cette régularité du souffle, de la foulée. Lorsque je cours, mon corps est une mécanique parfaite. Mon père n'est pas dans les gradins, malheureusement, mais je suis persuadée que de là où il est, il me regarde et il est fier de moi. Je réussis à retrouver la même sensation de liberté que lorsque je courais, enfant, dans la nature, alors que je suis dans un stade olympique, devant des milliers de spectateurs, et probablement des millions de téléspectateurs.
Déjà la mi-course, maintenant il faut tenir le rythme, ne pas faiblir. Les autres cherchent à m'intimider, mais rien n'y fait : je demeure concentrée sur la ligne d'arrivée, et surtout sur la régularité. A l'entrainement, j'ai passé des années à faire des tours de pistes, en maîtrisant ma vitesse. Je suis capable de courir un quatre cent mètres (donc un tour de piste d'athlétisme) en n'importe quel temps. Vous voulez un quatre cent mètres en quarante huit secondes ? Je le cours en quarante huit seconde, à la seconde près, sans avoir besoin de regarder le chronomètre. J'ai un métronome dans la tête et les jambes.
Ça y est, la ligne d'arrivée n'est plus qu'à quelques foulées. Maintenant il faut tout donner, pas besoin d'économiser la moindre parcelle d'énergie. Plus que trois foulées, deux foulées, une dernière foulée qui ressemble presque à un saut. Les autres sont toutes derrière, la victoire est nette !
Oui, c'est ça, le speaker officiel le confirme : « Et c'est la victoire de Louise Paterson qui remporte brillamment la finale du cent mètres des Jeux paralympiques en catégorie non-voyants. Bravo à Louise Paterson, et bravo aussi quand même à sa guide, qui se prénomme Maria, il me semble »
Anna, pas Maria...
Je m'appelle Anna, et je suis guide au service de la championne Louise Paterson.
Aujourd'hui Louise a gagné, et c'est aussi le plus beau jour de ma vie.
Je m'appelle Anna, et je vais vous faire vivre ma course. La course de ma vie, la finale du cent mètres, aux Jeux Olympiques.
Une fois le départ donné, les premières foulées consistent à se redresser et à lancer la vitesse. A ce moment de la course, il faut bien gainer abdominaux, pour transmettre la puissance entre les bras et les cuisses. Tout se passe comme prévu, je réalise les gestes parfaits, comme je les ai répétés des centaines de fois à l'entrainement.
Je n'ai pas le loisirs d'observer les autres concurrentes. Je suis parfaitement concentré sur la précision de ma foulée, et la régularité de mon rythme.
Je me revois, enfant, courant avec mon père dans la forêt ou à travers champs. C'est lui qui m'a appris cette régularité du souffle, de la foulée. Lorsque je cours, mon corps est une mécanique parfaite. Mon père n'est pas dans les gradins, malheureusement, mais je suis persuadée que de là où il est, il me regarde et il est fier de moi. Je réussis à retrouver la même sensation de liberté que lorsque je courais, enfant, dans la nature, alors que je suis dans un stade olympique, devant des milliers de spectateurs, et probablement des millions de téléspectateurs.
Déjà la mi-course, maintenant il faut tenir le rythme, ne pas faiblir. Les autres cherchent à m'intimider, mais rien n'y fait : je demeure concentrée sur la ligne d'arrivée, et surtout sur la régularité. A l'entrainement, j'ai passé des années à faire des tours de pistes, en maîtrisant ma vitesse. Je suis capable de courir un quatre cent mètres (donc un tour de piste d'athlétisme) en n'importe quel temps. Vous voulez un quatre cent mètres en quarante huit secondes ? Je le cours en quarante huit seconde, à la seconde près, sans avoir besoin de regarder le chronomètre. J'ai un métronome dans la tête et les jambes.
Ça y est, la ligne d'arrivée n'est plus qu'à quelques foulées. Maintenant il faut tout donner, pas besoin d'économiser la moindre parcelle d'énergie. Plus que trois foulées, deux foulées, une dernière foulée qui ressemble presque à un saut. Les autres sont toutes derrière, la victoire est nette !
Oui, c'est ça, le speaker officiel le confirme : « Et c'est la victoire de Louise Paterson qui remporte brillamment la finale du cent mètres des Jeux paralympiques en catégorie non-voyants. Bravo à Louise Paterson, et bravo aussi quand même à sa guide, qui se prénomme Maria, il me semble »
Anna, pas Maria...
Je m'appelle Anna, et je suis guide au service de la championne Louise Paterson.
Aujourd'hui Louise a gagné, et c'est aussi le plus beau jour de ma vie.