Amour tragique

« Maître, vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner comme l'ont fait les autres mais je ne vous appellerai pas maître ».
Elle n'arrêtait pas de relire ce passage du roman de Yamen Manai qu'elle tenait dans ses mains. A chaque fois qu'elle terminait la lecture de cette phrase, elle prenait quelques minutes pour réfléchir avant de la relire. Ce passage avait déclenché une sorte de révolte en elle, elle finit par ranger le livre et d'un machinal, elle ferma sa boutique.
Il devait être 18h quand Aicha débarqua chez son petit ami Marcel. La sincérité de leur amour lui donnait le droit de venir à l'improviste et les fois où Marcel ne se trouvait pas chez lui, il y'avait toute la famille qui s'entendait très bien avec Aïcha et la considérait même comme faisant partie des leurs .
Après une bref salutation aux parents de Marcel, Elle alla à la rencontre de son amour qui se trouvait dans son lit,sous la couverture. Avant que Marcel n'ait le temps de lui demander « pourquoi tu as fermé ta boutique à cette heure »? Aïcha lui avale les lèvres et commence à se déshabiller.
- Qu'est-ce qui te prend ? Demanda Marcel.
- Fais moi l'amour s'il te plaît, supplia Aicha.
- Mais y'a pas longtemps qu'on a fait......
- Là je veux que ça soit sans préservatif, je veux que tu me fasses un bébé.
- Rassure-moi, tu blagues ? Questionna Marcel avec un léger sourire.
- Est-ce que j'ai l'air de rigoler ?
- Non mais, déjà ta famille n'approuve pas notre relation, et ton père n'accepterait jamais que tu te maries avec un homme dont vous n'avez pas des liens familiaux. A fortiori à moi qui suis d'une religion opposée.

Aicha était déjà attristée par la véracité des dires de Marcel. Elle aurait préféré qu'il ait tort , mais il a juste dit tout haut ce qu'elle pensait en silence.
- Je sais mon amour, d'ailleurs c'est ce qui explique ma proposition. En fait, mon père a donné mes sœurs en mariage à leurs dix-huit ans (18ans). D'ici deux mois j'aurais dix-huit ans et crois moi, je ne ferais pas l'exception. Et je n'imagine pas ma vie au près d'un autre homme . Je suis accro à ta personne Marcel.

Marcel n'était vraiment pas prêt pour une telle proposition. Il se leva du lit et fît quelque pas dans la chambre. En fait, il avait peur. Il avait un peu peur pour lui et beaucoup plus peur pour Aicha. Mais il savait aussi qu'il n'y avait pas d'autres alternatives possibles  : Soit une grossesse soit la rupture. Il se rassit au près de Aicha en lui caressant la joue.

- Bb cette décisions sera très lourde de conséquences alors il nous faut de mûres réflexions avant de nous y lancer.
- Les bonnes affaires se font dans de brefs délais. Dixit Aicha
- C'est-à-dire ?
- Là
- Là quoi ?
- Maintenant.
- Tu veux vraiment qu'on le fasse maintenant.
- Oui

Après une longue hésitation, Marcel lui dit : D'accord si tu es vraiment prête à faire ça pour rester avec moi, alors je n'ai vraiment pas le droit d'hésiter.
Après quelques minutes d'embrassades et de câlins, ils étaient au feu de l'action.Marcel , avec son physique d'athlète, déchargeait toute sa force sur Aïcha par des mouvements secs d'aller et de retour. De sa main gauche, il augmente le volume de la radio. Est-ce pour camoufler les gémissements de Aïcha ? Ou pour avoir plus d'ambiances ? En tout cas la musique était au rendez-vous !
Aïcha essayait d'arrêter Marcel au moment où les forces de ce dernier se multiplient . Ça se comprend car Marcel était devant la ligne d'arrivée et crois moi personne ne s'arrête volontairement devant cette ligne d'arrivée. Après s'être amenuisé par ses mouvements Marcel se jette sur l'autre côté du lit, les yeux fixés au plafond avec de grandes respirations.
-Sinon comment c'était? Demanda-t-il
Mais Aïcha restait silencieuse, alors Il lui tient la main et repose sa question derechef. L'inertie de Aïcha continuait, et il se leva pour savoir ce qui passait. Après deux voir trois tapes et toujours pas de réactions de la part de sa copine les choses devenaient sérieuses. Marcel essaya de la soulever mais Aïcha ne pouvait pas se tenir debout. C'est là qu'une peur bleue l'envahit .il fait tout pour que Aïcha réagisse mais il n'avait pas le pouvoir de ressusciter les morts et la vie de Aïcha avait déjà quitté son corps. Après un branle-bas pour se rhabiller il hésita avant de sortir de la chambre mais la peur poussait Marcel à courir chercher de l'aide dehors. Presque toute la famille s'était précipitée vers l'hôpital mais c'était perdu d'avance car la vie de Aïcha était restée dans la chambre de Marcel. D'ailleurs cette consultation rapide du médecin faisait pleurer la famille avant même que ce dernier affirme qu' Aïcha avait déjà rendu l'âme.
Comment annoncer cette nouvelle à la famille de Aïcha qui a priori ne portait pas Marcel dans son cœur à cause de cette emprise qu'il avait sur leur fille adorée. George, le grand frère de Marcel ressentait une obligation morale de prévenir les parents de la fille . Après tout ils avaient le devoir de savoir. Il n'a fallu que deux heures pour que la nouvelle s'éparpille dans la ville. Les gens venaient tous azimuts pour savoir la vraie version de l'histoire. L'ampleur de la situation a ankylosé les jambes de Marcel . Entre peur,tristesse et regret, sa vie ballotait. Selon des rumeurs , la famille de Aïcha refusait la mort naturelle et accusait Marcel. Cette nouvelle s'ajouta aux soucis de Marcel qui s'efforçait de trouver le sommeil mais ses déluges de larmes l'empêchaient de dormir.
Le lendemain c'est le commissaire, accompagné de ses hommes qui est venu prendre Marcel pour le mettre à garde vue . La police scientifique s'empara de la chambre pour chercher des preuves.
Excepté la famille de Aïcha, tout le monde jugeait cette arrestation insensée. Comment celui à qui la mort a plus affecté pouvait être le suspect ?
Marcel a longtemps poireauté dans le bureau du commissaire avant que ce dernier le rejoigne. Après avoir demandé à Marcel de préciser son identité, il enchaîne avec des questions.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- A cette question, la réponse de Marcel lanternait . Mais c'était malgré lui car à vrai dire il ignorait ce qui s'est vraiment passé.
- Tu l'as violé ?
- Non monsieur le commissaire
- Mais tu as couché avec elle?
- Non
- Alors pourquoi on a trouvé son slip dans ton lit ?
- C'est en moment que Marcel se rappela qu'il avait oublié de lui remettre son slip .Il était trop pressé de se rhabiller.
- Répond à ma « putain » de question
- Je sais pas ?
- Ok continue à ne pas savoir une fois en prison tu sauras.
- Après l'autopsie , les dires de Marcel étaient discrédités. Il y'avait du sperme sur Aïcha et les médecins affirment qu'elle a fait l'amour y'a quelques heures. De son côté, la police scientifique , en plus du slip de Aicha avait retrouvé le collier que Marcel portait à son cou qui s'est coupé quand il était avec Aicha.
A chaque heure qui passe, les problèmes de Marcel se multiplient. De victime il est maintenant devenu le principal suspect. La famille de Marcel avait supplié celle de Aicha pour qu'elle retire sa plainte. Mais là il y'avait mort d'homme, la situation était plus que compliquée
Le procureur saisi de cette affaire n'a vraiment pas perdu son temps. Tout était déjà réuni pour accuser Marcel de viol .
Au tribunal Marcel avait l'impression d'être sur un échafaud il regardé au tour de lui , certains pleuraient de son sort mais d'autres le regardaient en chiens de faïence et le condamnaient avant même le jugement. Dans une autre situation Aicha serait sûrement derrière lui avec des pleurs mais là c'est à cause de Aïcha qu'il est appelé à la barre. Il pensa à ses rêves qui agonisaient aux espoirs que sa famille portait en lui, sa culpabilité déjà prononcée par le tribunal de sa conscience et surtout la perte de son amour . Toutes ces pensées rendaient sa vie insurmontable et une tristesse abyssale l'envahit.
Tout le monde se lève pour marquer l'arrivée du juge sauf Marcel qui avait l'esprit ailleurs...........