Amour mortel

Toute histoire commence un jour, quelque part.
À un moment phare de l’existence,
À l’abri de toute attente mais surtout,
À l’entame d’une nouvelle voie,
De souffrance ou de bonheur.
Hélas, la mienne a débuté ce soir.
À l’heure où nos deux regards se sont croisés,
À la minute où ma peau a frôlé la douceur de son corps,
À la seconde où mon cœur s’est mi à danser à l’avalanche de son charme,
À la symphonie sensuelle d’une masse émotionnelle.
À l’instant où il m’a déclaré la lumière de sa flamme sans flatterie ni friperie.
Je me souviens encore de ces mots coulants de sa bouche.
Je navigue de nouveau tel un marin dans ses phrases me disant :

Mon eau pure, mon vin non alcoolisé ; je suis ivre.
Oui Ivre, Ivre amplement d'amour, Ivre illégalement de ton amour.
Avec politesse je t'ai abordé, avec tristesse j'ai été débordé mais avec ivresse, je ramerais à la trace de tes pieds en toute douceur sans douleur.
Ces pieds qui imiteront ma marche, à la cadence de ma dance d'amour bloquée en métaphase deux de mitose sentimentale.
Une métaphase en métabolisme source de mutation, celle transitoire d'une ivresse d'amour livresque.
Celle d'un amour aussi comblé qu'une pluie de joie, aussi coordonné qu'une vie en soi et à l'image d'une flûte pour toi.

Moi en tant que femme, perdu dans ses mots je me vois déjà entre ses mains, me servant de bouclier face aux maux et tares de ce beau monde.

Le temps dans sa progression exponentielle ;
L’amour grandissant dans une force tranquille.
La riposte s’intensifie de jour en jour à mes proches.
Allant de père en mère jusqu'à toute ma famille contre nous.
Pour la société, je valais mieux que lui à tout vent sans faille ni farce.
Pour moi, le luxe de mes parents n’est pas une raison de renoncer à lui.
La pauvreté qui t’entoure n’est rien face à l’amour qui grandit en moi.
Mon cœur bat pour lui à l’embouchure de la profondeur de mon être.
En cachette, notre fusion pousse dans la souffrance des mots sociétaux. Mais aussi au centre d’une complicité qui unit nos cœurs et nos corps.
- Chérie je suis pauvre, je n’ai rien d’autre à t’offrir à part mon amour. Tes parents t’ont éduqué dans une vie où tu avais tout ce dont une personne pouvait avoir besoins pour vivre loin du besoin.

- Mon amour, que veux-tu dire par ces mots ? Veux-tu dire que mon amour pour toi n’est que illusion à l’image de ces séries de *novélas* que nous suivons régulièrement à la télévision ?

- Loin de là ma drogue douce, je pense juste que c'est une injustice de ma part de te mettre en mal avec tes proches et du même coup cette société où la pauvreté est une malédiction pour les mots du cœur.
- Je connais mon père, il ne sera jamais contre mon bonheur et si ce dernier réside en notre relation, sa bénédiction ne tardera pas à nous tendre sa grâce

- Je n'ai pas choisi d'être issu d'une famille pauvre mais le choix de t'aimer ne m'engage que moi, s'il faut ramer par terre et vivre à tes pieds, ce serait le plus beau cadeau que la vie m'aurait offert.

Humiliation et restriction sont à présent mon vécu quotidien.
Surveillée comme une criminelle ou tueuse en série,
Je demeure la rusée de toute une masse sociétale.
Face à l’impossibilité d’aimer mon homme de valeur,
En l’absence de toute compréhension parentale,
Je ne peux même pas le voir librement à tout vent.
Les voisins, les amies sont là souriants en ma présence.
Mais plus que jamais déterminés à nuire à mon bonheur.
A chaque fois que trouve un instant de vivre mon amour en cachette.
Un mauvais citoyen se précipite pour avertir mes parents de ce moment.
A ce tournant de la situation, ma vie est devenue celle d’une prisonnière.
Jour et nuit, face au refus de l’alimentation je reçois des insultes et des coups.
Face à ma résistance, au cœur de cette lueur d’espoir, mon bonheur vu jour.
Père et mère, impuissants devant l'amour grandiose qu'ils n'arrivent point à taire, se résignent à consentir à l’union de nos cœurs.


Comme cadeau de mariage, il reçut de mes parents emploi et richesse.
Désormais, il est respecté de tout le monde à tout moment et à tout vent.

C’était beau pour être vrai.
Au milieu de cette nouvelle vie, au bout d’un temps latent, la roue tourne.
Mon visage se crispe, mon bonheur se brise à petit morceau de bois.

Comment pouvais-je retourner en arrière ?
Comment ai-je puis faire de lui un animal sans cœur ?
Ses relations se multiplient farouchement puis lourdement.
Son infidélité devient la musique de notre chère couple.
Je peux aisément partir pour de bon, loin de ce cauchemar mais mon cœur ne bat que pour lui.
A la vitesse de ces battements cardiaques, je suis devenu la rusée de la société.
Même dans les salutations, les voisins font à nouveau semblant de me respecter mais au fond, c’est une autre démarche pour se moquer de ma douleur tranchante.


Je n’ai jamais cherché à le connaître,
je ne voulais pas le laisser me connaître,
Mais d'une théorie bien cadencée de rimes,
D'un discours d'amour sans précédent à moi ;
Il m’a convaincu de lui donner mon amour
Il m’a amené à le confier mon cœur de reine
Ce cœur que son esprit ne cesse de trahit sans cœur
D’une trahison de la valeur de tout homme sans pudeur.
Le mal en devenir ne venant pas seul, il carambole ma voie sans issue et cambriole ma voix toute débile, toute fade, toute fendue.
Il devient de jour en jour, l’agonie de mon être, la tristesse de mon égo, la défaillance de mon Agora.
Pour moi il était une montagne de qualité que son infidélité tordu a tout simplement rompue.
Seul en ma foi, à plusieurs fois, loin de chère Foix, sans toucher à mon foie et attente de soi, je fus innocente devant ses actes d’enfoiré avec l’espoir qu’il change, qu’il redevient comme avant.
Au matin de mes projets de cœur j’ai souffert pour son amour,
Au soir de la réalisation de mon rêve le bonheur me quitte prudemment.

Étant en état de grossesse, j’ai l’espoir qu’il change un jour.
Âpres un an de mariage et d’infidélité, à mon retour de la ville, devant la maison, une voiture rose est garée, depuis la montée des escaliers marche après marche, j’entends des gémissements d’homme et de femme.
Mes larmes coulent, mon cœur brule, mains sur la porte je pousse et là je le vois entre les mains d’une autre dans notre lit conjugal.
Anéantit par la trahison, seule en voiture, je percute un arbre en allant chez mes parents.
Conduite aux urgences, après une paralysie des membres inférieures les résultats révèlent que j’ai fait un avortement mais aussi pour le restant de ma vie je dois vivre avec le VIH/SIDA.
Par l’amour il est devenu riche en brisant ma vie toute entière.
Je n’aimerais plus jamais, avec cette douleur indélébile, au cœur d’un amour mortel.