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Poèmes Collections thématiques- Instant De Vie
- Le Temps
Ce n'était qu'une agate, une petite agate jaune et verte, luisante comme l'œil de mon chat.
Elle avait roulé là, tout au fond du tiroir, tout au fond d'un recoin, d'un pli de ma mémoire.
Caché dans le grenier de mes jeunes années, je revoyais vivants les enfants démodés. Quelques bouts de ficelles, un canif épointé, quatre soldats de plomb et cette bille ronde, voici tous les trésors ressurgis du passé qu'une armoire fatiguée livrait à mes pensées. C'était une banlieue pâle où les vieilles en cabas accéléraient le pas pour le jour du marché. Quatre tristes platanes dans une cour de poussière cachée par un préau, des cow-boys, des indiens, des maîtresses d'écoles et quelques infirmières poursuivaient leur enfance en jouant à la guerre dans les cordes à sauter.
Maigre et trop emprunté sur le banc des damnés, je lorgnais sur les jeux des autres écoliers, espérant sans y croire qu'un sourire viendrait me souffler : « Chat perché ! »
Deux yeux bleus et fripons sous quelques mèches blondes avec autour du nez douze taches de son. Tu n'étais que m'Alice, bonne petite fée, tendre petite fleur ceinte d'un tablier. Contre un bout de mon cœur tu m'offris cette bille ornée d'une émeraude et d'un soleil rieur.
Ce n'était qu'une agate, une petite agate jaune et verte luisante comme l'œil de mon chat. Elle avait roulé là tout au fond du tiroir, tout au fond d'un recoin, d'un pli de ma mémoire.
En ouvrant ton tiroir, blond soleil du passé, j'ai retrouvé ta bille mais j'ai perdu mon cœur.
J'ai perdu mon enfance, au fond de ce grenier et douze taches de son autour d'un nez fripon.
Elle avait roulé là, tout au fond du tiroir, tout au fond d'un recoin, d'un pli de ma mémoire.
Caché dans le grenier de mes jeunes années, je revoyais vivants les enfants démodés. Quelques bouts de ficelles, un canif épointé, quatre soldats de plomb et cette bille ronde, voici tous les trésors ressurgis du passé qu'une armoire fatiguée livrait à mes pensées. C'était une banlieue pâle où les vieilles en cabas accéléraient le pas pour le jour du marché. Quatre tristes platanes dans une cour de poussière cachée par un préau, des cow-boys, des indiens, des maîtresses d'écoles et quelques infirmières poursuivaient leur enfance en jouant à la guerre dans les cordes à sauter.
Maigre et trop emprunté sur le banc des damnés, je lorgnais sur les jeux des autres écoliers, espérant sans y croire qu'un sourire viendrait me souffler : « Chat perché ! »
Deux yeux bleus et fripons sous quelques mèches blondes avec autour du nez douze taches de son. Tu n'étais que m'Alice, bonne petite fée, tendre petite fleur ceinte d'un tablier. Contre un bout de mon cœur tu m'offris cette bille ornée d'une émeraude et d'un soleil rieur.
Ce n'était qu'une agate, une petite agate jaune et verte luisante comme l'œil de mon chat. Elle avait roulé là tout au fond du tiroir, tout au fond d'un recoin, d'un pli de ma mémoire.
En ouvrant ton tiroir, blond soleil du passé, j'ai retrouvé ta bille mais j'ai perdu mon cœur.
J'ai perdu mon enfance, au fond de ce grenier et douze taches de son autour d'un nez fripon.
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