Accouchement d'un homme

Toute histoire commence un jour, quelque part. La mienne commence le jour où on va à l’hôpital pour faire le diagnostic du bébé qui est dans le ventre de ma femme. Après consultation, le docteur m’amène dehors et me dit : « Ta femme est asthmatique, si elle accouche avant neuf mois attends toi à ce qu’on lui fasse une césarienne et les risques qui peuvent suivre tu les comprends toi-même ». Quand j’ai entendu cela, j’ai failli pleurer mais comme les larmes d’un homme tombent dans son ventre, j’ai fermé les yeux et après Je lui ai dit « Docteur, moi j’ai la promesse de Dieu que ma femme va bien accoucher. Le bébé va sortir bien dans le corps de sa mère sans qu’on ne lui ouvre le ventre». Devant ma femme je reste serein, je ne lui dis rien pour qu’elle ne panique pas pour elle et pour notre enfant. On veut avoir des enfants, beaucoup même. Je me rappelle bien le jour de notre mariage, nos familles nous ont béni : « que votre famille s’agrandisse, que vous ayez des garçons et des filles ». Ses mots me rappellent quand Dieu disait à Abraham : « Multipliez-vous comme le sable de la Mer ».  Et regarde ce qui nous arrive pour notre premier enfant. J’ai l’impression que Dieu nous a abandonnée. Mais j’ai gardé la foi.
On avait calculé quand elle allait accoucher, ça tombait dans le mois de novembre. Nous sommes en juillet, un bon dimanche, on va à la messe à notre église Stone Church comme d’habitude, le pasteur nous enseigne sur la croyance d’un chrétien dans les moments difficiles, entretemps j entend ma femme me prendre la main et me serre. Je lui dis : « Ne t’inquiètes pas ma chérie, je suis avec toi. ». Au fond de moi J’ai peur plus qu’elle à cause de ce que le docteur m’avait dit. On se met debout pour chanter et danser, tout à coup elle me dit qu’elle ne se sent pas bien. Je lui demande de s’asseoir pour se reposer puis elle me dit : « rentrons ». On sort de l’église, on se dirige vers la voiture, je lui ouvre la portière, elle entre. Je démarre la voiture puis elle me dit : « amène moi à l’hôpital, je sens que le bébé va venir. Dans ma tête je commence à me rappeler ce que le docteur m’avait dit, je panique sur le volant, je lui demande si ce n’est pas juste un malaise et que ça va finir. Elle me répond : « Je le sens vraiment, allons à l’hôpital sinon je vais accoucher dans cette voiture ». Je roule directement vers l’hôpital, je gare devant la salle des urgences. Les infirmières la prennent. Elles l’amènent dans la salle d’accouchement. Une d’entre elles me demande si ma femme a une maladie chronique. Je réponds non de peur qu’on ne lui fasse une césarienne. Je viens de mentir aux infirmières, j’ai vraiment peur, j’ai les mains qui tremblent, je fais des vas et viens. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je regarde ma femme, elle est entrain de souffrir. Dans ma tête je commence à la voir au cimetière, la mettre dans une tombe. Je suis sorti dehors pour prendre de l’air.
Deux heures passent, trois heures, quartes heures, cinq heures, six heures. A essayer d’accoucher normalement mais elle n’y arrive pas. Elle est très fatiguée, elle tombe en crise d’asthme, elle commence à mal respirer. Elle ne peut même pas parler. Les infirmières disent qu’elle est dans un état critique, qu’elle ne pourra pas mettre au monde normalement. La solution reste d’appeler le docteur pour l’opérer. Il est minuit, dans les quartiers tout le monde dort. Une infirmière compose le numéro du docteur et lui explique la situation. Le docteur demande à l’infirmière de me passer le téléphone, je prends le téléphone : « Ma femme est à l’hôpital, elle va accoucher ». Lui dis-je. Le docteur me répond : « te rappelles-tu comment je t’avais expliqué la situation ? prépare-toi à cela. Soit c’est la vie soit c’est la mort ». Il me dit pour finir, qu’aujourd’hui il va voir où se trouve le Dieu dont je parlais. Il dit aux infirmières  de préparer la salle d’opération, qu’il arrive dans un instant, le temps de se préparer. Après cet appel, je sens au fond de moi une douleur grandissante. Je tiens la main de ma femme et je lui dis à l’oreille : « Tu vas bien accoucher, il n’y aura pas de césarienne, Dieu va faire un miracle pour nous maintenant. Recommence à pousser ma chérie ». Mais elle est là, allongée, sans bouger. Je me sens incapable de l’aider dans ces circonstances, Je me dirige dehors vers ma voiture, pour trouver de l’intimité et parler à Dieu : « Dieu, tu m’as promis que ma femme va bien accoucher. Mais regarde ce qui se passe maintenant. Toi-même tu l’as dit dans psaume 46 ’Tu es notre refuge toujours présent dans la détresse’. Guéri ma femme. Elle ne peut pas bien respirer pour pousser. Maintenant c’est moi qui vais pousser le bébé ». Assis dans ma voiture, je pose mes mains sur mon ventre et je pousse en disant : « sors au nom de Jésus ». Je pousse : « sors ». Les infirmières dans la salle devant ma femme inerte, voient les liquides qui commencent à couler. Ma femme elle, dort encore. Je continue à pousser fort, la sueur vient, je pousse encore. Dans les minutes qui suivent, les infirmières voient sortir la tête du bébé. Je continue à pousser avec toutes mes forces. Un instant après, j’entends dans ma tête comme des cris d’enfant. Je sors de ma voiture et je me précipite vers la salle d’accouchement. Dans le couloir je croise l’infirmière qui accourt vers et me dit : « Ma dame a bien accouchée, elle va bien et le bébé aussi. » j’étais l’homme le plus heureux du monde et le plus pressé de serrer ma femme et mon bébé dans mes bras.
Le docteur arrive enfin à l’hôpital, entre dans la chambre et croise une infirmière. Il lui demande si tout est prêt pour l’intervention, l’infirmière lui répond : « Docteur gloire à Dieu, ma dame a bien accouche, je vais chercher les habits pour le bébé ». Il n’arrivait pas à comprendre par quel phénomène ma femme avait mise au monde. C’était notre premier enfant qui venait de naitre. Et c’est comme ça que l’intelligence de l’homme est toujours dépassée par le mystère.