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Université Général Lansana Conté de Sonfonia
À TOUFING, la forêt noire.
Ça duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité que le jardin de mon épouse SARATA au bord de farakoni ( marigot entre les roches) ne donnait plus comme avant, bien que je ne sache les raisons.
C'est exactement le...mardi que je me rendis compte la gravité de cette situation. Et pourtant vieux FACÉLY ne cessait de nous informer de ce qui allait venir. Mais en vain !
Il était le seul acteur ces jours-là pour sensibiliser les habitants de Toufing ( forêt noire) notre village pour prendre des précautions. Je me rappelle un jour où il a bon citoyennement intervenu sur cette question lors d'une réunion du village chez le Dougouti, parlant du chef du village. Parce qu'on avait l'habitude de faire des réunions chez lui le dernier samedi de chaque mois, pour enfin discuter les problèmes de notre village. C'est de-là que j'ai retenu le visage et le nom du vieux FACÉLY. Un vieux visionnaire, sage et un très bon citoyen, de par ses paroles, je le juge ainsi parce qu'il a été la personne qui m'a beaucoup plus marqué ce jour-là. J'ai été tellement séduit par ses mots très naturalistes, volontaire pour la cause de l'environnement et qui m'a emmené à lui décerner le prix du citoyen d'honneur. Attention si j'avais les moyens de le faire, c'est comme cela j'imaginais seul, accroché à la bonne parole de FACÉLY. Je me posai la question: où il a appris toutes ces notions salvatrices sur la nature, l'environnement, la faune, la flore ?
Pour la première fois, avec lui, j'ai entendu dans notre langue les mots comme le rechauffement et le changement climatique.
Lorsqu'il prevint les habitants du village contre ce mauvais temps un jour, il dit en ces termes...
"
ni aye ma ayi akiri si ayi lã djiri tè bâ min nõ, anî ayi lã tā bila bâ min...watti nâtö térédibö, â-na kö bè djà, ãndi bila djiko gbéréya lö. Ado wo bâkè aan noudjèrè té djii sörö kouma tè aan na bila féen loun mâ. An'na sènè bè dé tignè.
C'est-à-dire << si nous les habitants du village nous ne faisons pas attention à la déforestation, la coupe abusive des bois et les feux de brousse, les jours à venir nous serons dans une crise d'eau, car les marigots tarisseront. Il n y aura pas d'eau à boire pour les hommes ni pour les animaux domestiques et les cultures vivrières ne donneront pas>>. Depuis ce jour, j'ai connu le vieux FACÉLY.
Un jour, un mardi je me rappelle bien, ma femme avait l'habitude d'envoyer mon repas avec tout ce qui en suit. Mais pour une raison inhabituelle, elle est venue au champ avec ma patate douce simplement cuit sans accompagner de l'eau à boire, surtout qu'elle avait l'habitude d'envoyer dans mon bidon de 5 litres. Je n'ai pas pris au sérieux ce manque d'eau en ce moment-ci sachant que j'irai chercher de l'eau à Farakony après mon mangé. Je me mis à engloutir les morceaux de patates sans aucune goute d'eau à boire auprès de moi. Deux, trois morceaux avalés mon gosier commença à se plaindre. Du quatrième au cinquième morceau je ne pouvais plus, mon souffle accablé, mon appétit affaibli...je n'avais plus envie de continuer parce qu'à cet instant présent j'ai tellement envie de boire que je me suis dirigé vers Farakony, le marigot sous le pied de mon champ. À quelques mètres de marches, je suis au nid du marigot et à ma grande surprise, il n'y avait plus d'eau dans Farakony il était devenu comme une voie saharienne. Parce qu'il faisait bon moment que je ne suis pas passé par là. J'avais l'habitude de faire boire mes domestiques là lorsque je fis mes travaux champêtres mais comme je n'ai plus de moutons ni vaches à élever je n'avais aucune idée sur la vie de ce prodige marigot.
Déçu, désespéré, je reviens au champ avec l'air agaçant ne pouvant plus continuer à manger ni à travailler, je décidai de rentrer à la maison. Je n'avais en ma connaissance aucune rivière la plus proche et plus potable que notre Farakony. Abonné à lui-même il fini par s'épuiser. Une fois au village, juste à la rentrée, je rencontrai mon cousin BOURÉIMA partant aussi dans son champ.
- Bonjour BOURÉIMA
- Eh bonjour oncle KOULOUMBA.
- Comment ça va et tes enfants et ta femme CIRÉ?
- BOURÉIMA: Oui Alhamdulilah ils vont bien.
- Moi: Ta femme elle est à la maison ?
- Non, elle est allée voir sa mère au village voisin euhhh Soridougou.
- Ah, je passerai assouvir ma soif chez toi avant de descendre chez moi à la maison.
- Héee !!! Va rapidement oncle les enfants sont à la maison, a dit BOURÉIMA.
Arrivé chez mon cousin, j'aperçu son deuxième enfant, sur qui j'invitai à remplir le gobelet pour me servir à boire. Vite fait, l'enfant exécute comme attendu. Terminé, l'objectif atteint, je poursuivis mon chemin. Une fois à la maison, dans un repos croustillant je commençai à méditer mon calvaire du jour et les milles et N conseils de FACÉLY.
Le samedi qui suivit, lors de la réunion trimestrielle, je me précipite pour aller à la réunion, je pris la parole. Monsieur le chef du village, messieurs les sages ainsi que toute la jeunesse de Toufing, c'est un honneur et plaisir pour moi de prendre la parole à cette présente réunion. Et j'ai envie de vous dire qu'il est temps pour nous, habitants du village Toufing de prendre nos responsabilités enfin de faire face aux problèmes pour ne pas dire catastrophiques liés à notre environnement et qui se dirigent vers notre village. Que chacun joue un rôle. J'ai été victime moi-même d'une situation que je vais me retenir de vous relater parce que je sais que chacun d'entre nous est témoin d'une quelconque situation à une autre. Parce que nous sommes tous des paysans, agriculteurs dans nos différentes familles et nous-en connaissons aujourd'hui les résultats de nos champs, comparativement aux années précédentes. Nous le savons, le taux de réussite a baissé. Nous avions tant écouté les sages conseils du vieux FACÉLY, le conseiller direct du chef du village sans être dans son idéologie et sans rien faire au retour. Et voilà aujourd'hui notre village est dans une situation climatique. Nos forêts sont dévastées, nos terres ne sont plus fertiles, nos rivières et nos marigots se raréfient. Nos chèvres, nos moutons, nos bœufs n'ont plus où à boire et à manger. Chers cohabitatants de Toufing, je souhaiterais planifier un calendrier de réorganisation et de réaménagement pour la survie de notre village, avec la permission des autorités du village et l'accompagnement de la jeunesse. À partir de cet instant, je me porte le premier volontaire pour la prochaine campagne de reboisement de nos différentes forêts parsemées de par-si par-là. Avec la permission des chefs et votre accompagnement, nous devons mettre une organisation spécialement pour la protection de notre planète pour un avenir meilleur et prometteur. À vous de nous accompagner en tant que citoyen du village Toufing. Je vous remercie pour votre aimable écoute. L'avenir nous réserve le meilleur environnement et cela est possible que par la petite action que chacun posera pour le bien-être de soi et des autres !
Depuis ce jour, moi, n'étant pas responsabilisé dans les exercices du fonctionnement de notre village, c'est ainsi que tout le village a décidé de me donner le filon du président de la jeunesse de Toufing pour la réussite de mes propres idées au sein du village. Étant que citoyen engagé du monde, volontaire pour la protection de la planète. Acteur pour la biodiversité et de l'écosystème. Partenaire de la terre en tant que paysan je vous invite par le biais de ces lignes d'agir pour la cause de notre PLANÈTE.