À la tombée du ciel

   C'était un soir d'août, je vagabondais tranquillement dans un immense champ couvert d'herbe fraîche. Une légère brise me caressait les joues, tandis que les dernières lueurs du Soleil s'estompaient peu à peu. Puis la nuit. Sombre et profonde comme le plus froid des abîmes, elle m'interrompît dans mon errance vespérale. Le chant des oiseaux laissa place aux stridulations des grillons, ce son si apaisant et que j'aimais tant. 
 
   Je m'assis dans l'herbe et posai délicatement mes mains sur mes jambes. Mes yeux reposés regardaient l'horizon, et ce paysage si simple m'emplissait pourtant d'une confiance et d'une sérénité sans pareil. Je m'allongeai, m'étirai de tout mon long, et laissai ma tête tout doucement basculer. Les étoiles semblaient danser joyeusement, sautillant comme de jeunes cabris joueurs qui suivraient les ordres de la Lune, cette majestueuse souveraine. 
 
   Je commençais à m'endormir, quand je vis un minuscule point dans le ciel, qui semblait grossir, de plus en plus. Non, je ne rêvais pas ! Une étoile était en train de foncer sur moi ! Je me décalai prestement pour éviter la collision, quand je me rendis compte que la météorite ralentissait, et s'approchait de la terre, de plus en plus doucement. Puis elle frôla le sol et disparût dans un petit nuage de poussière. Je restai sous le choc. Mon cerveau turbinait en essayant de trouver une explication rationnelle à ce qui venait de se produire. Était -ce une météorite ? Un objet ? Ou quelque chose de plus... surnaturel ? Je m'approchai de l'endroit où la « chose » s'était écrasée, et je découvris avec étonnement... qu'il y avait une trace incroyable sur le sol!
 
   C'était une magnifique spirale, légèrement irrégulière qui s'était comme gravée dans la terre. Je restai en contemplation devant cette étrange merveille venue du ciel. J'approchai mon visage de plus en plus de ce dessin, et la caressai délicatement de ma main. Je sentais la terre sur les côtés de la spirale, mais quand je passais mes doigts dessus, la texture était plus dure, solide, presque comme de la pierre. Je ne savais plus quoi penser. 
Au bout de quelques minutes, je tournai la tête et assistai à un spectacle digne du rêve le plus merveilleux. D'autres étoiles tombaient partout dans la vallée, mais extrêmement lentement. C'était magnifique. Dans la nuit noire, ces pierres lumineuses donnaient une impression de pluie. Une pluie magique. Toutes disparaissaient et laissaient une spirale dans la terre, comme la première. 
 
   J'en vis une autre tomber à quelques mètres de moi, mais celle-ci s'arrêta au niveau de ma tête, comme si elle voulait me dire quelque chose. Je m'approchai, et posai la main dessus. La pierre était brûlante, et je ne pouvais plus retirer ma main ! Pourtant, je sentais que la météorite avait comme l'intention de me repousser. Je pouvais sentir sa force, sa colère. Mes cheveux dansèrent comme s'il y avait du vent, et moi je me concentrais pour résister à la puissance de la pierre. Je commençai à me sentir de plus en plus faible, jusqu'à ce que la météorite disparaisse dans un nuage de poussière. Mais je n'avais plus du tout d'énergie, et tombai en arrière en m'évanouissant.
 
   Il n'y avait rien. Seulement un vide infini. Aucun son. Aucune lumière. Seulement les ténèbres, qui m'étouffaient de leur éternelle obscurité. Puis cette spirale, cette forme, cette trace, apparut devant moi. Je m'approchai et lui dit timidement :
« -Je...je veux sortir. Laisse -moi partir. Je t'en supplie. »
De toute façon, cela n'allait servir à rien. Je ne parlais même pas à quelque chose de réel. J'étais donc en train de devenir folle, officiellement. Je commençais à désespérer quand tout à coup quelque chose résonna dans ma tête. C'était un son insupportable, une vibration étrange. Soudain, ce son explosa. C'était si fort que j'émis sans le vouloir un cri d'horreur. Tout autour de moi, une lumière perça l'obscurité, et même la spirale disparut dans cet inattendu rayonnement. Je ne voyais plus rien, aveuglée par l'éclat de lumière qui avait à ce moment là pris entièrement la place du défunt néant.
 
   Puis j'ouvris les yeux. J'étais dans l'herbe, que la rosée avait généreusement recouverte. Le Soleil était en train de se lever, et je compris soudain que je m'étais endormie et que j'avais rêvé. Je m'assis dans l'herbe et remplis mes poumons au maximum. Je profitais du lever de Soleil quand je remarquai quelque chose d'étrange : une spirale s'était dessinée sur ma main.
 
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