Toute histoire commence un jour, quelque part, dans un village ou une ville, un quartier ou un bidonville et celle-ci ne fait pas exception.
En plein cœur de Banda, capitale du Fofwanda, au quartier Mbal ; vivait Ngor Antoine, sa femme Merab et leur petite fille Laina d’un an. Ils viennent de s’installer après une longue période de guerre qui secoua le pays et le réduisit presqu’aux cendres. Le pays était dans un processus de reconstruction et la famille Ngor logeait dans un bâtiment construit sur une partie d’un grand terrain qu’il se préserva de clôturer, voulant éviter de mauvaises surprises le jour où les autorités décideront d’implanter les routes officielles. En attendant ce jour, la vie continue dans la famille, elle tourne au rythme du bonheur, les journées se suivent mais ne se ressemblent guères. Elles sont colorées de plusieurs couleurs ; certaines couleurs se font invisibles à l’œil mais tant que les âmes y trouvent leurs aspirations et que les liens sont de plus en plus consolidés par l’amour, la vie ne peut être que belle.
Les premiers chants du coq ne réveillèrent pas le quartier, du moins on n’a pas pu entendre ces hommes qui se mirent debout à cette heure. Quelques heures plus tard, leurs mouvements accompagnèrent celui du soleil qui se pointait à l’horizon, se cachant loin derrière les bâtiments de la capitale, ne laissant que ses rayons descendre sur terre, dont certains vinrent éclairer le crâne sans cheveux de Ngor, assis sur une chaise dos au lever du soleil, faisant face à son bâtiment. Ses longues jambes croisées l’une sur l’autre étaient supportées par une pierre posée juste devant lui. À l’intérieur, on pouvait entendre Laina pleurer sans que sa maman ne sache ce qu’elle voulait. Ngor ordonna à sa femme de venir avec Laina. Sans attendre, Merab vint avec elle auprès de son père. Aussi petite en taille qu’en âge, c’est une jeune femme, un bon cœur et une bonne maman. Du haut de ses un mètre cinquante-neuf, elle se courba et remît Laina à son papa qui se redressa pour la prendre. Dès qu’elle fut avec Ngor, d’un ton plus qu’autoritaire, il la tonna et l’ordonna de se taire. Laina cessa de pleurer et se fît toute petite qu’elle ne le paraissait déjà dans les bras de son papa. Sa maman qui s’éloignait, sursauta et arrêta de marcher. Elle eut peur ; elle est malade, elle a des problèmes cardiovasculaires, d’hypertension. Tous mauvais bruits produisent d’effets négatifs sur elle et pis encore son rythme cardiaque s’accélérait pour un rien. Elle resta sur place un moment et porta sa main gauche pour secourir son cœur dont les battements s’accélérèrent subitement. Elle reprit sa marche lorsque son rythme cardiaque se stabilisa. Son mari trop occupé à recadrer la petite ne constata rien.
Dans le ciel, le soleil se montrait doucement pendant que la famille grignotait son petit déjeuner. Après avoir terminer Ngor prit un bain et sortit sa moto pour se rendre au travail. Il rappela à sa femme que les agents du cadastre passeront peut-être aujourd’hui pour finaliser les travaux concernant les routes et donc elle devra rester à la maison aussi longtemps que possible. Ils se souhaitèrent bonne journée dans l’espoir de se revoir tous dans la soirée autour du dîner. En quittant la maison Ngor savait qu’il risquait de perdre presque la moitié de son terrain depuis qu’il eut la délicatesse d’intégrer un mouvement citoyen dont il est le secrétaire. Comme il a déjà eu à rencontrer le directeur du cadastre qui le rassura en lui disant que seulement une petite portion du terrain sera arrachée, il reste donc confiant.
Après le diner avec sa petite fille, les deux femmes observèrent les agents cadastraux qui faisaient leur boulot. Quand vint le tour de leur terrain, ils décidèrent de partir et de revenir demain très tôt. Merab et sa fille entrèrent à l’intérieur pour une sieste.
Pendant que les humains se reposaient, dans le ciel un astre ne demandait pas du repos, mais éclaircissait de moins en moins. Le ciel bleu devenait petit à petit jaune. Sans s’arrêter et doucement tel un vieux, l’astre continua son chemin pour disparaître loin derrière les bâtiments. C’est à ce moment que la porte sonna à trois reprises et Merab se précipita pour ouvrir. Espérant voir son mari, elle sera surprise de voir l’associé de son mari, Serge. Elle invita Serge à entrer et lui montra un fauteuil pour s’installer. Serge attendit que la femme s’asseye et l’informa qu’il venait lui donner de mauvaises nouvelles :
- Je vais vous demander d’être forte madame, votre mari vient d’être évacué à l’hôpital après un accident avec un camion !
- Un accident ? Comment un accident ? Où et comment ? Avec une voiture ? A-t-il dit quelque chose ? Quel genre de camion ?
- Il n’a pas dit un mot. Il est gravement touché. Serge ne mentionna pas le genre de camion.
Pendant qu’elle posait ces questions elle se mit debout pour sortir mais ne fit que deux pas et retomba par terre. Aidé par Serge, elle s’installa sur un fauteuil, coude au genoux, tête baissée, les mains cachant les yeux, elle pleurait et transpirait. Son cœur se mit à battre plus vite. Tout à coup sa fille qui jusqu’ici dormait se réveilla. Ayant vu sa chère mère en larme, elle se mit à crier à son tour. Serge s’approcha de Merab et lui demanda de se calmer si non sa fille ira mal. Mais en vain. Le silence qui, tout à l’heure régnait dans la pièce, fut remplacé par de cries et de pleurs. On venait de lui dire que l’état de son mari était grave. Elle avait peur pour lui. Qu’une moto et un camion soient mêlés à un accident, il n’y a là rien de rassurant. Serge insista et Merab se calma. Elle se nettoya le visage et s’approcha de sa fille pour la calmer.
Ils quittèrent tous la maison pour l’hôpital. Elle ne verra pas son mari qui était en salle de soins intenses. Elle attendit avec Serge jusqu’au milieu de la nuit. Le médecin sortit et ne promit rien, il demanda à Serge de raccompagner Merab et sa fille à la maison. Au début, Merab refusa. Ensuite accepta quand on lui signifia que pour la santé de sa fille elle devrait rentrer. Serge revint auprès de son ami après avoir raccompagné Merab. Il rencontra le médecin qui lui expliqua la situation. Ce dernier lui signifia que Ngor avait une chance minime de s’en sortir, même s’il s’en sortait il sera inconscient et ne pourrait plus disposer de toutes ses capacités mentales. Il se préserva de lui dire que le camion lui est marchée sur la hanche.
Le lendemain, Merab et sa fille toutes deux accompagnées par Serge arrivèrent à l’hôpital alors qu’il faisait encore nuit. Tous demandèrent à voir Ngor. Le médecin les autorisa à entrer. Ils laissèrent Laina dehors à une infirmière. Ils pénétrèrent dans la salle dont se trouvait Ngor. Ils trouvèrent ce dernier allongé sur un lit. Il était inconscient et souffrait atrocement. Ngor sur son lit gémissait de douleurs, les calmants ne le retenaient plus, sa hanche était quasi broyée, ses membres supérieurs et inférieurs ne bougeaient plus. Sa femme, toute en larme s’approcha et lui posa une main sur le front. Le médecin lui suggéra de retirer sa main. La peau de Ngor ne sentait plus le toucher, tout son corps est ankylosé par la douleur. Il ne lui restait plus que le souffle de vie. Merab compris à ce moment que son mari pourrait y rester, qu’elle pourrait devenir veuve et sa fille orpheline ; elle s’écroula en larme, Serge la retint avant que son corps svelte n’atteigne le sol.
Trois bonnes heures s’écoulèrent. Pendant ce temps, quelques parents avaient rejoint Merab pour la soutenir. Laina dormait sur une natte à coté d’eux. Quant à elle, elle demeurait toujours inquiète. Le médecin apparu, les yeux rouges, le visage triste, la blouse mouillée de sueur pour leur signifier que Ngor n’est plus ! Il n’a plus de souffle de vie, il y est resté. Panique dans la salle d’attente, les plus faibles se mirent à pleureur, quand aux plus forts, ils s’approchèrent des plus faibles, les consolèrent. Mais Merab ne pu se retenir et commença à pleurer de toutes ses forces, de grâce elle ne piqua pas une crise.
Tous prirent la direction de la maison sans attendre, le corps demeura à l’hôpital. Serge Pris avec lui Merab, sa fille et quelques-unes de ses amies et parents. Ils arrivèrent à la maison. Là encore la surprise ne sera que mauvaise. La concession était remplie et entourée de monde. Certains ont appris la nouvelle du décès et sont venus portés main forte. D’autres sont là par curiosité. Pendant qu’ils sont au chevet de Ngor, le cadastre procédait aux délimitations des routes. Tout le quartier est surpris d’un tel dénouement. Merab aperçut sur son mur une croix en blanc signifiant que son bâtiment entier sera démoli. Elle descendit de la voiture. Avant qu’elle ne soit mise aux nouvelles, elle entendait la foule qui chuchotais : « c’est vraiment triste, qu’un grand terrain comme celui-là soit entièrement pris », c’est le cas, un rondpoint est tombé sur le terrain de Ngor, le terrain sera une route, un rondpoint dans moins d’un mois, elle n’aura plus d’habitation. Elle ne s’écroula pas et fit preuve de courage ; mais ne pu s’empêcher de pleurer. Les larmes jaillirent tout au long de ses joues. À ce moment elle est plus qu’affaiblie. Seule sa petite fille lui redonnait la force. La petite ne cessait de dire à sa maman de ne pas pleurer et essuyait les larmes sur les joues de sa chère mère. Elle remit la petite à une infirmière qui l’accompagnait à la demande de Serge pour contrôler sa santé. Elle partit ensuite se rassurer sur ce qui se disait dans la foule. Les rumeurs se confirmèrent. Non seulement elle vient de perdre son mari, elle vient encore de perdre la seule richesse dont lui laissa ce dernier : une parcelle de terre, un terrain. Elle est détruite, sa vie est abimée se dit-elle. Mais à qui en vouloir ? Au ciel ? à ce moment elle se demandait pourquoi le ciel ne s’écroulait pas simplement sur elle ? Elle est dégoutée de la vie. Mais elle doit vivre, pour une personne, pour sa petite fille, l’espoir raviva son envie de vivre quand elle repensa à Laina.
Elle entra dans le salon en pleurs, les autres femmes la calmèrent. Elle leurs signifia qu’elle avait besoin de repos. Elle s’allongea à côté d’eux, sa fille qui ne comprenait rien s’approcha d’elle et lui signifia qu’elle avait faim. La petite vint s’allonger à son tour à coté de sa maman qui lui mit un mamelon dans la bouche. Fatiguée, Merab respira profondément et s’endormit.
Un calme s’installa dans la salle. Le calme d’une empathie et d’une tristesse. Le calme d’un regret. Le calme d’une maison endeuillée, surtout d’une maison qui vient d’être frappée par une succession de péripéties.
La petite voulant changer de téton fit signe à sa maman qui ne répondit pas, elle se mit à pleureur de nouveau. Une femme s’approcha d’eux et appela Merab qui ne répondit pas. Croyant qu’elle serait profondément endormie, elle la toucha ; mais Merab ne réagit point. L’infirmière présente dans la pièce se rapprocha à son tour, retourna Merab sur le dos pour constater la situation. Elle porta ses doigts aux carotides avant de se courber et poser une oreille sur sa poitrine. Le constat fut fatal : son cœur ne battait plus, elle ne respirait plus et ses activités cardiaques se sont arrêtées. Il n’y a plus rien à faire puisqu’elle est comme ça depuis plus d’une heure. Elle s’était endormie et pendant son sommeil son cœur avait lâché et s’en est suivi tous ses organes. La petite Laina demeura ignorante et exclue, elle ne comprenait rien, elle pleurait. Elle pleurait pour que maman lui donne du lait, mais c’était sans savoir que maman ne lui donnera plus jamais du lait. Elle n’avait pas réalisé qu’elle ne tétera plus sa maman. Elle ne réalisait pas qu’à l’instant, elle est devenue orpheline.
En plein cœur de Banda, capitale du Fofwanda, au quartier Mbal ; vivait Ngor Antoine, sa femme Merab et leur petite fille Laina d’un an. Ils viennent de s’installer après une longue période de guerre qui secoua le pays et le réduisit presqu’aux cendres. Le pays était dans un processus de reconstruction et la famille Ngor logeait dans un bâtiment construit sur une partie d’un grand terrain qu’il se préserva de clôturer, voulant éviter de mauvaises surprises le jour où les autorités décideront d’implanter les routes officielles. En attendant ce jour, la vie continue dans la famille, elle tourne au rythme du bonheur, les journées se suivent mais ne se ressemblent guères. Elles sont colorées de plusieurs couleurs ; certaines couleurs se font invisibles à l’œil mais tant que les âmes y trouvent leurs aspirations et que les liens sont de plus en plus consolidés par l’amour, la vie ne peut être que belle.
Les premiers chants du coq ne réveillèrent pas le quartier, du moins on n’a pas pu entendre ces hommes qui se mirent debout à cette heure. Quelques heures plus tard, leurs mouvements accompagnèrent celui du soleil qui se pointait à l’horizon, se cachant loin derrière les bâtiments de la capitale, ne laissant que ses rayons descendre sur terre, dont certains vinrent éclairer le crâne sans cheveux de Ngor, assis sur une chaise dos au lever du soleil, faisant face à son bâtiment. Ses longues jambes croisées l’une sur l’autre étaient supportées par une pierre posée juste devant lui. À l’intérieur, on pouvait entendre Laina pleurer sans que sa maman ne sache ce qu’elle voulait. Ngor ordonna à sa femme de venir avec Laina. Sans attendre, Merab vint avec elle auprès de son père. Aussi petite en taille qu’en âge, c’est une jeune femme, un bon cœur et une bonne maman. Du haut de ses un mètre cinquante-neuf, elle se courba et remît Laina à son papa qui se redressa pour la prendre. Dès qu’elle fut avec Ngor, d’un ton plus qu’autoritaire, il la tonna et l’ordonna de se taire. Laina cessa de pleurer et se fît toute petite qu’elle ne le paraissait déjà dans les bras de son papa. Sa maman qui s’éloignait, sursauta et arrêta de marcher. Elle eut peur ; elle est malade, elle a des problèmes cardiovasculaires, d’hypertension. Tous mauvais bruits produisent d’effets négatifs sur elle et pis encore son rythme cardiaque s’accélérait pour un rien. Elle resta sur place un moment et porta sa main gauche pour secourir son cœur dont les battements s’accélérèrent subitement. Elle reprit sa marche lorsque son rythme cardiaque se stabilisa. Son mari trop occupé à recadrer la petite ne constata rien.
Dans le ciel, le soleil se montrait doucement pendant que la famille grignotait son petit déjeuner. Après avoir terminer Ngor prit un bain et sortit sa moto pour se rendre au travail. Il rappela à sa femme que les agents du cadastre passeront peut-être aujourd’hui pour finaliser les travaux concernant les routes et donc elle devra rester à la maison aussi longtemps que possible. Ils se souhaitèrent bonne journée dans l’espoir de se revoir tous dans la soirée autour du dîner. En quittant la maison Ngor savait qu’il risquait de perdre presque la moitié de son terrain depuis qu’il eut la délicatesse d’intégrer un mouvement citoyen dont il est le secrétaire. Comme il a déjà eu à rencontrer le directeur du cadastre qui le rassura en lui disant que seulement une petite portion du terrain sera arrachée, il reste donc confiant.
Après le diner avec sa petite fille, les deux femmes observèrent les agents cadastraux qui faisaient leur boulot. Quand vint le tour de leur terrain, ils décidèrent de partir et de revenir demain très tôt. Merab et sa fille entrèrent à l’intérieur pour une sieste.
Pendant que les humains se reposaient, dans le ciel un astre ne demandait pas du repos, mais éclaircissait de moins en moins. Le ciel bleu devenait petit à petit jaune. Sans s’arrêter et doucement tel un vieux, l’astre continua son chemin pour disparaître loin derrière les bâtiments. C’est à ce moment que la porte sonna à trois reprises et Merab se précipita pour ouvrir. Espérant voir son mari, elle sera surprise de voir l’associé de son mari, Serge. Elle invita Serge à entrer et lui montra un fauteuil pour s’installer. Serge attendit que la femme s’asseye et l’informa qu’il venait lui donner de mauvaises nouvelles :
- Je vais vous demander d’être forte madame, votre mari vient d’être évacué à l’hôpital après un accident avec un camion !
- Un accident ? Comment un accident ? Où et comment ? Avec une voiture ? A-t-il dit quelque chose ? Quel genre de camion ?
- Il n’a pas dit un mot. Il est gravement touché. Serge ne mentionna pas le genre de camion.
Pendant qu’elle posait ces questions elle se mit debout pour sortir mais ne fit que deux pas et retomba par terre. Aidé par Serge, elle s’installa sur un fauteuil, coude au genoux, tête baissée, les mains cachant les yeux, elle pleurait et transpirait. Son cœur se mit à battre plus vite. Tout à coup sa fille qui jusqu’ici dormait se réveilla. Ayant vu sa chère mère en larme, elle se mit à crier à son tour. Serge s’approcha de Merab et lui demanda de se calmer si non sa fille ira mal. Mais en vain. Le silence qui, tout à l’heure régnait dans la pièce, fut remplacé par de cries et de pleurs. On venait de lui dire que l’état de son mari était grave. Elle avait peur pour lui. Qu’une moto et un camion soient mêlés à un accident, il n’y a là rien de rassurant. Serge insista et Merab se calma. Elle se nettoya le visage et s’approcha de sa fille pour la calmer.
Ils quittèrent tous la maison pour l’hôpital. Elle ne verra pas son mari qui était en salle de soins intenses. Elle attendit avec Serge jusqu’au milieu de la nuit. Le médecin sortit et ne promit rien, il demanda à Serge de raccompagner Merab et sa fille à la maison. Au début, Merab refusa. Ensuite accepta quand on lui signifia que pour la santé de sa fille elle devrait rentrer. Serge revint auprès de son ami après avoir raccompagné Merab. Il rencontra le médecin qui lui expliqua la situation. Ce dernier lui signifia que Ngor avait une chance minime de s’en sortir, même s’il s’en sortait il sera inconscient et ne pourrait plus disposer de toutes ses capacités mentales. Il se préserva de lui dire que le camion lui est marchée sur la hanche.
Le lendemain, Merab et sa fille toutes deux accompagnées par Serge arrivèrent à l’hôpital alors qu’il faisait encore nuit. Tous demandèrent à voir Ngor. Le médecin les autorisa à entrer. Ils laissèrent Laina dehors à une infirmière. Ils pénétrèrent dans la salle dont se trouvait Ngor. Ils trouvèrent ce dernier allongé sur un lit. Il était inconscient et souffrait atrocement. Ngor sur son lit gémissait de douleurs, les calmants ne le retenaient plus, sa hanche était quasi broyée, ses membres supérieurs et inférieurs ne bougeaient plus. Sa femme, toute en larme s’approcha et lui posa une main sur le front. Le médecin lui suggéra de retirer sa main. La peau de Ngor ne sentait plus le toucher, tout son corps est ankylosé par la douleur. Il ne lui restait plus que le souffle de vie. Merab compris à ce moment que son mari pourrait y rester, qu’elle pourrait devenir veuve et sa fille orpheline ; elle s’écroula en larme, Serge la retint avant que son corps svelte n’atteigne le sol.
Trois bonnes heures s’écoulèrent. Pendant ce temps, quelques parents avaient rejoint Merab pour la soutenir. Laina dormait sur une natte à coté d’eux. Quant à elle, elle demeurait toujours inquiète. Le médecin apparu, les yeux rouges, le visage triste, la blouse mouillée de sueur pour leur signifier que Ngor n’est plus ! Il n’a plus de souffle de vie, il y est resté. Panique dans la salle d’attente, les plus faibles se mirent à pleureur, quand aux plus forts, ils s’approchèrent des plus faibles, les consolèrent. Mais Merab ne pu se retenir et commença à pleurer de toutes ses forces, de grâce elle ne piqua pas une crise.
Tous prirent la direction de la maison sans attendre, le corps demeura à l’hôpital. Serge Pris avec lui Merab, sa fille et quelques-unes de ses amies et parents. Ils arrivèrent à la maison. Là encore la surprise ne sera que mauvaise. La concession était remplie et entourée de monde. Certains ont appris la nouvelle du décès et sont venus portés main forte. D’autres sont là par curiosité. Pendant qu’ils sont au chevet de Ngor, le cadastre procédait aux délimitations des routes. Tout le quartier est surpris d’un tel dénouement. Merab aperçut sur son mur une croix en blanc signifiant que son bâtiment entier sera démoli. Elle descendit de la voiture. Avant qu’elle ne soit mise aux nouvelles, elle entendait la foule qui chuchotais : « c’est vraiment triste, qu’un grand terrain comme celui-là soit entièrement pris », c’est le cas, un rondpoint est tombé sur le terrain de Ngor, le terrain sera une route, un rondpoint dans moins d’un mois, elle n’aura plus d’habitation. Elle ne s’écroula pas et fit preuve de courage ; mais ne pu s’empêcher de pleurer. Les larmes jaillirent tout au long de ses joues. À ce moment elle est plus qu’affaiblie. Seule sa petite fille lui redonnait la force. La petite ne cessait de dire à sa maman de ne pas pleurer et essuyait les larmes sur les joues de sa chère mère. Elle remit la petite à une infirmière qui l’accompagnait à la demande de Serge pour contrôler sa santé. Elle partit ensuite se rassurer sur ce qui se disait dans la foule. Les rumeurs se confirmèrent. Non seulement elle vient de perdre son mari, elle vient encore de perdre la seule richesse dont lui laissa ce dernier : une parcelle de terre, un terrain. Elle est détruite, sa vie est abimée se dit-elle. Mais à qui en vouloir ? Au ciel ? à ce moment elle se demandait pourquoi le ciel ne s’écroulait pas simplement sur elle ? Elle est dégoutée de la vie. Mais elle doit vivre, pour une personne, pour sa petite fille, l’espoir raviva son envie de vivre quand elle repensa à Laina.
Elle entra dans le salon en pleurs, les autres femmes la calmèrent. Elle leurs signifia qu’elle avait besoin de repos. Elle s’allongea à côté d’eux, sa fille qui ne comprenait rien s’approcha d’elle et lui signifia qu’elle avait faim. La petite vint s’allonger à son tour à coté de sa maman qui lui mit un mamelon dans la bouche. Fatiguée, Merab respira profondément et s’endormit.
Un calme s’installa dans la salle. Le calme d’une empathie et d’une tristesse. Le calme d’un regret. Le calme d’une maison endeuillée, surtout d’une maison qui vient d’être frappée par une succession de péripéties.
La petite voulant changer de téton fit signe à sa maman qui ne répondit pas, elle se mit à pleureur de nouveau. Une femme s’approcha d’eux et appela Merab qui ne répondit pas. Croyant qu’elle serait profondément endormie, elle la toucha ; mais Merab ne réagit point. L’infirmière présente dans la pièce se rapprocha à son tour, retourna Merab sur le dos pour constater la situation. Elle porta ses doigts aux carotides avant de se courber et poser une oreille sur sa poitrine. Le constat fut fatal : son cœur ne battait plus, elle ne respirait plus et ses activités cardiaques se sont arrêtées. Il n’y a plus rien à faire puisqu’elle est comme ça depuis plus d’une heure. Elle s’était endormie et pendant son sommeil son cœur avait lâché et s’en est suivi tous ses organes. La petite Laina demeura ignorante et exclue, elle ne comprenait rien, elle pleurait. Elle pleurait pour que maman lui donne du lait, mais c’était sans savoir que maman ne lui donnera plus jamais du lait. Elle n’avait pas réalisé qu’elle ne tétera plus sa maman. Elle ne réalisait pas qu’à l’instant, elle est devenue orpheline.