Il pleut.
Des cieux,
Des murs,
Des caniveaux.
L'eau va
S'en va.
Sang lucide
Translucide
De la vie,
De la
... [+]
Le printemps venait d'éclore.
La boue n'avait pas encore disparu,
Mais elle ne servait qu'à cacher l'or
De mes montagnes.
C'était le premier printemps dont je me souviens,
On regardait vers le ciel
Avec les autres enfants,
Le soleil dans le dos.
Puis un jour d'avril,
Mes montagnes se sont volatilisées,
Pour laisser place
Aux rues inondées de soleil de la capitale.
Je me souvenais de Kaboul au printemps
Les salons de thé bondés,
Les femmes absorbées par leurs livres.
C'était le printemps,
Et les femmes étaient son décor.
Le printemps avait le soleil
Nous, nous avions les salons de thé,
Les deux nous faisaient cligner les yeux.
C'était le printemps pour nous aussi.
Le printemps de nos vies.
Nous sourions bêtement dès qu'une perle
Venait à traverser le regard de ces jeunes filles.
Nous n'étions pas grand-chose à leurs yeux
Mais elles nous souriaient comme pour rendre
Hommage à la vie.
C'est ainsi au printemps que j'ai appris
À danser parmi les ombres,
Que j'ai appris à aimer.
Dieu, que la saison était belle.
Puis la pluie est venue.
Une pluie de sang et d'acier,
Venue du nord.
Alors
La boue a commencé d'envahir
Les hauts plateaux.
Ainsi
Recouverte de ce drapeau rougeoyant
Que nous n'avions jamais vu auparavant,
Les rivières sont devenues torrents ;
Comme le Phlegethon aux enfers,
Le sang s'est transformé en flammes.
Nous n'étions plus des enfants
Mais nous regardions la mort en face.
Une nouvelle fois,
Le soleil dans le dos,
Nous regardions
La mort avancer.
C'était le printemps,
Et les salons de thé avaient fermés,
Recouverts de ce rouge obsédant.
Les femmes étaient toujours aussi belles,
Avec leurs yeux bordés de noir,
Mais ils étaient fermés.
À tout jamais.
Je m'en souviens encore,
Je me souviens encore de ce printemps rouge
Le premier que j'ai eu à vivre.
Les femmes étaient belles,
Leur peau était claire comme la peau d'un raisin,
Sous laquelle on découvre peu à peu
La chair.
Sous le feu des rivières,
Leur peau avait noirci.
Beaucoup survécurent
Au premier torrent
Mais le drapeau les a suivi,
Puis les a étranglé.
Cela a duré dix années.
Je me souviens encore de ces femmes
Aux paupières très blanches,
De ces filles,
Blanchies par la lumière du soleil.
Ce soleil qui les rendait si belles
Était devenu leur linceul.
C'était le printemps
Tout, du ciel jusqu'à la terre
Respirait le doux parfum des jeunes femmes.
Alors, je me suis battu pour elles.
Puis la rougeur s'est estompée.
Apeurée, elle est retournée vers le marais
De fange d'où elle était venue.
Les salons de thé avaient rouvert
Et les jeunes femmes avaient rouvert leurs yeux.
Tout cela devait être éternel.
Du moins je l'espérais.
J'avais connus trop de printemps à présent.
Le matin, je regardais la boue séchée
Lentement.
J'attendais de voir refleurir les fleurs
Du printemps, j'attendais
De voir mes montagnes habillées de vert.
J'avançais et je souriais.
Pour peu de temps malheureusement.
C'était le printemps,
Et la boue venait à nouveau
Recouvrir les champs.
Une boue différente
Si étrange, car venant de nos propres terres
Mais qui sentait la mort,
Comme les mains de ceux
Qui la répandaient,
Sentaient l'opium.
Plus de fleurs, plus d'herbes, plus rien.
Les jeunes filles avaient disparus cette fois.
Alors j'ai crié
J'ai crié ma honte
J'ai crié ma peur,
Vers les cieux, vers ce bleu omniprésent,
Mais il ne m'a pas entendu.
Peut-être n'ai-je pas crié assez fort ?
C'était le printemps,
Je me suis assis sur une terrasse
De ce salon de thé où je suis allé tant de fois.
Je voyais quelques visages lumineux,
Celui de mes frères afghans,
Ce qui se reflétait sur eux, illuminait le monde.
Je ne voyais plus les jeunes filles.
Ni les enfants rire.
Le visage des hommes s'est figé.
Par peur sûrement.
Pendant ce temps, la boue recouvrait tout,
Sauf mes montagnes.
J'ai beaucoup pleuré ce jour-là.
Un matin de septembre,
Je suis retourné dans mes montagnes.
Là,
J'ai regardé la boue envahir Kaboul, ma bien-aimée.
Jamais elle ne put
Regagner mes montagnes.
Puis,
Je me suis assis seul,
Sur un rocher
Pour ne jamais me relever.
La boue n'avait pas encore disparu,
Mais elle ne servait qu'à cacher l'or
De mes montagnes.
C'était le premier printemps dont je me souviens,
On regardait vers le ciel
Avec les autres enfants,
Le soleil dans le dos.
Puis un jour d'avril,
Mes montagnes se sont volatilisées,
Pour laisser place
Aux rues inondées de soleil de la capitale.
Je me souvenais de Kaboul au printemps
Les salons de thé bondés,
Les femmes absorbées par leurs livres.
C'était le printemps,
Et les femmes étaient son décor.
Le printemps avait le soleil
Nous, nous avions les salons de thé,
Les deux nous faisaient cligner les yeux.
C'était le printemps pour nous aussi.
Le printemps de nos vies.
Nous sourions bêtement dès qu'une perle
Venait à traverser le regard de ces jeunes filles.
Nous n'étions pas grand-chose à leurs yeux
Mais elles nous souriaient comme pour rendre
Hommage à la vie.
C'est ainsi au printemps que j'ai appris
À danser parmi les ombres,
Que j'ai appris à aimer.
Dieu, que la saison était belle.
Puis la pluie est venue.
Une pluie de sang et d'acier,
Venue du nord.
Alors
La boue a commencé d'envahir
Les hauts plateaux.
Ainsi
Recouverte de ce drapeau rougeoyant
Que nous n'avions jamais vu auparavant,
Les rivières sont devenues torrents ;
Comme le Phlegethon aux enfers,
Le sang s'est transformé en flammes.
Nous n'étions plus des enfants
Mais nous regardions la mort en face.
Une nouvelle fois,
Le soleil dans le dos,
Nous regardions
La mort avancer.
C'était le printemps,
Et les salons de thé avaient fermés,
Recouverts de ce rouge obsédant.
Les femmes étaient toujours aussi belles,
Avec leurs yeux bordés de noir,
Mais ils étaient fermés.
À tout jamais.
Je m'en souviens encore,
Je me souviens encore de ce printemps rouge
Le premier que j'ai eu à vivre.
Les femmes étaient belles,
Leur peau était claire comme la peau d'un raisin,
Sous laquelle on découvre peu à peu
La chair.
Sous le feu des rivières,
Leur peau avait noirci.
Beaucoup survécurent
Au premier torrent
Mais le drapeau les a suivi,
Puis les a étranglé.
Cela a duré dix années.
Je me souviens encore de ces femmes
Aux paupières très blanches,
De ces filles,
Blanchies par la lumière du soleil.
Ce soleil qui les rendait si belles
Était devenu leur linceul.
C'était le printemps
Tout, du ciel jusqu'à la terre
Respirait le doux parfum des jeunes femmes.
Alors, je me suis battu pour elles.
Puis la rougeur s'est estompée.
Apeurée, elle est retournée vers le marais
De fange d'où elle était venue.
Les salons de thé avaient rouvert
Et les jeunes femmes avaient rouvert leurs yeux.
Tout cela devait être éternel.
Du moins je l'espérais.
J'avais connus trop de printemps à présent.
Le matin, je regardais la boue séchée
Lentement.
J'attendais de voir refleurir les fleurs
Du printemps, j'attendais
De voir mes montagnes habillées de vert.
J'avançais et je souriais.
Pour peu de temps malheureusement.
C'était le printemps,
Et la boue venait à nouveau
Recouvrir les champs.
Une boue différente
Si étrange, car venant de nos propres terres
Mais qui sentait la mort,
Comme les mains de ceux
Qui la répandaient,
Sentaient l'opium.
Plus de fleurs, plus d'herbes, plus rien.
Les jeunes filles avaient disparus cette fois.
Alors j'ai crié
J'ai crié ma honte
J'ai crié ma peur,
Vers les cieux, vers ce bleu omniprésent,
Mais il ne m'a pas entendu.
Peut-être n'ai-je pas crié assez fort ?
C'était le printemps,
Je me suis assis sur une terrasse
De ce salon de thé où je suis allé tant de fois.
Je voyais quelques visages lumineux,
Celui de mes frères afghans,
Ce qui se reflétait sur eux, illuminait le monde.
Je ne voyais plus les jeunes filles.
Ni les enfants rire.
Le visage des hommes s'est figé.
Par peur sûrement.
Pendant ce temps, la boue recouvrait tout,
Sauf mes montagnes.
J'ai beaucoup pleuré ce jour-là.
Un matin de septembre,
Je suis retourné dans mes montagnes.
Là,
J'ai regardé la boue envahir Kaboul, ma bien-aimée.
Jamais elle ne put
Regagner mes montagnes.
Puis,
Je me suis assis seul,
Sur un rocher
Pour ne jamais me relever.
"Est-ce ainsi quel es hommes vivent?"