J'ai suivi des ruisseaux dans les vertes campagnes,
Des petits cailloux blancs
Aux rêves d'océans,
Les chemins mystérieux d'une île de Bretagne,
Un traquet en partance
Vers l'écho du silence.

J'ai suivi mes sentiers.

Sur les vagues du vent, les fleurs de cerisiers
Annonçaient l'avenir,
Le tramway du plaisir.
Sur la houle du temps, les griffes des mûriers
Éraflaient le bonheur,
Les nénuphars en pleurs.

Un joyeux marinier, sur son harmonica,
Fredonnait la chanson
De l'eau et de la flamme,
Des rémiges brûlées, des fontaines d'albâtre,
Des sentiments trop rares,
Des passions improbables.

J'ai posé mes bagages.

J'ai foulé l'améthyste au tapis des bruyères,
Erré dans les layons
Aux barbelés d'ajoncs,
Affronté les chardons des dunes solitaires,
Les larmes de la bruine,
La frayeur des abîmes.

La scille va mourir aux lueurs de l'automne,
Le joyeux marinier
Frissonner sur la grève.
Là-bas, j'entends le glas des chapelles bretonnes,
Pourtant le goût de vivre
Souffle fort sur les braises.

Je n'ai pas pu mieux faire.