Voilà, il est mouru

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Voilà, il est mouru.
Écrasé par un camion, quel champion ! Un livreur trop pressé, le pied au plancher. L'autre traversait la rue, en courant, il poursuivait un ballon comme un couillon. Le ballon s'en est sorti. Lui est arrivé de l'autre côté. L'autre a souffert, ramassé par les pompiers, recousu, rafistolé. Personne ne l'a reconnu. Il ne ressemble plus à rien. Il était tête en l'air. Maintenant il n'est plus rien du tout. Si, il est encore là, dans le petit vase, avec ses trois fleurs fanées accrochées au grillage au bord du trottoir. Et la pluie qui dégouline et remplit le vase qui déborde de joie.
Au printemps, il y aura des têtards. Pour le moment, il y a Maman qui se demande pourquoi. Elle chiale beaucoup. Elle ne peut plus m'embrasser. Lui ne reviendra pas. J'aurais dû le surveiller, qu'elle dit. Je ne faisais que ça. Je courais. Je sifflais. Coup franc, penalty, mi-temps. Le maillot j'ai mouillé, j'ai toujours essayé de le calmer. Le tempérer, « ta responsabilité », « toi, l'aîné ». Merde alors, viendra plus me faire chier.
Trois petits tours et puis s'en vont. Je vais en pension : voilà ma punition. Je n'entendrai plus sa mère hurler. Je ne prendrai plus les taloches, bien méritées, qu'ils disaient.
En fait, j'en ai eu d'autres. Ils se sont passé le mot, les salauds. J'ai avalé le sifflet, j'ai enlevé mes souliers et je me suis carapaté.
Je cours toujours. Et ils peuvent toujours essayer de me retrouver. Là où je vais, il n'y a pas grand monde qui me dénoncera. Poil aux bras.

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