Il avait choisi la formule de base, « Road trip de soixante-dix-sept jours, véhicule à deux roues, demi-pension, logement sous les étoiles ». Bien sûr, il n'aurait pas craché sur la ... [+]
La tridentule se sentait incomprise.
Forcément. Quand les gens la voyaient, ils commençaient à hurler et à partir en courant. C’était une réaction assez répandue. La tridentule n’avait encore jamais croisé personne qui aurait réagi autrement.
C’était dommage. Parce que la tridentule, elle était très sociable.
Elle aurait adoré se faire des amis, les inviter pour un petit thé. Et puis, discuter de tout et de rien. De discuter sans se soucier du temps. Oh oui, elle aurait adoré.
Mais des amis, elle n’en avait pas tant que ça. Pas du tout, même.
Les autres tridentules n’avaient pas ses passions dans la vie. Non, elles, ce qu’elles aimaient par dessus tout, c’était sauter sur leurs victimes et de les dévorer toutes crues. Peut-être pour ça que les tridentules avaient si mauvaise réputation.
Sauf que notre tridentule... bon, déjà, elle était végétarienne. Elle avait certes croqué quelques humains dans sa jeunesse. Mais elle avait assez tôt commencé à se dire que ce n’était pas correct de dévorer des gens qui ne voulaient pas l’être.
Elle avait bien tenté d’en discuter avec les autres tridentules. Mais elle n’avait récolté que quelques regards de pitié. De dégoût aussi. Les tridentules étaient très fières de leur héritage et elles n’étaient pas prêtes à renoncer à leurs pratiques culinaires.
Certaines tridentules avaient même tenté de la faire revenir dans le droit chemin. Dévorer les humains, ça, c’était la bonne manière d’agir. Se repaître de leur chair et de leur terreur, c’était ce qui donnait du sens à leur vie. Alors, pourquoi y renoncer ?
Ce coup-ci, elles avaient presque réussi à convaincre notre tridentule. Parce que oui, ça aurait sans doute été plus simple de revenir croquer du passant et de ne pas se poser de questions. Seulement...
Seulement, une fois qu’on avait commencé à réfléchir différemment, c’était compliqué de fermer les yeux. Très compliqué. Surtout, quand on en avait plusieurs dizaines.
La tridentule se balançait sur son fil, là, tout en haut du grand pin. Elle s’y balançait et regardait la famille qui venait d’arriver pour un petit pique-nique.
Elle fit claquer ses trois rangées de dents, frotta ses pattes l’une contre l’autre et soupira.
Elle allait les regarder de loin, de haut. Elle n’allait plus refaire l’erreur de descendre pour tenter de s’en faire des amis. Ça lui éviterait sans doute quelques fourchettes plantées dans les yeux.
Forcément. Quand les gens la voyaient, ils commençaient à hurler et à partir en courant. C’était une réaction assez répandue. La tridentule n’avait encore jamais croisé personne qui aurait réagi autrement.
C’était dommage. Parce que la tridentule, elle était très sociable.
Elle aurait adoré se faire des amis, les inviter pour un petit thé. Et puis, discuter de tout et de rien. De discuter sans se soucier du temps. Oh oui, elle aurait adoré.
Mais des amis, elle n’en avait pas tant que ça. Pas du tout, même.
Les autres tridentules n’avaient pas ses passions dans la vie. Non, elles, ce qu’elles aimaient par dessus tout, c’était sauter sur leurs victimes et de les dévorer toutes crues. Peut-être pour ça que les tridentules avaient si mauvaise réputation.
Sauf que notre tridentule... bon, déjà, elle était végétarienne. Elle avait certes croqué quelques humains dans sa jeunesse. Mais elle avait assez tôt commencé à se dire que ce n’était pas correct de dévorer des gens qui ne voulaient pas l’être.
Elle avait bien tenté d’en discuter avec les autres tridentules. Mais elle n’avait récolté que quelques regards de pitié. De dégoût aussi. Les tridentules étaient très fières de leur héritage et elles n’étaient pas prêtes à renoncer à leurs pratiques culinaires.
Certaines tridentules avaient même tenté de la faire revenir dans le droit chemin. Dévorer les humains, ça, c’était la bonne manière d’agir. Se repaître de leur chair et de leur terreur, c’était ce qui donnait du sens à leur vie. Alors, pourquoi y renoncer ?
Ce coup-ci, elles avaient presque réussi à convaincre notre tridentule. Parce que oui, ça aurait sans doute été plus simple de revenir croquer du passant et de ne pas se poser de questions. Seulement...
Seulement, une fois qu’on avait commencé à réfléchir différemment, c’était compliqué de fermer les yeux. Très compliqué. Surtout, quand on en avait plusieurs dizaines.
La tridentule se balançait sur son fil, là, tout en haut du grand pin. Elle s’y balançait et regardait la famille qui venait d’arriver pour un petit pique-nique.
Elle fit claquer ses trois rangées de dents, frotta ses pattes l’une contre l’autre et soupira.
Elle allait les regarder de loin, de haut. Elle n’allait plus refaire l’erreur de descendre pour tenter de s’en faire des amis. Ça lui éviterait sans doute quelques fourchettes plantées dans les yeux.