Rizières en feu
Enola Gay dans les cieux
vies atomisées
Un psychopathe au printemps
il y a
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1965
Lauréat
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Ma main gauche étrangle son cou tandis que la droite est posée sur sa bouche, pouce et index pressant les narines.
Je donne la mort.
Enfin, j'essaie.
Les calmants offerts en complément d'un soyeux et fruité café Bourbon Pointu ont, naturellement fait leur job. Néanmoins, chacun le sien et l'ouvrage qui m'échoit n'est pas des plus aisés. Ainsi, mes bras et mes doigts, sont-ils bien douloureux. Et pourtant je ne dois pas faiblir : il faut tout de même en finir ! J'aurais pu, me direz-vous, requérir l'assistance d'un oreiller ou d'un coussin, j'en possède de forts plaisants, délicieusement doux et d'excellente facture. Certes, mais que voulez-vous, je suis plutôt de ces gens que l'on dit « manuels », j'ai besoin de toucher, sentir, palper, autant que de ressentir. Il m'appartient toutefois de préciser ici que les fictions portent décidément bien leur nom, tant elles sont en ce domaine éloignées de la réalité. A les croire, opposer ponctuellement une force intense aux quelques soubresauts induits par la velléité de survivre suffirait à aboutir au calme. Là, rien à faire ! J'en viens à penser qu'il parvient, par je ne sais quel miracle, à trouver le moyen de respirer. Il conviendra de noter d'adapter ou modifier la méthode : je n'ai plus vingt ans ! Bien que cela, physiquement, me coûte, je resserre donc mes étreintes. C'est tout moi ça, généreuse au possible (on ne se refait pas ! ) Et me voici donnant(1), offrant(2) et ne réservant pas mes étreintes.
- «Je ne compte pas ! Prenez, c'est cadeau ! Cela me fait plaisir, vraiment.»
C'est, voyez-vous, un effet saisonnier : le printemps me porte chaque année vers cette douce euphorie ! Ainsi, vous comprendrez, très cher ami, que je ne puisse manquer de partager, sans plus tarder, cette vernale jouissance et toutes ses déclinaisons, avec vous qui participez à me la procurer. Initier notre pratique en cette période fut l'une de nos plus brillantes idées ! Oeuvrer ainsi aux premiers jours du printemps m'offre un sentiment de renouveau en totale osmose avec celui de la nature, c'est tout simplement divin ! Et voici qu'à la mort de l'hiver fait suite la renaissance du printemps là où l'anéantissement que j'accorde à ces créatures fait naître, renaître, ma vivifiante exaltation !
C'est, par conséquent, dans cet état d'esprit que je vous écris, confortablement étendue au soleil, ma dernière création parachevée. J'embrasse du regard le jardin éclatant de verts de toutes nuances frissonnants sous la légère et tiède brise de mai. Quelques fleurs blanches s'émancipent des arbres fruitiers pour - sans pudeur aucune - s'envoyer en l'air avec le zéphyr. Parfums et couleurs, tiédeur et beauté invitent à la contemplation et plus encore : à l'extase. Le Dom Pérignon, plénitude 2 de 98, y joue peut-être également un rôle. (Diable, que me voici mutine, en ces instants !)
Je me sens si merveilleusement bien. Je pourrais - sans être présomptueuse - avancer que je reflète le bien-être personnifié. Je souris, attendrie, à la vue du splendide massif fleuri au centre du parc. J'ai paré de quelques Epidémiums la noble terre fraîchement retournée. Cette plante autrement nommée fleur des elfes et qui demeure belle en toutes saisons se veut, vous l'aurez compris, un clin d'oeil, un hommage à notre défunt ami, grand amateur de J.R.R Tolkien.
La lourde fontaine désormais scellée au coeur de ce luxuriant parterre, laisse jaillir les gouttes d'eau comme autant d'éclats de rire étincelants et multicolores aux rayons du soleil ardent. C'est du plus bel effet, je crois que vous adorerez. N'est-ce pas là une charmante et rafraîchissante alternative à mes habituelles sculptures ? Qu'en dites-vous ? Mais il faut que vous le voyiez ! Faites-moi plaisir, prenons date ! Que diriez-vous de convier, d'ores et déjà, votre prochain élu à la dégustation de ce délicieux café, tant apprécié d'Honoré de Balzac que je me plais à faire découvrir à mes sujets avant de me les approprier ? Je suis une vieille femme désormais et il me faut plus de temps pour élaborer mes... compositions. Sans nier, je l'avoue, que ce préalable couplé à nos manoeuvres de mise en confiance des proies, constitue, en outre, une part non négligeable, je dirais même outrageusement délectable de mon printanier et récurrent raffinement.
Assouvie, épanouie, je renais à la vie, une vie nouvelle, de plénitude et d'harmonie - que je vous dois en partie, mon très cher et fidèle ami. Et déjà je bouillonne à l'idée de notre prochaine rencontre, de votre prochain présent, mais : carpe diem !
Bien à vous.
Angèle Thanatos.
(1) la mort (2) des calmants
Je donne la mort.
Enfin, j'essaie.
Les calmants offerts en complément d'un soyeux et fruité café Bourbon Pointu ont, naturellement fait leur job. Néanmoins, chacun le sien et l'ouvrage qui m'échoit n'est pas des plus aisés. Ainsi, mes bras et mes doigts, sont-ils bien douloureux. Et pourtant je ne dois pas faiblir : il faut tout de même en finir ! J'aurais pu, me direz-vous, requérir l'assistance d'un oreiller ou d'un coussin, j'en possède de forts plaisants, délicieusement doux et d'excellente facture. Certes, mais que voulez-vous, je suis plutôt de ces gens que l'on dit « manuels », j'ai besoin de toucher, sentir, palper, autant que de ressentir. Il m'appartient toutefois de préciser ici que les fictions portent décidément bien leur nom, tant elles sont en ce domaine éloignées de la réalité. A les croire, opposer ponctuellement une force intense aux quelques soubresauts induits par la velléité de survivre suffirait à aboutir au calme. Là, rien à faire ! J'en viens à penser qu'il parvient, par je ne sais quel miracle, à trouver le moyen de respirer. Il conviendra de noter d'adapter ou modifier la méthode : je n'ai plus vingt ans ! Bien que cela, physiquement, me coûte, je resserre donc mes étreintes. C'est tout moi ça, généreuse au possible (on ne se refait pas ! ) Et me voici donnant(1), offrant(2) et ne réservant pas mes étreintes.
- «Je ne compte pas ! Prenez, c'est cadeau ! Cela me fait plaisir, vraiment.»
C'est, voyez-vous, un effet saisonnier : le printemps me porte chaque année vers cette douce euphorie ! Ainsi, vous comprendrez, très cher ami, que je ne puisse manquer de partager, sans plus tarder, cette vernale jouissance et toutes ses déclinaisons, avec vous qui participez à me la procurer. Initier notre pratique en cette période fut l'une de nos plus brillantes idées ! Oeuvrer ainsi aux premiers jours du printemps m'offre un sentiment de renouveau en totale osmose avec celui de la nature, c'est tout simplement divin ! Et voici qu'à la mort de l'hiver fait suite la renaissance du printemps là où l'anéantissement que j'accorde à ces créatures fait naître, renaître, ma vivifiante exaltation !
C'est, par conséquent, dans cet état d'esprit que je vous écris, confortablement étendue au soleil, ma dernière création parachevée. J'embrasse du regard le jardin éclatant de verts de toutes nuances frissonnants sous la légère et tiède brise de mai. Quelques fleurs blanches s'émancipent des arbres fruitiers pour - sans pudeur aucune - s'envoyer en l'air avec le zéphyr. Parfums et couleurs, tiédeur et beauté invitent à la contemplation et plus encore : à l'extase. Le Dom Pérignon, plénitude 2 de 98, y joue peut-être également un rôle. (Diable, que me voici mutine, en ces instants !)
Je me sens si merveilleusement bien. Je pourrais - sans être présomptueuse - avancer que je reflète le bien-être personnifié. Je souris, attendrie, à la vue du splendide massif fleuri au centre du parc. J'ai paré de quelques Epidémiums la noble terre fraîchement retournée. Cette plante autrement nommée fleur des elfes et qui demeure belle en toutes saisons se veut, vous l'aurez compris, un clin d'oeil, un hommage à notre défunt ami, grand amateur de J.R.R Tolkien.
La lourde fontaine désormais scellée au coeur de ce luxuriant parterre, laisse jaillir les gouttes d'eau comme autant d'éclats de rire étincelants et multicolores aux rayons du soleil ardent. C'est du plus bel effet, je crois que vous adorerez. N'est-ce pas là une charmante et rafraîchissante alternative à mes habituelles sculptures ? Qu'en dites-vous ? Mais il faut que vous le voyiez ! Faites-moi plaisir, prenons date ! Que diriez-vous de convier, d'ores et déjà, votre prochain élu à la dégustation de ce délicieux café, tant apprécié d'Honoré de Balzac que je me plais à faire découvrir à mes sujets avant de me les approprier ? Je suis une vieille femme désormais et il me faut plus de temps pour élaborer mes... compositions. Sans nier, je l'avoue, que ce préalable couplé à nos manoeuvres de mise en confiance des proies, constitue, en outre, une part non négligeable, je dirais même outrageusement délectable de mon printanier et récurrent raffinement.
Assouvie, épanouie, je renais à la vie, une vie nouvelle, de plénitude et d'harmonie - que je vous dois en partie, mon très cher et fidèle ami. Et déjà je bouillonne à l'idée de notre prochaine rencontre, de votre prochain présent, mais : carpe diem !
Bien à vous.
Angèle Thanatos.
(1) la mort (2) des calmants
A quand de nouvelles nouvelles Nadia ?