Je venais de prendre la plus grande claque de ma vie. Et sûrement la dernière. Cette méchante tarte, c'était un médecin qui me l'avait infligée. Je n'avais rien à lui reprocher. Il avait pris ... [+]
Une femme guettait l'arrivée de son mari par la fenêtre de la cuisine. On apercevait son visage courroucé par une ouverture qu'elle avait faite entre les rideaux.
Pour ça, elle était en colère. Son homme allait passer un sale moment. Elle avait plusieurs comptes à régler avec lui. Vraiment, il exagérait avec ses négligences et ses étourderies répétées. C'était à en devenir folle !
Dès le matin, il l'avait mise en colère, cet idiot. La veille, elle lui avait pourtant dit une bonne dizaine de fois de sortir la poubelle avant de partir au travail. Il s'était même énervé au prétexte qu'elle lui répétait toujours les mêmes choses. Tout de même, il n'était pas un enfant ! Elle lui avait répondu qu'il était bien un gosse, qu'il n'avait pas de tête et qu'il oubliait toujours les choses importantes. Après quelques escarmouches, à l'issue desquelles il s'était retrouvé, comme à son habitude, perdant, il avait fini par bouder toute la soirée, selon un scénario tout aussi connu.
Il avait beau s'insurger, elle savait bien qu'elle avait raison. Ses reproches n'avaient rien d'exagéré. La preuve, il avait encore oublié la poubelle.
Il ne s'agissait bien d'un oubli. Il ne l'avait pas fait exprès. Elle connaissait son époux. Il n'avait pas un sou de méchanceté. Cela ne l'empêchait d'être parfois exaspérant.
Elle n'allait tout de même pas se lever aux horaires pour sortir elle-même cette fichue poubelle. Ce serait un comble. Si elle venait de partir à la retraite, c'était justement pour se permettre des grasses matinées. La sonnerie du réveil, elle ne voulait plus l'entendre. Ce n'était pas pour rien qu'elle dormait avec des boules de cire dans les oreilles.
Son mari, lui, devait continuer une année ou deux. Il était debout avant l'arrivée des éboueurs, c'était donc à lui d'effectuer la corvée. Le problème, c'était qu'il oubliait tout le temps.
Et lorsque son mari se montrait défaillant, la pauvre femme devait porter ses sacs-poubelles jusqu'au conteneur de l'immeuble le plus proche, situé tout de même à plusieurs centaines de mètres. C'était loin d'être une promenade d'agrément, surtout qu'elle risquait de se faire enguirlander par le concierge. Plusieurs fois, il l'avait renvoyé avec des paroles peu amènes. Il est vrai qu'elle ne faisait pas partie de la copropriété, mais cet idiot pouvait-il s'imaginer ce que c'était de vivre avec un conjoint distrait ?
Mais ce n'était pas tout, les torts de son mari ne se limitait pas à la poubelle non sortie. Ce jour-là, il s'étaitsurpassé dans l'inconséquence. bien !
Cette nuit, lors d'une de ses coutumières fringales nocturnes, il avait mangé deux tranches de jambon. Elle le lui avait pourtant défendu. Mais il n'avait pas obéi. Esclave de sa faim nerveuse, il avait tout oublié de l'interdiction qu'elle lui avait pourtant fermement et très clairement opposée.
Quand elle s'était aperçue du forfait de son mari, la colère avait empourpré le visage de l'épouse outragée. Elle aurait volontiers affublé son époux des pires adjectifs, mais il n'était malheureusement pas présent, et cela eût été de la rage gâchée. Mieux valait se réserver pour le soir. Car il fallait le dissuader de commette à nouveau un acte aussi insensé. Comment allait-elle faire à présent pour confectionner les croque qu'elle avait prévus pour ce Il lui faudrait trouver une autre idée ou cavaler jusqu'au centre-ville. Dans les deux cas, cela représenterait un contre-temps et une fatigue d'envergure. Tout cela à cause des lamentables fantaisies de son conjoint
Ce n'était pas tout, cet olibrius avait aussi oublié son repas de midi, qu'elle lui avait pourtant préparé avec soin, comme chaque jour. C'était à chaque fois pareil après une dispute, il ne savait plus ce qu'il faisait et se montrait encore plus distrait qu'à l'ordinaire. D'ailleurs, il avait laissé ses lunettes sur la table du salon. Pour ça, il allait être bien embêté.
Allez savoir comment il allait faire pour se restaurer. Il ne lui était pas possible de quitter son lieu de travail. Ah pour ça, il était bien puni. Le pauvre, n'avait-elle pu s'empêcher de se dire mentalement, malgré son immense colère.
Elle avait cherché plusieurs à lui téléphoner pour lui rappeler qu'il devait avoir, dans le placard de son bureau, une réserve de plats cuisinés, qui ne se conservaient pas au frigo, mais il n'avait pas répondu, ni rappelé d'ailleurs. Peut-être faisait-il encore la tête ? Ce n'était pourtant pas son genre. Sa rancune ne durait guère. Il était bien trop tendre pour cela.
Tant pis pour lui, si elle avait pu au moins l'enguirlander au téléphone, elle se serait un peu défoulée, alors que là, son énervement restait entier. Elle était une c-minute prête à exploser.
D'ailleurs, de sa vraie cocotte-minute, qui était sur le feu, s'échappait une bonne odeur de potée. Le plat préféré de son homme. Mais cela, c'était pour après, quand elle l'aurait bien disputée.
Ah le voilà. Pourquoi sonnait-il à la porte ce forban ? Ah oui, bien sûr, il avait oublié de prendre ses clés. C'était à prévoir. Ce matin, il devait être dans tous ses états. Ah, ce n'était pas possible un bonhomme pareil !
Bonsoir ma chérie !
Bonsoir. Mais qu'est-ce que c'est que ce bouquet ?
Eh bien, c'est pour ton anniversaire.
N'importe quoi, c'est le 26 mon anniversaire, pas le 16. Ce n'est pas possible que tu ne t'en souviennes encore pas !
Mince. Pour une fois que je ne laisse pas passer la date.
Tu es incorrigible. En plus, ça tombe mal aujourd'hui, vu comme je suis énervée contre toi.
Ouh là, qu'est-ce que j'ai encore fait ?
Après des années de mariage, il suffisait au mari distrait de voir la figure de sa femme pour tout connaitre de ses sentiments. Et là, vue la grimace qu'elle faisait, il pouvait s'attendre au pire.
Ce que tu as fait et ce que tu n'as pas fait. La poubelle d'abord.
Mince, c'est vrai, je suis désolé.
Tu peux. Le concierge m'en a mis une pleine tête (ce n'était pas vrai, car elle savait désormais déjouer la vigilance du gardien, mais le mensonge servait à mieux mortifier le coupable).
Et le jambon, je ne t'avais pas dit de ne pas y toucher ?
Ah oui, c'est vrai.
Tu te rends compte, il a fallu que je marche jusqu'au centre commercial. Sinon, tu n'aurais pas mangé ce soir.
Je suis vraiment confus. Je n'ai plus pensé à ce que tu m'avais dit.
C'est malin. Et pourquoi tu ne me réponds plus au téléphone maintenant ?
Tu as cherché à me joindre Je ne pouvais pas te répondre, j'ai laissé mon portable dans la table de nuit.
Je voulais savoir comment t'aller faire pour midi, vu que tu n'as pas pris ce que je t'avais préparé.
J'ai oublié. Je suis parti à l'arrache ce matin. J'avais mal réglé mon réveil.
Alors comment t'as fait ?
J'ai pris un des plats à longue conservation que tu m'as donnés.
Ah, tout de même, tu y as pensé.
Oui. Ça va, je n'ai pas la tête complètement vide non plus.
Un peu quand même. Tu as aussi oublié tes lunettes.
C'est vrai. Je n'étais pas dans mon assiette. Je n'aime pas que l'on se dispute.
La femme baissa imperceptiblement les yeux. Sa colère s'était tout d'un coup dissipée, mais elle ne voulait pas le montrer. Son mari lisait en elle comme dans un livre. Elle se rendait compte qu'elle s'était montrée un peu dure la veille. Il en fallait certes peu pour perturber son mari.
Je suis désolé. Je sais que j'oublie tout. Sans toi, je ne sais pas ce que je ferais.
A ces mots, la femme ne put s'empêcher de sourire. Elle releva la tête, fixa son vieil amoureux avec son magnifique bouquet entre les mains. Son sourire s'élargit tout à fait.
Pour ne pas montrer les larmes de joie qui allaient s'écouler de ses yeux, elle s'empara des fleurs, vint se lover dans ses bras et lui dit à l'oreille d'une voix plus tout à fait assurée.
Bah, ce n'est pas grave. Ce qui est bien, c'est que tu n'oublies jamais de m'aimer.
Soudainement oublieuse de sa rancœur, elle pleurait comme une madeleine et serrait son impossible mari comme une folle, jusqu'à l'étouffer. L'amour, en aimable farceur, la rendait à son tour étourdie.
Pour ça, elle était en colère. Son homme allait passer un sale moment. Elle avait plusieurs comptes à régler avec lui. Vraiment, il exagérait avec ses négligences et ses étourderies répétées. C'était à en devenir folle !
Dès le matin, il l'avait mise en colère, cet idiot. La veille, elle lui avait pourtant dit une bonne dizaine de fois de sortir la poubelle avant de partir au travail. Il s'était même énervé au prétexte qu'elle lui répétait toujours les mêmes choses. Tout de même, il n'était pas un enfant ! Elle lui avait répondu qu'il était bien un gosse, qu'il n'avait pas de tête et qu'il oubliait toujours les choses importantes. Après quelques escarmouches, à l'issue desquelles il s'était retrouvé, comme à son habitude, perdant, il avait fini par bouder toute la soirée, selon un scénario tout aussi connu.
Il avait beau s'insurger, elle savait bien qu'elle avait raison. Ses reproches n'avaient rien d'exagéré. La preuve, il avait encore oublié la poubelle.
Il ne s'agissait bien d'un oubli. Il ne l'avait pas fait exprès. Elle connaissait son époux. Il n'avait pas un sou de méchanceté. Cela ne l'empêchait d'être parfois exaspérant.
Elle n'allait tout de même pas se lever aux horaires pour sortir elle-même cette fichue poubelle. Ce serait un comble. Si elle venait de partir à la retraite, c'était justement pour se permettre des grasses matinées. La sonnerie du réveil, elle ne voulait plus l'entendre. Ce n'était pas pour rien qu'elle dormait avec des boules de cire dans les oreilles.
Son mari, lui, devait continuer une année ou deux. Il était debout avant l'arrivée des éboueurs, c'était donc à lui d'effectuer la corvée. Le problème, c'était qu'il oubliait tout le temps.
Et lorsque son mari se montrait défaillant, la pauvre femme devait porter ses sacs-poubelles jusqu'au conteneur de l'immeuble le plus proche, situé tout de même à plusieurs centaines de mètres. C'était loin d'être une promenade d'agrément, surtout qu'elle risquait de se faire enguirlander par le concierge. Plusieurs fois, il l'avait renvoyé avec des paroles peu amènes. Il est vrai qu'elle ne faisait pas partie de la copropriété, mais cet idiot pouvait-il s'imaginer ce que c'était de vivre avec un conjoint distrait ?
Mais ce n'était pas tout, les torts de son mari ne se limitait pas à la poubelle non sortie. Ce jour-là, il s'étaitsurpassé dans l'inconséquence. bien !
Cette nuit, lors d'une de ses coutumières fringales nocturnes, il avait mangé deux tranches de jambon. Elle le lui avait pourtant défendu. Mais il n'avait pas obéi. Esclave de sa faim nerveuse, il avait tout oublié de l'interdiction qu'elle lui avait pourtant fermement et très clairement opposée.
Quand elle s'était aperçue du forfait de son mari, la colère avait empourpré le visage de l'épouse outragée. Elle aurait volontiers affublé son époux des pires adjectifs, mais il n'était malheureusement pas présent, et cela eût été de la rage gâchée. Mieux valait se réserver pour le soir. Car il fallait le dissuader de commette à nouveau un acte aussi insensé. Comment allait-elle faire à présent pour confectionner les croque qu'elle avait prévus pour ce Il lui faudrait trouver une autre idée ou cavaler jusqu'au centre-ville. Dans les deux cas, cela représenterait un contre-temps et une fatigue d'envergure. Tout cela à cause des lamentables fantaisies de son conjoint
Ce n'était pas tout, cet olibrius avait aussi oublié son repas de midi, qu'elle lui avait pourtant préparé avec soin, comme chaque jour. C'était à chaque fois pareil après une dispute, il ne savait plus ce qu'il faisait et se montrait encore plus distrait qu'à l'ordinaire. D'ailleurs, il avait laissé ses lunettes sur la table du salon. Pour ça, il allait être bien embêté.
Allez savoir comment il allait faire pour se restaurer. Il ne lui était pas possible de quitter son lieu de travail. Ah pour ça, il était bien puni. Le pauvre, n'avait-elle pu s'empêcher de se dire mentalement, malgré son immense colère.
Elle avait cherché plusieurs à lui téléphoner pour lui rappeler qu'il devait avoir, dans le placard de son bureau, une réserve de plats cuisinés, qui ne se conservaient pas au frigo, mais il n'avait pas répondu, ni rappelé d'ailleurs. Peut-être faisait-il encore la tête ? Ce n'était pourtant pas son genre. Sa rancune ne durait guère. Il était bien trop tendre pour cela.
Tant pis pour lui, si elle avait pu au moins l'enguirlander au téléphone, elle se serait un peu défoulée, alors que là, son énervement restait entier. Elle était une c-minute prête à exploser.
D'ailleurs, de sa vraie cocotte-minute, qui était sur le feu, s'échappait une bonne odeur de potée. Le plat préféré de son homme. Mais cela, c'était pour après, quand elle l'aurait bien disputée.
Ah le voilà. Pourquoi sonnait-il à la porte ce forban ? Ah oui, bien sûr, il avait oublié de prendre ses clés. C'était à prévoir. Ce matin, il devait être dans tous ses états. Ah, ce n'était pas possible un bonhomme pareil !
Bonsoir ma chérie !
Bonsoir. Mais qu'est-ce que c'est que ce bouquet ?
Eh bien, c'est pour ton anniversaire.
N'importe quoi, c'est le 26 mon anniversaire, pas le 16. Ce n'est pas possible que tu ne t'en souviennes encore pas !
Mince. Pour une fois que je ne laisse pas passer la date.
Tu es incorrigible. En plus, ça tombe mal aujourd'hui, vu comme je suis énervée contre toi.
Ouh là, qu'est-ce que j'ai encore fait ?
Après des années de mariage, il suffisait au mari distrait de voir la figure de sa femme pour tout connaitre de ses sentiments. Et là, vue la grimace qu'elle faisait, il pouvait s'attendre au pire.
Ce que tu as fait et ce que tu n'as pas fait. La poubelle d'abord.
Mince, c'est vrai, je suis désolé.
Tu peux. Le concierge m'en a mis une pleine tête (ce n'était pas vrai, car elle savait désormais déjouer la vigilance du gardien, mais le mensonge servait à mieux mortifier le coupable).
Et le jambon, je ne t'avais pas dit de ne pas y toucher ?
Ah oui, c'est vrai.
Tu te rends compte, il a fallu que je marche jusqu'au centre commercial. Sinon, tu n'aurais pas mangé ce soir.
Je suis vraiment confus. Je n'ai plus pensé à ce que tu m'avais dit.
C'est malin. Et pourquoi tu ne me réponds plus au téléphone maintenant ?
Tu as cherché à me joindre Je ne pouvais pas te répondre, j'ai laissé mon portable dans la table de nuit.
Je voulais savoir comment t'aller faire pour midi, vu que tu n'as pas pris ce que je t'avais préparé.
J'ai oublié. Je suis parti à l'arrache ce matin. J'avais mal réglé mon réveil.
Alors comment t'as fait ?
J'ai pris un des plats à longue conservation que tu m'as donnés.
Ah, tout de même, tu y as pensé.
Oui. Ça va, je n'ai pas la tête complètement vide non plus.
Un peu quand même. Tu as aussi oublié tes lunettes.
C'est vrai. Je n'étais pas dans mon assiette. Je n'aime pas que l'on se dispute.
La femme baissa imperceptiblement les yeux. Sa colère s'était tout d'un coup dissipée, mais elle ne voulait pas le montrer. Son mari lisait en elle comme dans un livre. Elle se rendait compte qu'elle s'était montrée un peu dure la veille. Il en fallait certes peu pour perturber son mari.
Je suis désolé. Je sais que j'oublie tout. Sans toi, je ne sais pas ce que je ferais.
A ces mots, la femme ne put s'empêcher de sourire. Elle releva la tête, fixa son vieil amoureux avec son magnifique bouquet entre les mains. Son sourire s'élargit tout à fait.
Pour ne pas montrer les larmes de joie qui allaient s'écouler de ses yeux, elle s'empara des fleurs, vint se lover dans ses bras et lui dit à l'oreille d'une voix plus tout à fait assurée.
Bah, ce n'est pas grave. Ce qui est bien, c'est que tu n'oublies jamais de m'aimer.
Soudainement oublieuse de sa rancœur, elle pleurait comme une madeleine et serrait son impossible mari comme une folle, jusqu'à l'étouffer. L'amour, en aimable farceur, la rendait à son tour étourdie.